La pension Moreau, tome 2

Emile est maintenant élève à la Pension Moreau, un endroit mystérieux et dur où les professeurs et surveillants sévissent. Heureusement qu’il y a Paul, Jeanne et Victor pour se serrer les coudes. La révolte gronde dans ce deuxième volume de La pension Moreau, une formidable série de Benoît Broyart et Marc Lizano.

LA PENSION MOREAU : LIEU DE TOUS LES DANGERS

Dans le tome 1, le lecteur faisait la connaissance de Emile, jeune garçon timide, quasi mutique et qui communique beaucoup en dessin. Ses parents le laissèrent à la Pension Moreau pour qu’il soit plus cadré et qu’il travaille mieux.

Rapidement il découvre que les surveillants, les professeurs et le directeur sont durs, violents verbalement et physiquement. Ce lieu mystérieux est le véritablement l’enfer sur Terre. Il trouve néanmoins la force de leur tenir tête grâce à d’autres pensionnaires : Paul, Jeanne et Victor qui deviennent ses amis, voire sa nouvelle famille.

LA Révolte GRONDE

De plus en plus maltraités par ces adultes si violents – qui devraient plutôt être un modèle et une protection – le petit groupe de 4 fait face et la révolte gronde.

Après un étrange événement dans la forêt – Emile s’y réfugie souvent – le jeune garçon revient affolé vers ses camarades. Après de longues discussions, c’est décidé : ils vont fuir ce lieu maudit…

LA PENSION MOREAU : SUPERBE SÉRIE âpre ET EMPLIE D’ESPOIR

Reconnu dans le monde de la littérature jeunesse (plus d’une quarantaine de livres dont notamment Les carottes sont cuites avec Laurent Richard, Un éléphant à New-York avec Delphine Jacquot, La bouche de l’ogre avec Donatien Mary…), Benoît Broyart livre un récit âpre, dérangeant mais ô combien intelligent avec La pension Moreau.

Prévue en trois volumes, cette série emprunte les codes du polar, du suspense et du thriller; étonnant et rare dans le monde de la bande dessinée jeunesse. Ce mélange n’est pas fréquemment proposé aux plus jeunes. L’intrigue est la grand force de La pension Moreau, convenant aussi aux parents.

Si dans le premier volume, le lecteur n’avait que peu d’éléments pour comprendre ce lieu sinistre, endroit de tous les sévices, ce tome 2 l’emmène au-delà de l’imaginable. Sans en dévoiler les rebondissements, l’on peut dire que le scénariste de Les enfants de Midvalley (avec Romuald Reutimann) maîtrise à la perfection l’art de la surprise et du suspense.

UNE SÉRIE FONDÉE SUR UN FAIT DIVERS

Comme nous l’indiquait Marc Lizano lors de notre entretien du 26 janvier 2017 pour le lancement du premier volume, La pension Moreau repose sur un fait divers assez ancien : la mutinerie d’enfants placés dans un pensionnat de Belle-Ile-en-Mer en 1934.

Dans ces pensionnats proches de ceux en Irlande (comme dans le film Magdalene Sisters de Peter Mullan), y régnait la terreur. Pour dénoncer tout cela, Jacques Prévert écrivit La chasse à l’enfant, un poème datant de 1946, repris plus tard en chanson par Marianne Oswald.

Lorsque que Benoit Broyart a proposé à Marc Lizano d’illustrer son texte, il fut tout de suite séduit, comme il nous le confia : « Lorsqu’il m’en a parlé, j’ai tout de suite accroché. Lui, il travaille beaucoup sur la violence faite aux enfants, sur la folie des Hommes. Il y a quelques années, un téléfilm sur le Bagne à Belle-Île fut diffusé à la télévision. Quant à cette chanson, elle a été écrite après des enquêtes et des reportages sur ce lieu terrible où on mettait des enfants récalcitrants dans des centres fermés ».

La composition graphique de Marc Lizano (Le cheval d’orgueil, Paloma) est sans fausse note. Ses personnages à grosse tête lui permettent de faire passer toutes les émotions du récits (la peur, la souffrance et parfois la joie). Aidé aux couleurs par Nolwenn Duflos, son trait d’une grande lisibilité est idéale pour les petits comme les grands.

Malgré la pression sur les enfants et la noirceur du récit, La pension Moreau par ses personnages est emplie d’espoir(s). De l’obscurité nait la lumière. Est-ce qu’elle sera au rendez-vous du troisième opus ? On l’espère pour Emile et ses amis.

Article posté le mercredi 14 février 2018 par Damien Canteau

La pension Moreau 2 de Benoît Broyart et Marc Lizano (La Gouttière) décrypté par Comixtrip
  • La pension Moreau, tome 2 : La peur au ventre
  • Scénariste : Benoît Broyart
  • Desssinteur : Marc Lizano
  • Couleurs : Marc Lizano et Nolwenn Duflos
  • Editeur : La Gouttière
  • Prix : 14€
  • Parution : 2 février 2018
  • ISBN: 9791092111699

Résumé de l’album : Dans une atmosphère mystérieuse, Emile et ses amis montent un plan d’action et organisent la résistance à la pension Moreau.

À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau

Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.

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