Dope Rider

Issu de l’esprit de Paul Kirchner, un cavalier squelette parcourt les plaines du Far West. On l’appelle Dope Rider. Dans Pour une poignée de Délires, les éditions Tanibis nous dévoilent ses aventures psychédéliques.

ONCE UPON A TIME IN THE DOPE WEST.

Comment s’étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde. Comment s’appelaient-ils ? Tatty le Tatou et Dope Rider.  D’où venaient-ils ? Du lieu le plus prochain. Où allaient-ils ? Est-ce que l’on sait où l’on va ? Que faisaient-ils ? Le tatou ne faisait rien ; et le Dope Rider fumait un joint…

DOPE RIDER, BONE RIDER.

Dope Rider et un héros iconoclaste : coiffé d’un Stetson et accompagné d’un tatou mystérieux, ce cavalier squelettique parcourt les hautes plaines sur un destrier, squelettique lui aussi.

Son but est simple et peut se résumer en quatre mots : fumer de l’herbe.

Cette quête minimaliste va le mener de planche en planche dans des situations aussi inattendues que psychédéliques.

Le concept est simple. Il n’en est pas moins original et regorge de surprises.

PAUL KIRCHNER : L’ART DU STRIP.

Dope Rider est né en 1975 dans les colonnes du magazine High Times. Il y a sévi pendant une dizaine d’année, puis a disparu 30 ans pour réapparaître en 2012.

L’album Pour une poignée de délires rassemble les pages parues entre 2015 et 2020.

Toutes ces années, fidèle à la ligne éditoriale du mensuel, l’anti-héros est resté obnubilé par une chose : le cannabis.

Le cowboy va marquer les esprits au moyen de strips en une planche.

Ainsi, derrière un personnage faussement caricatural et une thématique simpliste, le talentueux auteur montre sa virtuosité.

Le format impose en effet un rythme et une précision que Kirchner maîtrise merveilleusement.

En une page, toujours celle de droite (exceptées les dernières du volume), le dessinateur jongle avec les gags, les calembours et les références.

UNE RICHESSE INSOUPÇONNÉE.

Le fait est que derrière ce qui s’apparente à une forme d’apologie de l’usage du cannabis, Paul Kirchner développe une œuvre réellement artistique.

Et pour ce faire, il va puiser dans de nombreuses références, de la plus évidente à la plus subtile.

UNE ODE À LA POP CULTURE.

La Bible et Georges Méliès, Dali et Alien, M. C. Escher et Batman, Les Beatles et le Muppet Show, Star Wars et John Wayne, les Looney Tunes et Che Guevara, el dia de los muertos et Alice au pays des Merveilles, Hokusai et Apollo 11, Tim Burton et Bob l’éponge, le surréalisme et les élections américaines...

La liste est longue et est loin d’être exhaustive.

Mais si on se demande ce qui unit ces éléments, c’est qu’on n’a pas encore lu Dope Rider.

Pourtant, qu’on ne s’y trompe pas, l’œuvre de Paul Kirchner (Le bus, En attendant l’apocalypse, Jheronimus & Bosch) ne consiste pas en un simple assemblage hétéroclite, loin de là.

LE DIABLE EST DANS LES DÉTAILS.

Bien entendu, on peut lire Dope Rider comme le fruit d’un simple délire sous l’emprise de psychotropes. Pourtant, Paul Kirchner s’en défend : il n’a jamais usé de drogues.

Et il est vrai que Dope Rider mérite qu’on s’y attarde et qu’on se soucie des détails qu’il renferme.

Le personnage du Tatou en est un excellent exemple ; il joue un rôle de faire-valoir, de contre-poids aussi muet que décalé. Exactement comme la coccinelle du regretté Gotlib. On ne le repère presque pas, mais il est indispensable dans la page.

Un autre exemple se trouve dans l’architecture même du volume. Nous l’avons dit, chaque comic strip trouve sa place sur les pages de droite. Et en regard, se trouve une simple illustration de 10×10 centimètres. Toujours placée au même endroit sur les pages de gauche, ces dessins racontent une histoire dynamique qu’on peut découvrir comme on lirait un folioscope (aussi appelé flipbook), en feuilletant rapidement le volume du coin du pouce.

Lire Dope Rider, c’est plonger dans une étrange aventure. Derrière le nuage de cannabis, se cache une œuvre subtile. Bien vite, on se prend au jeu, à rechercher les références, les gags et les détails qui regorgent de cette œuvre unique.

Bien loin du bad trip, Dope Rider est un vrai good strip !

Article posté le dimanche 25 avril 2021 par Victor Benelbaz

Dope Rider de Paul Kirchner (Tanabis)
  • Dope Rider – Pour une poignée de délires.
  • Auteur : Paul Kirchner
  • Traducteur : Patrick Marcel
  • Editeur : Tanabis
  • Prix : 21 €
  • Parution : 19 mars 2021
  • ISBN : 9782848410593

Résumé de l’éditeur : Dope Rider remonte en selle ! Plus de trente ans après une première salve de récits parus entre 1975 et le milieu des années 1980 (voir l’anthologie En attendant l’Apocalypse), Paul Kirchner retrouve son cow-boy fétiche pour une série de récits en une planche. Tout comme les précédentes, ces nouvelles aventures sont prépubliées dans la revue de contre-culture psychédélique High Times et pour l’essentiel, Dope Rider est resté le même, passant ses journées à rouler des joints, fumer des bangs, et courir après ses hallucinations dans des rêveries métaphysiques…

À propos de l'auteur de cet article

Victor Benelbaz

Tombé dans la marmite de la bande dessinée depuis tout petit, Victor est un vrai amateur éclairé. Comics ou récits jeunesse sont les deux genres préférés de ce professeur de français.

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