Dracula

Le grand dessinateur Georges Bess propose une version graphique gothique à souhait du mythe de Dracula. Deux cents pages en noir et blanc maîtrisées de bout en bout pour revisiter la figure du plus célèbre vampire de la littérature.

Un vieux cimetière en Angleterre

Tout part de la terre pour y revenir, dit-on… Dans un vieux cimetière accroché à une falaise surplombant la mer, quelque part en Angleterre, une jeune femme se promène. Non loin, les murs lépreux d’une abbaye en ruine ajoutent à la tristesse des lieux.

La jeune fille rencontre un vieillard qui lui parle des occupants des sépultures – sans doute pas ceux dont les noms sont gravés sur les pierres tombales – tandis qu’elle lui confie être sans nouvelles de son tendre ami, Jonathan Harker, parti pour la Transylvanie où un certain comte Dracula, étrange et inquiétant à souhait l’a fait mander…

Ainsi débute l’adaptation du Dracula de Bram Stoker, par Georges Bess, connu notamment pour son Phantom, Le vampire de Bénarès ou encore La légende du Lama Blanc

Une très ancienne lignée

Tout le monde connaît l’histoire des vampires, ces créatures assoiffées qui sucent le sang des vivants pour les transformer à leur tour en créatures maléfiques. Elles vivent la nuit, craignent la lumière du jour et dorment le plus souvent sous terre.

Le jeune héros Jonathan Harker va vite découvrir à ses dépens qu’il est prisonnier du château du mystérieux comte, de ses concubines et de son bon vouloir. Il semble condamné à évoluer dans un décor peuplé de visages effrayants, dévoués au prince des ténèbres. Ce dernier se présente ainsi au jeune homme dont il a fait son seul « invité » : « Je descends d’un très ancienne lignée de maîtres sicules, de Transylvanie, dont je suis, hélas, l’ultime descendant…Je suis aussi le dernier membre de l’ordre du dragon, « Dracul » dans ma langue. Mon patronyme complet est VLAD III, Tépes, comte Orlok, Nosferatu, comte Dracula, prince de Valachie « .

Le souffle et la noirceur

ll faudra bien du courage et surtout l’intervention des amis de Jonathan pour venir à bout de ce mort-vivant depuis plus de quatre siècles. Car le comte Dracula, démon des Carpates, puissant parmi les puissances des ténèbres, peut à son gré changer de visage, se transformer en chauve-souris et déjouer ainsi à plusieurs reprises les plans de ses poursuivants. Seuls les colliers d’ail, les crucifix et les pieux peuvent venir à bout de ces démons.

Depuis 1897, date de sa naissance officielle sous la plume de l’Irlandais Bram Stoker, Dracula n’a cessé d’inspirer les écrivains, les cinéastes. Chacun reprenant à son compte le mythe du vampire assoiffé de sang, ou même romantique, amoureux parfois… Ici, les noirs profonds que Bess maîtrise à merveille font ressortir un Dracula plus prédateur que romantique, prêt à tout pour continuer à épouvanter les humains.

Deux ans de travail

Le dessinateur a travaillé deux ans sur cet album de 200 pages au découpage parfaitement cohérent avec le roman. Parfois c’est un seul dessin sur deux pages qui ouvre les horizons glacés des paysages enneigés de la Transylvanie, parfois ce sont des multitudes de vignettes et de petits portraits, de gros plans qui s’entrecroisent au fil des planches. Un brio graphique qui séduira ceux qui n’ont pas lu ce roman fondateur de la littérature gothique (avec le Frankenstein de Mary Shelley) et qui donnera très certainement aux autres l’envie de s’y replonger avec frissons…

Article posté le jeudi 31 octobre 2019 par Jean-Michel Gouin

  •  Dracula
  • Auteur : Georges Bess
  • Editeur : Glénat
  • Prix : 25, 50 €
  • Parution : 16 octobre 2019
  • IBAN : 9782344038604

Résumé de l’éditeur. En 1897, le public découvre dans les pages d’un roman épistolaire écrit par Bram Stoker l’extraordinaire personnage de Dracula, être immortel qui se repaît du sang des vivants pour les transformer à leur tour en créatures maléfiques. Si Stoker n’a pas inventé la figure du vampire, il lui a malgré tout conféré sa forme moderne en faisant du comte Dracula une figure iconique et emblématique inspirant des générations d’auteurs. Et bien que le roman ne fût pas un best-seller immédiat, il connut un écho mondial à travers des adaptations cinématographiques devenues au moins aussi cultes que l’œuvre d’origine.
Pour la bande dessinée, l’immense Georges Bess s’attaque aujourd’hui à nous donner sa version du mythe tout en s’attachant à retranscrire au plus près l’âme du roman. Armé du brio graphique qu’on lui connaît, il fait le choix du noir et blanc, dans des planches à la beauté ténébreuse, pour mettre en valeur la puissance de son trait et lui conférer un souffle gothique assez inédit chez lui. Son Bram Stoker Dracula est une œuvre de virtuose qui démontre, une fois de plus, que Bess est sans conteste l’un des grands dessinateurs de la bande dessinée contemporaine.

À propos de l'auteur de cet article

Jean-Michel Gouin

Passionné par l'écrit, notamment l'histoire, la littérature policière et la bande dessinée, Jean-Michel Gouin est journaliste à Poitiers.

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