L’écureuil, un démon sur les toits – Tome 1

Alors que les Prussiens sont aux portes de Paris, un gentil petit démon des toits vole les riches habitants. A l’aide de sa cape, ce chenapan saute sur les toitures pour échapper à ses poursuivants. Benjamin Mialet et Lou Bonelli, sur un scénario de Fabien Grolleau dévoilent  le premier volume de L’écureuil, une sympathique aventure pour les jeunes lecteurs aux éditions Sarbacane.

DE TOITS EN TOITS

Paris, juillet 1870. Napoléon III est au pourvoir mais celui-ci est très affaibli. En cause : les relations délicates entre la France et la Prusse, toutes deux prêtes à en découdre. Malgré son opposition à la guerre et ses avertissements, Adolphe Thiers cède sous la pression des députés et les crédits pour le futur conflit sont votés.

Trois jours avant la déclaration de guerre, une riche femme surprend un jeune voleur qui lui dérobe son collier. Son mari tente de l’arrêter mais le chenapan est habile : il marche sur les toits avec l’agilité d’un chat et déploie une cape qui lui sert à planer entre les toits.

L’ÉCUREUIL TENTE DE SURVIVRE EN TEMPS DE GUERRE

Alors que le 15 juillet, l’Assemblée vote la mobilisation contre les Prussiens, une vieille dame est convoquée au poste de police. L’inspecteur pense qu’elle a volé elle-même le collier et qu’elle l’a revendu au Mont-de-Piété. Pour sa défense, elle explique qu’elle avait laissé refroidir un gâteau sur son balcon, qu’il avait disparu et qu’à la place trônait le collier au centre du plat. On le découvre, c’est bien L’écureuil qui a manigancé tout cela avec malice.

Mais les facéties du jeune garçon déplaissent fortement au Roi des Voleurs qui le fait poursuivre par ses hommes-de-main…

L’ÉCUREUIL : UNE TRÈS BELLE AVENTURE HISTORIQUE ET POÉTIQUE

A chaque fois que l’on ouvre un album de Fabien Grolleau, on le sait : on va passer un très bon moment. Après Le masque du fantôme (Delcourt), Chevalier des sables (avec Robin Raffali, Sarbacane) mais surtout le remarquable Audubon, sur les ailes du monde (avec Jérémie Royer, Dargaud – un clin d’œil est d’ailleurs glissé astucieusement dans l’album par l’entremise d’un oiseau), il propose L’écureuil, une très belle aventure historique et poétique pour les jeunes lecteurs. Teinté de surréalisme, l’album met en scène un petit voleur, attachant, gentil et sympathique, avec des yeux perçants comme un chat, affublé d’une coiffure rousse hors-norme qui vole pour survivre et qui fait aussi le bien autour de lui.

Avec les personnes détroussées, l’auteur-fondateur de l’association Vide Cocagne dépeint un univers rempli de voleurs, de malfrats et autres brigands dans une drôle de Cour des Miracles. Le Roi des Voleurs et ses gros-bras ont même trouvé refuge dans une très haute tour de la capitale. En plus de ses personnages fictifs, il fait jouer un rôle important à un personnage historique réel en la personne de Victor Hugo.

PARIS A L’ÉPOQUE DE NAPOLÉON III

La très bonne idée de Fabien Grolleau est d’avoir situé L’écureuil à l’époque de Napoléon III, sa fin de règne et le début de la Guerre contre la Prusse (1870-1871). Peu développée en bande dessinée (L’homme de l’année – 1871 de Pécau, Dellac et Thorn ou Les grands soldats de Rivelaygue et Tallec, Gallimard), cette période sombre permet de fournir une toile de fond originale et très riche pour développer son scénario.

L’insouciance, la joie de vivre et la folie de L’écureuil tranchent d’ailleurs avec un pays prêt à entrer en guerre, empli de tensions; cela est aussi vrai par la férocité du Roi des Voleurs.

UNE BELLE PARTIE GRAPHIQUE A 4 MAINS

Lou Bonneli et Benjamin Mialet réalisent une très belle partie graphique dans la veine de Christophe Blain ou Joan Sfar. Actuellement à Angoulême tous les deux, ils proposent des planches efficaces, légères comme leur héros de papier lorsqu’il plane au-dessus des toits mais aussi vives par un trait nerveux.

Née en 1990, Lou Bonneli a acquis un baccalauréat littéraire option Arts plastiques, a rejoint l’atelier Aniane de la cité angoumoisine en 2012 et travaille dans le secteur de l’animation. De son côté, Benjamin Mialet, né en 1984, intègre le même lieu de création en 2007 et travaille en tant que layout-man sur la série animée Mandarine & Cow de Jacques Azam.

L’écureuil : une très belle série familial portée par un scénario malicieux et une partie graphique efficace. Un excellent démarrage !

Article posté le samedi 11 juin 2016 par Damien Canteau

L'écureuil, un démon sur les toits est une très belle aventure jeunesse signée Fabien Grolleau, Lou Bonneli et Benjamin Mialet, aux éditions Sarbacane, et décryptée par Comxitrip le site BD de référence
  • L’écureuil, tome 1/2 : Un démon sous les toits
  • Scénariste : Fabien Grolleau
  • Dessinateurs : Lou Bonneli et Benjamin Mialet
  • Editeur : Sarbacane
  • Prix : 14.50€
  • Parution : 1er juin 2016

Résumé de l’éditeur : Paris, 14 juillet 1870, le règne de l’Empereur Napoléon III bat de l’aile, les Prussiens sont aux portes de la capitale et le peuple de Paris gronde… Mais qui est donc cet étrange gamin roux qui danse ou plutôt vole littéralement de toit en toit ? Quel est le mystère que cache sous sa cape ce drôle d’Écureuil ? Pourquoi le terrible Hector, Empereur des bas-fonds de Paname, veut absolument « avoir sa peau » ? Quel rôle joue la belle d’Hector et par ailleurs meilleure amie de L’écureuil ? Et enfin, que vient faire dans cette aventure de haut vol l’immense Victor Hugo ? Vous le saurez… en découvrant le premier opus de cette histoire décoiffante à souhait !!

À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau

Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.

En savoir