Tintin : le sceptre à 1 million d’euros

Printemps sonnant et trébuchant pour Renaud. Une planche originale de sa collection de BD (les deux dernières pages du Sceptre d’Ottokar) s’est vendue à plus d’un million d’euros !

Retour gagnant ! Renaud (63 printemps) a pris un sacré coup de mistral. Et vient de toucher le jackpot ! Vente record de son nouvel album (287.000 exemplaires en une semaine) et enchères records de « sa » vente de BD (qui va lui rapporter plus de 3 millions d’euros !). On savait depuis six mois que la maison Artcurial se préparait à un gros coup avec cette session consacrée aux 200 pièces mises sur le marché par le chanteur-fan du neuvième art.

Une bibliothèque somptueuse

Renaud en avait assez de trésors qui dormaient dans sa bibliothèque (il affiche officiellement près de 4.000 albums collectés depuis des années et qui sont pour la plupart des valeurs rares) sur lesquels « la poussière se déposait ».

Renaud, tintinophile passionné

Mais le gars « toujours debout » est d’abord un super tintinophile. Sur les 110 pièces principales  cinquante-deux composait un « Univers d’Hergé ». Et au centre de cet univers, l’objet de tous les regards à la vente du 30 avril était sans aucun doute une double planche du  Sceptre d’Ottokar, planche gag où les Dupont/d tombent à l’eau en sortant d’un hydravion après  un clin d’oeil très appuyé de Tintin (proximité très inhabituelle chez Hergé) en direction des lecteurs. Mais aussi dernière planche de l’album portant par conséquent le mot « Fin », elle que Renaud avait acquise (pour 100.000 francs à la fin des années 1980)  auprès de la veuve du dessinateur Le Rallic (qui avait travaillé avec Hergé).

Hergé continue de battre des records aux enchères

Les spécialistes de chez Artcurial avaient chiffré entre 600.000 et 800.000 euros le montant possible des enchères. Sachant qu’au mois de mars dernier, une autre double planche du même album (celle où l’avion de Tintin est abattu par la DCA bordure), mise aux enchères, elle, chez Tajan, n’était partie QUE pour 809.600 euros, c’est-à-dire au-dessous de sa valeur estimée (entre 900.000 et 1,2 million d’euros).

Eh bien, le léger rafraichissement de mars ne s’est pas vérifié. Au contraire : Hergé continue à battre des records absolus de vente, à des prix faramineux. Le résultat est largement au-dessus de la cote : 1,046 million d’euros (pour un collectionneur européen précise la grande salle parisienne) soit le meilleur résultat pour l’année. Reste que le nom de Renaud associé à ceux de Hergé et Artcurial a boosté les autres titres mis en vente.

La bande dessinée, valeur désormais reconnue

La bande dessinée demeure une valeur désormais reconnue des grands collectionneurs ou, mais c’est la loi du marché, des grands spéculateurs. Tant mieux pour Giraud et Blueberry (67.600 euros) ; pour Bilal (51.000 euros) ; et pour ce super hommage à Reiser (24 lots de la collection du chanteur lui étaient consacrés) avec des chiffres étonnants comme la couverture de Vive les femmes adjugée à 12.800 euros. Manifestement, il y a un album du dessinateur des éditions du Square qui ne devait pas  être d’actualité en ce 30 avril : Vive la crise !

Article posté le dimanche 01 mai 2016 par Erwann Tancé

Des ventes records

Puisqu’on parle gros sous, il n’est pas inutile que rappeler les quelques chiffres des records  du couple Hergé-Tintin : 2,6 millions d’euros (par un Américain en mai 2015) pour le dessin des doubles pages de garde des albums (publiés entre 1937 et 1958) ; 1,563 million d’euros (octobre 2015) pour une double page du Sceptre d’Ottokar de 1939 (décidément, c’est le sceptre en or massif) ; 1,3 million d’euros (en juin 2012) pour la couverture à la gouache de Tintin en Amérique de 1932 ; 1,1 million d’euros (en octobre 2015 à Shanghaï ) pour une planche ultra-célèbre du Lotus Bleu (Tintin en pousse-pousse). Au dessous du million, de toute façon, ça n’intéresse plus les statisticiens…

À propos de l'auteur de cet article

Erwann Tancé

C’est à Angoulême qu’Erwann Tancé a bu un peu trop de potion magique. Co-créateur de l’Association des critiques de Bandes dessinées (ACBD), il a écrit notamment Le Grand Vingtième (avec Gilles Ratier et Christian Tua, édité par la Charente Libre) et Toonder, l’enchanteur au quotidien (avec Alain Beyrand, éditions La Nouvelle République – épuisé). Il raconte sur Case Départ l'histoire de la bande dessinée dans les pages du quotidien régional La Nouvelle République du Centre-Ouest: http://www.nrblog.fr/casedepart/category/les-belles-histoires-donc-erwann/

En savoir