Harry Mickson and Co

Nommé dans la Sélection Patrimoine du Festival BD d’Angoulême 2017, Harry Mickson and Co revient sur l’histoire du premier personnage de Florence Cestac. Cet album Dargaud permet aussi de mettre en lumière la librairie Futuropolis qui deviendra une maison d’édition.

L’AVENTURE FUTUROPOLIS

130 rue du Théâtre, Paris 15e. C’est ici dans la librairie Futuropolis qu’est né Harry Mickson sous la plume de Florence Cestac, dans les années 70. Ce lieu unique est tenu par la future Grand Prix d’Angoulême 2000 et son compagnon de l’époque Etienne Robial.

C’est pendant ses études aux Beaux-arts de Rouen en 1965 que Cestac rencontre Robial. Ensemble, ils travaillent pour le magazine Lui (éditions Filipacchi) puis achètent la fameuse librairie. Ils vendent et éditent des bandes dessinées. Florence, quant à elle, s’occupe de tout : attachée de presse, manutentionnaire, maquettiste, associée et on en passe.

Mais faire elle même de la bande dessinée, cette idée était à des années lumière d’elle. Sur son éphéméride posé sur un bureau de la librairie, tous les jours, elle griffonne quelques personnages, ce qui lui permet d’égayer ces pages blanches et ainsi donner ses impressions du jour.

HARRY MICKSON : FILS DE HARRY DICKSON ET MICKEY MOUSE

Ce drôle de personnage serait alors né là, sur ce éphéméride en bois. « Il y eut donc Walt Disney et sa souris et Harry et Dickson et Harry Mickson… » phrase qui deviendra célèbre.

Le premier petit album de Harry Mickson est édité sous le format 12*16 et couverture souple. Daté du quatrième trimestre 1980, il comporte 68 pages. D’autres avanceront qu’un an auparavant, il fut publié le Mickson Alphabet (dos piqué, de format 7*10).

Cinq albums suivront édités par Futuropolis : Harry Mickson nettoie ses pinceaux (1982), Mickson et les Gaspards (1985), Ma vie est un roman policier (1986), Le chien coiffé (1986), Les vieux copains pleins de pépins (1988, lauréat de l’Alph’Art humour à Angoulême en 1989).

Mélange étonnant de Harry Dickson – personnage de roman policier fantastique créé par Jean Ray à partir de 1929 – et Mickey Mouse de Walt Disney (voir notre chronique de Mickey Mouse, icône du rêve américain, Glénat). Ce détective débonnaire et foireux résout plus ou moins avec de la facilité de drôles d’enquêtes. Béret visé sur le crâne, il est tout en rondeur avec un gros nez proéminent (marque de fabrique de Cestac, dans la veine de Albert Uderzo). Il s’est entiché de Ratier, un chien noir et blanc plutôt intelligent (le modèle de Ratier est la vraie chienne de Florence Cestac prénommée Mademoiselle Ratier).

HARRY MICKSON : PREMIER SUCCÈS DE FLORENCE CESTAC

A travers les 216 pages de Harry Mickson and Co, le lecteur peut ainsi suivre l’ascension de Florence Cestac, l’une des auteures majeures de la Bande dessinée. Ce héros sert en fait de fil conducteur pour découvrir son parcours, mais aussi celui de Futuropolis (rien à voir avec les éditions Futuropolis actuelles, faisant parties du Groupe Madrigall – Flammarion, Gallimard, Casterman).

Les illustrations sont nombreuses, parfois pas bien datées ni expliquées, parce que l’auteure elle-même ne sait plus. Qu’importe, on est emporté par les histoires drôles, parfois cyniques, un rien désabusées de Harry Mickson. On s’attache à cet étonnant personnage  qui servira aussi de mascotte au Mickson BD football club (avec Margerin, Cabannes, Mézières, Bilal, Juillard ou Vuillemin, entre autres).

Harry Mickson and Co : une belle façon de découvrir Florence Cestac, auteure par la suite du Démon de midi, des Débloks, Super Catho, Un amour exemplaire, Je voudrais me suicider mais j’ai pas le temps ou plus récemment Filles des oiseaux.

Article posté le vendredi 30 décembre 2016 par Damien Canteau

Harry Mickson and Co de Florence Cestac (Dargaud) décrypté par Comixtrip le site BD de référence
  • Harry Mickson & Co
  • Auteure : Florence Cestac
  • Éditeur : Dargaud
  • Prix : 24.95€
  • Parution : 07 octobre 2016

Résumé de l’éditeur : Nous sommes dans les années 1970. Étienne Robial et Florence Cestac ont ouvert la librairie Futuropolis et créé les éditions du même nom. À ses (rares) heures perdues, Cestac griffonne, sur son éphéméride, un personnage transgenre, moitié animal (Mickey Mouse) moitié homme (le détective Harry Dickson). Un peu plus tard, un premier album éponyme paraît ; il est daté du quatrième trimestre 1980. S’ensuivent cinq autres albums, tous rangés sous la glorieuse bannière de Futuropolis : Harry Mickson nettoie ses pinceaux (1982), Mickson et les Gaspards (1985), Ma vie est un roman policier (1986), Le Chien coiffé (1986) et enfin – premier chef-d’oeuvre qui lui vaudra un Alph’art de l’humour à Angoulême -, Les Vieux Copains pleins de pépins (1988).

À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau

Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.

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