Beta Ray Bill

Pour briser la malédiction qui fait de lui un monstre et enfin écrire son destin, Beta Ray Bill doit trouver une arme dont il sera digne. Dans Étoile d’argent, le génial Daniel Warren Johnson raconte l’épopée de Beta Ray Bill, le héros à tête de cheval.

BETA RAY BILL : LE HÉROS À FACE DE CHEVAL.

Avant de devenir l’allier et l’ami fidèle du dieu du tonnerre, Beta Ray Bill fut jadis son adversaire. Et c’est lors d’un de leurs affrontements légendaires que Thor détruisit Stormbreaker. Cette hache offerte par Odin en personne était la seule à avoir le pouvoir de redonner au Korbinite son apparence humanoïde. Sans elle, Beta Ray Bill, est voué à n’être qu’un monstre à tête de cheval écorché.

Le temps qui passe ne guérit pas toutes les blessures. Et alors qu’il est toujours le premier à affronter le danger, Beta Ray Bill semble ne pouvoir occuper que la place de l’éternel second, derrière le divin Thor.

« Chaque fois que je savoure une victoire, il faut que tu viennes me voler la vedette. J’ai toujours vécu dans l’ombre du puissant Thor ! »

BETA RAY BILL : À LA RECHERCHE DE SOI-MÊME.

Privé de sa hache magique, Bill se considère comme indigne des louanges, du respect et de l’amour. Ainsi, rongé par la mélancolie et le désarroi, celui qui a pourtant tout pour être un héros, est incapable de cueillir le fruit de ses exploits…

« Depuis que je suis arrivé sur Asgard, on me rappelle constamment mes échecs. Je dois apprendre à me connaître moi-même. »

Alors, Bill décide de partir à la recherche d’une arme qui lui redonnera son apparence. C’est ainsi, pense-t-il, qu’il arrivera à enfin exister.

LA RÉVOLTE DU SECOND.

Bien entendu, tous ces éléments sont liés à l’univers Marvel et aux aventures de Thor. Et ils trouvent d’ailleurs leur origine dans les épisodes que Donny Cates (Buzzkill, Redneck) scénarise. Pourtant, bien vite, on comprend que Daniel Warren Johnson (Murder Falcon) souhaite se défaire de cette pesante proximité. Ainsi, par le recours à de brèves allusions, le scénariste éloigne très rapidement Beta Ray Bill du super-héros asgardien pour lui faire vivre ses propres aventures. Le fait est que Daniel Warren Johnson a un véritable don pour percevoir le potentiel insoupçonné d’un personnage. Il en avait d’ailleurs fait la preuve en faisant de Wonder Woman une héroïne désabusée ayant perdu foi en elle-même et en l’humanité dans l’excellent Wonder Woman Dead Earth.

L’AVÈNEMENT DU HÉROS.

Sous une apparence monstrueuse, Beta Ray Bill a toutes les caractéristiques des plus grands héros de tragédie.

En effet, celui qui a été damné à cause des responsabilités qui lui ont été imposées refuse de voir ses propres qualités. Aveuglé par les apparences, il fait reposer tous ses espoirs dans un objet, symbole de pouvoir et de puissance. Mais pour mener à bien sa quête, il devra faire confiance, secondé par des amis dévoués. Et finalement, il sera amené à évoluer et à comprendre que les véritables démons sont souvent intérieurs.

L’ambiance est envoûtante et les scènes touchantes alternent parfaitement avec des combats titanesques.

Et de ce point de vue, Daniel Warren Johnson, qui se charge aussi des dessins, réalise une prestation de très haut vol.

DES DESSINS DANTESQUES.

Le trait vif et souvent torturés permet de transmettre une émotion palpable, à la hauteur de l’émoi du personnage principal. On est littéralement frappé par l’application portée à la partie graphique. Ainsi, le choix de la palette de couleurs est minutieux et en adéquation parfaite avec le ton que l’auteur souhaite donner à son œuvre.

Le dessinateur soigne le moindre détail. Et la multiplication des doubles pages vertigineuses coupe le souffle. À ce titre, il convient de saluer le choix éditorial de Panini Comics. En effet, l’œuvre est publiée dans un grand format qui fait réellement honneur au travail d’un artiste d’exception. Le nom donné à ce format : « Artist Edition » correspond à la perfection.

Dans ces conditions, le style inimitable de Darren Warren Johnson touche une fois de plus au but.

Et en faisant planer un souffle épique particulièrement perceptible, il développe des thèmes qui lui sont chers.

DANIEL WARREN JOHNSON PRÉSENTE.

Bien entendu, lorsqu’on referme Beta Ray Bill, le formidable combat qui a opposé le Korbinite au démon du feu Surtur nous reste en tête. Mais comme disait le poète : « qui veut faire de grandes choses doit penser profondément aux détails ». Et le fait est qu’on repense aussi à certains détails. Comme cette case où le héros était immobile, avec en fond une télévision allumée dont s’échappait les simples mots « Rufio ! Rufio ! Rufio ! ». De la même manière, on se souvient qu’on a repéré, sur une double page admirable, un minuscule personnage jouant de la guitare et à ses côtés, un faucon humanoïde portant un bandeau rouge sur le front.

 

Par un savant mélange d’action et d’émotion Daniel Warren Johnson subjugue son lecteur et le touche en plein cœur. Il l’avait démontré avec Murder Falcon et Wonder Woman Dead Earth : il recueille tous les suffrages lorsqu’il mêle force et émotion. Avec Beta Ray Bill, il le confirme de manière grandiose et parvient à porter sa marque en réalisant une œuvre sensible et puissante.

Article posté le dimanche 14 novembre 2021 par Victor Benelbaz

Beta Ray Bill de Daniel Warren Johnson (Panini comics)
  • Beta Ray Bill – L’Étoile d’argent
  • Auteur : Daniel Warren Johnson
  • Éditeur : Panini comics
  • Prix : 22 €
  • Parution : 13 octobre 2021
  • ISBN : 9791039101981

Résumé de l’éditeur : Il est le meilleur ami du Dieu du Tonnerre et le plus célèbre détenteur de Mjolnir à ne pas porter le nom de Thor. Beta Ray Bill s’élance dans ses propres aventures, mais Thor a détruit son marteau Stormbreaker et l’extraterrestre doit se mettre en quête d’une nouvelle arme et d’un nouveau destin. La tâche n’est pas aisée tandis qu’il est attaqué par un Fin Fang Foom converti par Knull… Le scénariste et dessinateur Daniel Warren Johnson fait partie des artistes comics les plus en vue du moment. Pour sa première visite chez Marvel, il s’attelle à un personnage très apprécié des fans et récemment apparu dans la série Thor de Donny Cates et Nic Klein. L’histoire découle également des événements survenus dans le crossover King in Black.

À propos de l'auteur de cet article

Victor Benelbaz

Tombé dans la marmite de la bande dessinée depuis tout petit, Victor est un vrai amateur éclairé. Comics ou récits jeunesse sont les deux genres préférés de ce professeur de français.

En savoir