Les gardiens du Louvre

Après Le chien qui louche (Davodeau), L’art du Chevalement (Philippe Dupuy et Loo Hui Phang) ou Moderne Olympia (Catherine Meurisse), les éditions Futuropolis continuent leur travail en commun avec des grands musées nationaux. Leur nouvel album, c’est Jirô Taniguchi qui livre sa version du Louvre avec le sublime et délicat Les gardiens du Louvre.

VISITER LES MUSÉES PARISIENS

Mai 2013. Paris, dans un hôtel. Jirô fait une halte de cinq jours, dans la capitale après avoir été invité dans un festival de bande dessinée à Barcelone. Mais voilà, un état grippal le cloue au lit pendant toute la journée. Le lendemain, plus en forme, il décide d’aller visiter le Louvre. Alors que son programme prévoyait le tour des grands musées parisiens, l’ancien palais royal, va lui demander plus de temps.

UNE FOULE IMMENSE ET DES ESPRITS

Pris d’un léger malaise, il se retrouve seul au milieu d’une aile du musée. A ses côtés se tient une jeune femme habillée d’une sublime robe rose. Alors qu’elle lui indique de la suivre jusque dans la salle de la Joconde, une foule compacte apparaît, l’entoure. Surpris et animé d’une grande curiosité, il suit de nouveau la femme jusque dans les dédales sous-terrain du musée où se situe le système de climatisation. Ensemble, ils continuent la visite entre rêve et réalité, elle dévoile enfin son identité : la Victoire de Samothrace. Elle lui indique que des esprits sont enfouis au cœur des œuvres d’arts du musée et font figure de gardiens du Louvre.

VISITE ORIGINALE

Invité d’honneur du prochain Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême 2015, Jirô Taniguchi livre un merveilleux album entre rêve et réalité. Empreint d’une belle poésie, le récit sensible et doux berce le lecteur comme si l’auteur lui lisait une fable fantastique. Pour l’emmener avec lui dans cette visite originale du musée et le décrire de la meilleure des manières, l’auteur de Quartier lointain (Casterman, 1995) ou du Journal de mon père (Casterman, 2002) passa un mois complet au Louvre en mai 2013. Dans ce sublime voyage, il se met en scène (plus jeune et sans moustache) et croise ainsi les personnages des œuvres (la Victoire de Samothrace) mais aussi des peintres célèbres, de Vincent Van Gogh à Antonio Fontanesi, en passant par Jean-Baptiste Corot ou Asai Chu, mais aussi l’écrivain Antoine de Saint-Exupéry. Cela lui a aussi permis de découvrir l’histoire incroyable du déménagement des œuvres avant l’arrivée des nazis à Paris.

VOYAGE INTERIEUR

Comme dans la plupart de ses romans graphiques, Taniguchi fait vivre à ses héros de longs voyages intérieurs où la marche solitaire, sans but (l’errance) leur permet une grande réflexion et de la contemplation.

UN MAGNIFIQUE TRAIT

Le sublime trait de Jirô Taniguchi est la parfait symbiose entre le manga et les œuvres européennes. Il faut dire qu’il est le plus européen des dessinateurs japonais. Ses travaux en commun avec Jean Giraud-Moebius (Icare chez Kana, 2011) en sont le parfait exemple. D’une grande délicatesse, son dessin lui permet de livrer des cadrages originaux et un découpage extrêmement vivant. De plus, son interprétation des tableaux du musée sont sublimes.

Article posté le mercredi 10 décembre 2014 par Damien Canteau

Les gardiens du Louvre de Taniguchi dans le top 10 décrypté par Comixtrip, le site BD de référence
  • Les gardiens du Louvre
  • Auteur  : Jirô Taniguchi
  • Editeur : Futuroplis et le Musée du Louvre
  • Prix : 20€
  • Sortie : 21 novembre 2014

À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau

Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.

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