Des milliards de miroirs

Robin Cousin et les sciences, c’est une  histoire d’amour ! Que ce soit avec le Chercheur fantôme, véritable hommage aux chercheurs scientifiques, tout comme Le Profil de Jean Melville, où est pointé du doigt l’envahissement des nouvelles technologies. Avec ce nouveau roman graphique d’anticipation qu’est Des milliards de miroirs, l’auteur met en lumière l’astrophysique. Dans un monde au bord de la dystopie, un espoir subsiste lorsque est révélée l’existence d’une planète probablement fréquentée par une espèce vivante. Bien qu’inaccessible, Gamma Cephei Bb sera au centre de toutes les attentions. Qu’elles soient suspicieuses ou optimistes, les analyses des différentes têtes pensantes aboutissent à cette conclusion : celle d’établir un contact avec cette forme d’intelligence.

MILLIARDS DE MIROIRS…

Antoine Labeyrie est l’inventeur d’un hypertélescope révolutionnaire. Envoyé par l’Agence Spatiale Européenne (ESA), l’appareil va permettre le déploiement d’un nombre conséquent de petits miroirs. Positionnés de tel façon qu’ils formeront une sphère de 100 000 km de diamètre. L’intérêt de cette conception innovante étant de photographier des planètes lointaines grâce à des caméras mobiles. Lesquelles pourraient alors démontrer que certaines exoplanètes seraient potentiellement habitées.

Cinq ans plus tard. le télescope dernier cri a déjà détecté sa troisième planète extrasolaire décelant des signatures biologiques. Une nouvelle qui n’ébranle pas particulièrement le monde tant il est au bord d’une catastrophe écologique et climatique. À l’image de Simon qui limite l’utilisation de l’eau potable et à son journal qui informe l’élimination du dernier couple de girafes en liberté, la fatalité d’un avenir pessimiste semble de mise.

Simon est sensible à l’espèce animalière puisqu’il travaille dans le conservatoire zoologique abritant les derniers mammifères vivants. Il essaye tant bien que mal de reproduire leur milieu naturel. Alors qu’il manque de moyens pour s’en occuper il doit faire face à l’arrivée d’oiseaux menacés d’extinction s’il ne les intègre pas dans son parc rapidement.

… DITES NOUS SI NOUS SOMMES SEULS

Cécilia Bressler, sa compagne, travaille à l’ESA. La chercheuse va profiter d’une conférence de presse pour annoncer sa propre découverte à l’insu de son directeur. Photos à l’appui, elle affirme avoir trouvé sur Gamma Cephei Bb des taches lumineuses semblables à celles visibles depuis l’espace de notre propre planète. Cécilia l’annonce : à une distance de 45 années lumières réside une civilisation extraterrestre !

ÊTRE CONFIANT MAIS PRUDENT

S’ensuit un bouleversement planétaire. Chacun y va de sa propre réflexion. Il y a ceux qui y voient une formidable opportunité d’entrer en contact avec elle. D’autres, plus méfiants, rappellent ce que disait le célèbre cosmologiste Stephen Hawking et considèrent ces extraterrestres comme de probables colonisateurs. Et puis il y a cette communauté singulière qui existe depuis bien longtemps et dont le guide spirituel, Antimaadmi, répète inlassablement qu’il peut déjà communiquer avec ceux qu’il appelle les Céphéens. Comme un porte-parole, il invite les humains à ne plus dépenser d’énergie et à le rejoindre pour lui transmettre leurs prières qu’il fera suivre…

Autour de ces protagonistes se démarquent d’autres intervenants tels Benjamin Eberhardt, qui prédit une fin du monde dans moins de sept ans, ou Elaine Leong, pressentie malgré elle comme l’ambassadrice des être humains. Face à la complexité de la situation, chacun d’entre eux appuiera ses propres convictions. Même si près d’un siècle serait nécessaire pour envoyer un message sur Gamma Cephei et y lire une éventuelle réponse, l’intérêt résiderait à offrir un espoir au futur d’une humanité si mal en point aujourd’hui.

UN RÉCIT QUI ÉVEILLE NOTRE CURIOSITÉ

Dans Des milliards de miroirsRobin Cousin offre une nouvelle fois une trame scientifique passionnante. En mettant en scène plusieurs personnages qui vont s’interroger sur les décisions à prendre devant une découverte aussi intrigante que complexe, il s’amuse à les opposer ou les rassembler. Leurs interactions permettent ainsi une lecture fluide et dynamique du récit. On s’identifie naturellement à eux et on se surprend à vouloir nous aussi trouver une solution. Le domaine de l’astrophysique n’est pas  forcément le plus accessible tant le sujet est vaste et regroupe des disciplines pointilleuses. Mais l’auteur vulgarise si bien cette histoire qu’elle en devient abordable et haletante.

Comme pour ses précédentes œuvres, le dessinateur apporte une particularité à son trait identifiable. Après des formes géométriques (Le Chercheur fantôme) ou ses codes couleurs permettant de constater la place qu’occupe le virtuel dans le réel (Le Profil de Jean Melville), c’est le lavis qui permet d’offrir des rendus de l’espace presque flouté. Que ce soit sur des cases ou en pleine page, la technique se démarque et donne un très bel effet visuel.

Avec Des milliards de miroirs, Robin Cousin continue de nous étonner par cette faculté à rendre simple des thématiques spécifiques ne semblant pas à portée de main. On n’a qu’une envie, qu’il continue de nous enthousiasmer avec ses sujets atypiques qu’il rend si captivants et qui induisent à une réflexion post-lecture.

 

Article posté le dimanche 03 mars 2019 par Mikey Martin

Des milliards de miroirs de Robin Cousin (FLBLB) roman graphique d'anticipation décrypté par Comixtrip, le site BD de référence
  • Des milliards de miroirs
  • Scénariste : Robin Cousin
  • Dessinateur : Robin Cousin
  • Coloristes : Robin Cousin & Lucie Castel
  • Éditeur : Flblb
  • Prix : 23,00 €
  • Parution : 07 mars 2019
  • ISBN : 978-2-35761-169-6

Résumé de l’éditeur : Le monde est au bord de l’ef­fon­dre­ment, les derniers mammi­fères s’éteignent peu à peu et l’hu­ma­nité elle-même se résigne à sa propre dispa­ri­tion, quand une décou­verte inat­ten­due provoque un sursaut mondial.

– Ils les ont trou­vés ! Ils ont trouvé les Céphéens !
– Ce n’est pas possible !
– Tout le monde en parle, à la télé, dans les jour­naux ! Ça veut dire qu’ils vous ont entendu. Ils veulent que vous arrê­tiez de douter !
– Voyons, Marie-Pierre, c’est sûre­ment un canu­lar…
– Ça vient de l’Agence spatiale euro­péenne ! Depuis le temps qu’ils scrutent l’es­pace, ils auraient pu nous deman­der, on leur aurait dit où cher­cher…

À propos de l'auteur de cet article

Mikey Martin

Mikey, dont les géniteurs ont tout de suite compris qu'il était sensé (!) a toujours été bercé par la bande dessinée. Passionné par le talent de ces scénaristes, dessinateur.ice.s ou coloristes, il n'a qu'une envie, vous parler de leurs créations. Et quand il a la chance de les rencontrer, il vous dit tout !

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