La fête des ombres

Au Japon, tous les ans, des vivants accueillent chez eux des âmes errantes, des morts qui n’ont plus aucun souvenir. Naoko offre son hospitalité à l’un d’entre eux et tente alors de connaître son passé. L’Atelier Sento met en image cette rencontre dans La fête des ombres, un superbe album fantastique. Délicat, tendre et émouvant.

Naoko et la fête des ombres

Jeune femme discrète, Naoko habite dans un tout petit village campagnard au Japon. Comme tous les ans en été, les vivants accueillent des morts chez eux. Ces âmes errantes n’ont plus aucun souvenir, ni de leur nom, ni de leur passé, ni de la façon dont ils sont décédés.

Pour la première fois, Naoko reçoit alors la visite d’un jeune homme pour l’instant sous forme évanescente.

Un club pour retrouver les souvenirs des âmes errantes

Tous les mois, les hôtes de ces esprits se réunissent. Ce club a pour but de chercher l’identité de ces morts afin qu’ils puissent enfin reposer en paix. Chacun vient avec des indices pour que Katsu puisse trouver le début d’une piste sur internet.

Ce jeu d’enquête ennuie profondément Naoko. Il faut dire que son défunt n’est pas très bavard. Il est beaucoup trop ordinaire.

Après la réunion, Katsu raccompagne son amie chez elle. Le lendemain, elle décide de relooker son esprit errant et tente de percer le secret de sa mort…

La fête des ombres : un premier volume lumineux

La fête des ombres est une très jolie fable moderne autour de la vie, de la mort, de la transmission et des traditions. Si elle aborde le deuil, l’oubli et les souvenirs, elle est d’une grande luminosité et d’un bel optimisme.

Après Onibi, leur premier bande dessinée, L’Atelier Sento poursuit leur incursion dans le monde du 9e art avec La fête des ombres, de nouveau édité par Issekinicho, une structure basée à Schiltigheim dans le Bas-Rhin.

Leur précédente publication – Onibi – fut récompensée par le trophée d’argent du Japon International Manga Award. L’Atelier Sento, c’est l’association de deux auteurs : Cécile Brun et Olivier Pichard.

De la douceur et de la bienveillance

La fête des ombres, c’est aussi de la douceur et de la bienveillance incarnée par Naoko. Si parfois elle pourrait paraître blasée et se lasser de cette nouvelle aventure avec un mort et son amnésie, elle dégage de la sympathie. L’album est également le portrait d’une femme qui, par cette lourde responsabilité, aimerait vraiment trouver sa place dans son village, donc dans la société.

Katsu est un ami sur lequel elle peut compter. Les personnages secondaires apportent aussi de la chaleur à ce premier tome. Et enfin, il y a ce défunt mystérieux, cet être évanescent sur lequel les regards se tournent. Qui est-il ? Comment est-il décédé ? Toutes ces questions et bien plus seront levées dans le second tome de ce beau diptyque.

Un superbe dessin

Naoko a donc un an, jusqu’au prochain matsuri (fête populaire traditionnelle), l’année suivante, pour trouver l’identité du défunt et ainsi découvrir ses dernières volontés.

Cette belle enquête bénéfice d’un dessin moderne assez rond. Le trait semi-réaliste de L’Atelier Sento marche dans les pas des mangas. Contrairement à ses derniers, la série est colorisée, ce qui apporte aussi énormément de luminosité et du positif au récit.

La fête des ombres : un magnifique album sur la mort, les âmes errantes, la place de chacun dans la société, la modernité et les traditions. Après un étonnant cliffhanger dans la dernière planche, cela nous laisse dans une interrogation quant à la suite de cette jolie série.

Article posté le samedi 27 mars 2021 par Damien Canteau

La fête des ombres de L'Atelier Sento (Issekinicho)
  • La fête des ombres, tome 1/2
  • Auteurs : Atelier Sento
  • Editeur : Issekinicho
  • Prix : 16,90 €
  • Parution : 23 février 2021
  • ISBN : 9791095397120

Résumé de l’éditeur : Chaque été, dans un village isolé du Japon, on célèbre la Fête des ombres, un étrange festival pendant lequel les habitants accueillent les âmes errantes des morts qui ont tout perdu, jusqu’au souvenir de leurs vies passées.
Naoko, une jeune femme un peu rêveuse, a pour mission de guider l’une de ces ombres, un homme mystérieux hanté par un terrible secret. Si elle ne parvient pas à l’aider avant l’été suivant, l’ombre sera perdue à jamais.
Au fil des saisons naissent des sentiments qui les rapprochent et brouillent la frontière entre le monde des vivants et des morts. Mais à force de côtoyer un fantôme, Naoko ne risque-t-elle pas de passer à côté de sa propre vie ?

À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau

Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.

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