De case en case, portraits de 15 bédéistes sud-coréens

Spécialisé dans la bande dessinée asiatique, L’atelier des cahiers propose avec cet essai une belle anthologie de la création sud-coréenne contemporaine à travers les portraits de 15 dessinateurs.

BIENVENUE AU PAYS DU MANHWA

Lui est enseignant de français en Corée et traducteur de bande dessinée coréenne. Elle est aussi traductrice de BD et mangaka. Loïc Gendry  et Keum Suk Gendry-kim ont publié en janvier 2015  » De case en case « , un beau livre présentant quinze des principaux acteurs de la bande dessinée coréenne d’aujourd’hui agrémenté de planches, de dessins, de photos, de bibliographies et questionnaires de Proust… Si l’on commence à bien connaître le manga japonais en France et en Europe, nous en sommes paraît-il les deuxièmes plus grands consommateurs, on connaît moins bien cette autre BD, le manhwa.

UN MOYEN D’EXPRESSION TRÈS UTILISÉ

Utilisant les codes occidentaux par l’utilisation des cases et des bulles contenant les dialogues, les premiers manhwa seraient apparus fin dix-neuvième, début vingtième siècle dans certains journaux et magazines. Aujourd’hui, ce moyen d’expression est un médium clé, aux côtés de la littérature et du cinéma. Il permet, affirment les auteurs de cet ouvrage très documenté, à ses dessinateurs d’exprimer leur mécontentement sur la société coréenne et de traiter sans tabous le passé parfois douloureux de leur pays, aussi bien les thèmes de la guerre que le « miracle économique » ou les années de dictature…

AUTOBIOGRAPHIES ET WEBTOONS

En France toutefois, le manwha n’est pas un inconnu. Beaucoup d’éditeurs ( citons par exemple les Poitevins de FLBLB ) ont mis à leur catalogue de jeunes bédéistes coréens de talent. Depuis quelques années, c’est semble-t-il le genre de l’autobiographie-fiction qui occupe la jeune génération. Des auteurs comme Ancco (Aujourd’hui n’existe pas)  Kim-Su-Bak (Quitter la ville) ou Kim Hanjo (La Mémoire du corps)  utilisent leur propre vie pour construire leur oeuvre.

On lira aussi avec intérêt la postface du journaliste Frédéric Ojardias qui replace la bande dessinée coréenne dans son environnement d’aujourd’hui. Si les librairies ne sont plus les lieux de prédilection des amateurs de manhwa, c’est sur leurs smartphones et autres supports numériques qu’ils dévorent les « webtoons », désormais « le principal format de bande dessinée en Corée du Sud «  . Ils seraient ainsi, dans le pays le plus connecté du monde, quelques 17 millions à lire chaque mois sur leurs tablettes des séries à succès déclinant des histoires de vampires, des romans à l’eau de rose ou des épopées historiques…Le phénomène webtoons, véritable modèle économique là-bas, n’est pas encore, notent les auteurs de cet essai, à l’ordre du jour en France, encore attaché au papier….

Article posté le mercredi 11 mars 2015 par Jean-Michel Gouin

  • De Case en Case, Portraits de 15 bédéistes sud-coréens
  • Auteurs: Keum Suk-Gendry-Kim et Loïc Gendry
  • Editeur: Atelier des cahiers
  • Sortie: Janvier 2015
  • Prix: 22 euros.

Présentation de l’éditeur: « Ce livre présente ainsi les acteurs essentiels de la BD coréenne à travers 15 portraits accompagnés de planches, dessins, photos, bibliographies et d’une introduction les replaçant dans le contexte de la BD en Corée et en Asie. Un texte de Frédéric Ojardias, journaliste spécialiste de la Corée, présente en postface le webtoon coréen.Désormais, le roman graphique est devenu en Corée du Sud, aux côtés de la littérature et du cinéma, un médium clef où s’expriment les critiques les plus directes et acerbes de la société coréenne et de son « miracle » économique. Le passé douloureux, celui des femmes de réconfort sous l’occupation japonaise, de la guerre, des années de dictature, tout un passé longtemps refoulé parvient à s’exprimer plus librement dans le manhwa. Au-delà des paillettes de la Vague coréenne, cet essai est donc aussi une introduction en images à la complexité de la culture coréenne. »

À propos de l'auteur de cet article

Jean-Michel Gouin

Passionné par l'écrit, notamment l'histoire, la littérature policière et la bande dessinée, Jean-Michel Gouin est journaliste à Poitiers.

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