Far Sector

Parmi les 7 200 membres des Green Lantern, il y a Hal Jordan, Alan Scott ou Jessica Cruz mais il y a également SoJourner Mullein. Qui est-elle ? Nora K. Jemisin et Jamal Campbell nous dévoilent son identité et ses activités dans Far Sector, un excellent comics édité par Urban Comics.

SoJourner Mullein : dernière humaine des Green Lantern

SoJourner Mullein, Jo pour les intimes, fait partie du corps des Green Lantern, sorte de police interstellaire en charge de maintenir l’ordre et de régler les conflits au quatre coins du cosmos, et ce grâce au pouvoir incommensurable que leur confère leurs anneaux magiques.

Jo est la dernière humaine à compter dans les rangs de ces justiciers intergalactiques, et à l’ouverture de ce récit, elle arrive tout juste à la Cité Éternelle, un endroit très reculé de l’univers connu – un Far Sector –  où elle vient d’être envoyée en mission, répondant à l’appel des dirigeants même de la Cité, pour élucider un crime, qui menace l’équilibre et la paix des 20 milliards d’habitants qui peuplent cette ville-monde.

La cité éternelle : un lieu très sûr

L’affaire aurait pu être résolue en moins de deux, car le meurtrier présumé – et les preuves sont solides – est déjà sous les verrous. Seulement, alors que Jo s’apprêtait à mener un premier interrogatoire pour comprendre les motifs d’un tel acte, une brèche dans le système de sécurité permet à un second assassin de venir faire taire à jamais le premier. Soudain, ça se corse sérieusement !

L’affaire est loin d’être anodine, puisque cela fait presque cinq siècles maintenant qu’aucun crime n’avait plus été commis dans cette ville high-tech.

La cité éternelle : Un monde où cohabitent trois espèces

La Cité Éternelle, une ville où cohabitent pacifiquement trois espèces extra-terrestres intelligentes et totalement différentes. Deux sont d’origine biologique, la troisième est artificielle. Les Nah, sorte de créatures ailées, des prédateurs aériens endogames, les Keh-Topli, des plantes sociales carnivores et mobiles, et les @At, des symbiotes cybernétiques capables de se matérialiser. En somme, des I.A.

Ces trois espèces cohabitent depuis que leurs mondes d’origine respectif, géographiquement très proches il y a quelques siècles de cela, se firent attaquer par un Empire belliqueux en quête d’expansion. Une guerre sans merci éclata, réduisant drastiquement le nombre d’individus de chacune de ces espèces, mais qui finirent par faire alliance, sous la dénomination de Trilogie, pour reconstruire un monde, la Cité Éternelle. Et même si des rivalités subsistent encore, globalement, ensemble, tous parviennent à faire société.

Des espèces sans émotion

Seulement la Trilogie n’existe qu’à la faveur du protocole émotionnel qui consiste à bidouiller génétiquement l’ADN de chaque individu à la naissance, afin d’annihiler toute émotion chez cet individu. Pas de colère, par de désir, pas de joie, ni de peine . Exit les sentiments de jalousie, de rancœur, d’ennui. Rien, nib, nada.

Toute décision, toute action n’est guidée que par un choix rationnel, pragmatique, et c’est très certainement la raison qui justifie jusqu’alors les excellentes statistiques en matière de criminalité de la Cité Éternelle.

La proxy, une drogue pour contrer le protocole

Seulement voilà, et c’est ce que va très vite apprendre notre héroïne Lantern Mullien, depuis peu existe et circule dans la Cité Éternelle, le Proxy, une drogue dont les effets recherchés sont de rendre inopérant le protocole émotionnel.

Elle permet aux individus de la Trilogie d’enfin découvrir, le temps que le proxy fasse effet en tout cas, la puissance des émotions quelque soient leur nature. Voilà une piste intéressante pour Jo, l’enquêtrice interstellaire, pour peut-être comprendre les raisons de ce double meurtre et élucider le mystère qui l’enrobe.

Une mission complexe pour Jo

Seulement dans ce monde à la richesse, l’épaisseur et la complexité que vous êtes loin d’imaginer, les enjeux politiques, les manipulations en tout genre, les jeux de séductions, les faux semblants s’enchevêtrent si adroitement, qu’il faudra à Jo bien plus que la puissance de son anneau magique pour sauver ce monde aux portes du chaos.

Jo est la seule personne sur 20 milliards à ne pas s’être pliée au protocole émotionnel, peut-être qu’une petite dose d’intuition guidée par ses émotions lui sera d’une grande utilité dans l’accomplissement de sa mission…

Far Sector : un première pour Nora K. Jemisin

Far Sector est la première incursion en bande dessinée de la romancière de science-fiction Nora K. Jemisin. Cette autrice fut déjà récompensée en littérature par les prix Hugo et Locus pour la trilogie de La Terre Fracturée, et les Cent Mille Royaumes.

Graphiquement le travail à l’emprunte très numérique de Jamal Campbell colle parfaitement à l’univers artificielle de la Cité Éternelle et à la virtualité supposée de nombreux ingrédients qui composent ce récit.

Et vu que la narration nous immerge totalement et délicieusement dans un space-opera où les effets spéciaux n’ont rien de superfétatoires, les jeux de lumières, de transparence, et les textures synthétiques que Jamal Campbell maitrise parfaitement, ainsi que l’inventivité qu’il développe à chaque page, tout ce savoir-faire apporte une réelle plus-value à une intrigue déjà hautement perchée et captivante… Et je ne vous parle pas des cadrages dynamiques et de la mise en page explosive de Far Sector qui finissent de propulser ce récit dans une dimension époustouflante.

Article posté le lundi 06 juin 2022 par David Lemoine

Far Sector de Nora K. Jemisin et Jamal Campbell (Urban Comics / DC)
  • Far Sector
  • Scénariste : Nora K. Jemisin
  • Dessinateur : Jamal Campbell
  • Éditeur : Urban Comics, DC Black Label
  • Prix : 29 €
  • Parution : 03 juin 2022
  • ISBN : 9791026828501

Résumé de l’éditeur : La Green Lantern Jo Mullein vient d’être affectée à l’un des secteurs les plus reculés de la galaxie. En charge d’élucider un meurtre au sein de cette société qui n’a plus connu de crime depuis plusieurs siècles, elle devra non seulement affronter l’animosité ambiante mais également faire la lumière sur un second assassinat : celui du principal suspect.

À propos de l'auteur de cet article

David Lemoine

Lecteur de BD depuis sa plus tendre enfance, David a fini par délaisser assez vite les classiques franco-belges, pour doucement voir ses affinités se tourner vers des genres plus noirs, plus grinçants, sarcastiques, trashs, violents, absurdes et parfois même décadents. Il grandissait en somme…. Fan de la première heure de Ranxerox et Squeeze the Mouse, il vénère aujourd’hui l’oeuvre d’auteurs Anglo-Saxon tel que Bendis, Brubaker/Phillips, Ben Templesmith, Terry Moore, Jonathan Hisckman, Ellis/Robertson, sans bouder son plaisir à la lecture des européens talentueux, francophone ou non, que sont Tardi, Ralf Konîg, Michel Pirus, Gess, les frères Hernandez, ou même Fred Bernard. La liste de ses amours dans le 9e art est loin d’être exhaustive, vous vous en doutez, et cela fait plus de 20 ans maintenant qu’il s’efforce de vous convaincre de les embrasser à travers ses chroniques radio qu’il vous livre chaque semaine dans l’émission XBulles sur les ondes de Radio Pulsar (http://www.radio-pulsar.org/emissions/thema/x-bulles/ / https://www.facebook.com/xbulles)”

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