Akira

C’est un monstre sacré de la bande dessinée mondiale. Un classique universellement encensé. Son auteur, Katsuhiro Ōtomo, a été le premier Grand Prix de la ville d’Angoulême japonais en 2015, et sera l’invité d’honneur d’Angoulême 2016. Retour sur Akira.

Lire pour la première fois Akira, pour tout amateur de bande dessinée qui se respecte, est une gigantesque claque. C’est bien simple: chaque planche est un bijou. Très rare sont les bandes dessinées approchant cette perfection, en terme de narration. Akira est d’une lisibilité et d’une fluidité à toute épreuve. Planches superbement découpées, cadrages efficacement pensés, cases génialement composées, dessin somptueusement fouillé. Tout, sous le crayon d’Otomo, est mûrement réfléchi pour être au service de l’œil du lecteur. Le résultat: une bande dessinée qui s’avale à une vitesse folle, tellement pages et cases s’enchainent logiquement.

Un rythme de malade

L’autre caractéristique d’Akira qui saute aux yeux, c’est son rythme trépidant. Les personnages n’y ont que très peu de moments de repos. L’action ne s’arrête que très rapidement, et toujours mieux recommencer une ou deux pages plus loin. Akira, en BD, c’est comme Mad Max: Fury Road au cinéma: une superbe fresque épique où l’on en prend plein les yeux et où l’on reste scotché à son siège, sans pouvoir décrocher.

Un univers joliment fouillé

Mais Akira, c’est aussi une ambiance, un univers. Le Japon (alternatif) qui s’est reconstruit après l’explosion d’une étrange bombe géante, des bandes de motards dangereux et hauts en couleurs, de la drogue, des projets gouvernementaux secrets, d’étranges pouvoirs parapsy… Le monde inventé par Otomo est crédible et captivant, et on s’y noie avec bonheur pendant 2200 planches.

Un pur bonheur à lire

Akira, la perfection en manga, alors? Presque. Certains pourront lui reprocher un scénario manquant parfois d’explication, une fin confuse nécessitant une relecture, un manque de réponses, des personnages agissant sans qu’on comprenne vraiment leurs motivations… Tout cela est vrai. Tout cela est mineur, face au pur bonheur que constitue la lecture d’Akira. Il suffit de prendre une page de n’importe quel album pour s’en convaincre: en terme de narration, Otomo était loin devant tout le monde entre 1982 et 1990, quand il dessinait ces planches.

Tellement loin que depuis, personne ne l’a encore rattrapé.

Article posté le lundi 12 octobre 2015 par Thierry Soulard

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À propos de l'auteur de cet article

Thierry Soulard

Thierry Soulard est journaliste indépendant, et passionné par les relations entre l'art et les nouvelles technologies. Il a travaillé notamment pour Ouest-France et pour La Nouvelle République du Centre-Ouest, et à vécu en Chine et en Malaisie. De temps en temps il écrit aussi des fictions (et il arrive même qu'elles soient publiés dans Lanfeust Mag, ou dans des anthologies comme "Tombé les voiles", éditions Le Grimoire).

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