Adabana

Adabana est un thriller psychologique glaçant. NON nous plonge dans les recoins les plus sombre de l’âme humaine. Qu’est-ce qui pourrait vous pousser à tuer quelqu’un ? Telle est sa question de départ. Telle est la question qui nous horrifie de page en page. 

Ma meilleure amie

La main coupée de Mako Igarashi est retrouvée un matin séparée du reste de son corps. La lycéenne a disparu. Le même jour, Mizuki Aikawa se rend à la police.

« C’est moi. C’est moi, la coupable. »

Mizuki déclare l’avoir tué.  Elle leur donne la position du reste du corps. Mako était sa meilleure amie. La police a du mal à y croire. Mizuki est placée en détention provisoire. Un avocat lui est assigné d’office. Mais pour lui, quelque chose ne va pas.

Mizuki ment. Il en est certain. Alors que s’est-il vraiment passé ?

Adabana Allégorique

Adabana fait froid dans le dos. Jouant entre passé et présent, les événements se dessinent tel un puzzle incomplet. Un puzzle dont les pièces changent de forme et de couleur selon les personnages. Et la narration, figure neutre par les images, ne laisse aucune place à la vérité. Que s’est-il passé ?

L’enquête de l’avocat se cogne à des personnalités tordues. Mizuki ment-elle ? Mizuki est-elle folle ? Quel rôle a joué Yûki Akatsuki ? Et lui, à quel point ment-il ?

Et vous ? A quel point pouvez-vous croire les images que NON, l’autrice, vous destine ?

On ne sait pas où sont les limites entre la folie et le jeu d’acteur. On ne peut croire personne. Surtout pas les protagonistes. Et encore moins la narratrice. NON nous livre une histoire avec un sourire narquois. « Adabana » est une fleur qui ne donne pas de fruit. Et par extension, c’est une réalité qui n’a pas de fondement. Mizuki dessine sa vérité. Yûki martèle sa vérité. Mako raconte sa vérité. Que s’est-il vraiment passé ?

NON nous balade de sa narration captivante. Toutes les facettes du récit se confondent, se confrontent. Et nous suivons le rythme, les yeux dévorant les pages.

Les coins crasseux du cerveau humain

Attention, manga pour Public averti.

Adabana dévoile l’humain dans toute sa crasse. Scène de meurtre, scène de viol, violence morale et sexisme. NON ne prend pas de gants. Elle dépeint une société nauséabonde qui produit le pire. Les pires situations et les pires êtres humains.

Mais Adabana dévoile aussi les points de bascule entre un esprit sain et un esprit qui déraille. Les pièges que l’ont entend se refermer sur soi. NON construit des personnages étonnamment humains. Dans leur simplicité et leurs imperfections. Et elle le fait avec finesse.

Douceur amer, cadavre exquis

NON dessine tout cela d’un trait doux et assez froid. Très contrasté, elle joue légèrement sur les ombres pour marquer la folie de ces personnages. Sa mise en scène est carrée. Elle cloisonne le récit, déjà anxiogène, et fait ainsi monter la pression. Sans que ça devienne étouffant pour autant.

Ce manga en trois tomes chez Kana, raconte beaucoup de chose à bien des niveaux de lecture. Le secret de l’héroïne, des contextes sociaux écœurants, des rapports familiaux complexes. Adabana susurre un petit bonheur – l’amitié – encastré dans une boîte de violence quelque soit la face que l’on regarde.

Et c’est addictif.

Article posté le samedi 28 mai 2022 par Marie Lonni

Adabana - NON - Kana
  • Adabana, volume 1/3
  • Autrice : NON
  • Idée originale de : Dai Tezuka
  • Traductrice : Sophie Lucas
  • Éditeur : Kana, collection Big Kana
  • Prix : 12,70 €
  • Parution :  1 avril 2022
  • ISBN : 9782505113805

Résumé de l’éditeur : La tranquillité d’une petite ville japonaise, recouverte de neige, est brutalement perturbée par un meurtre odieux. Le corps démembré d’une lycéenne du nom de Mako Igarashi, est retrouvé près d’un lac. Bientôt, Mizuki Aikawa, élève au même lycée que la victime, revendique les faits auprès des forces de police locales. Cependant, alors qu’elle relate les événements, le doute s’invite progressivement dans la tête de ses avocats. Quels lourds secrets Mako et Mizuki partageaient-elle ?

À propos de l'auteur de cet article

Marie Lonni

"C'est fou ce qu'on peut raconter avec un dessin". Voilà comment les arts graphiques ont englouti Marie. Depuis, elle revient de temps en temps nous parler de ses lectures, surtout quand ils viennent du pays du soleil levant. En espérant vous faire découvrir des petites pépites à savourer ou à dévorer tout cru !

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