Les Mutants

La jeune illustratrice Pauline Aubry se sert de son expérience d’adolescente tourmentée pour livrer avec Les Mutants une chronique douce-amère de cette période particulière.

RACONTER DES HISTOIRES

Pauline Aubry est née à Paris en 1981. Elle dit que rien ne la destinait à devenir un jour « auteur de BD ». C’est un peu sur le tard, à 30 ans, qu’elle se met à dessiner et raconter des histoires. Profitant d’un congé maternité, elle se remet au 9 e art… Bien lui en a pris. La jeune femme qui n’a rien oublié de son adolescence publie aux Arènes BD une jolie BD documentaire sur les comportements adolescents, justement titrée « Les mutants » ( Un peuple d’incompris ).

ENTRE BD ET REPORTAGE DESSINÉ

Elle nous propose, à mi-chemin entre le journal intime et le reportage dessiné, une immersion dans le monde des ados. Celles et ceux qu’elle nous décrit ne sont pas peut-être pas tout à fait comme les autres…Leur mal-être est encore plus important que celui des autres…

Voilà l’auteur pensionnaire d’un service de pédopsychiatrie dans un grand hôpital parisien où elle anime un atelier BD. Au fur et à mesure de ces rencontres , elle y retrouve à son tour l’ado qu’elle a été dix ans plus tôt alors qu’elle souffrait de crises d’angoisse.

UNE CHRONIQUE DU QUOTIDIEN

De cette période où elle fréquentait régulièrement le service des urgences, elle a semble-t-il gardé une certaine tendresse qu’elle nous fait partager. Avec ces « Mutants », Pauline Aubry signe une belle chronique du quotidien, intime et sensible, décrivant par petites touches à l’aide d’un trait simple et efficace les tourments de ces êtres entre deux mondes. Cela n’empêche pas l’humour et l’autodérision, les réflexions sur le sens de la vie et les moments drôles…

Article posté le samedi 13 février 2016 par Jean-Michel Gouin

  • Titre : Les Mutants
  • Auteur : Pauline Aubry
  • Editeur : les Arènes BD
  • Parution : Janvier 2016
  • Prix : 20 euros

Résumé de l’éditeur : Dans sa jeunesse, Pauline Aubry était atteinte d’une maladie qu’elle ne parvenait pas à identifier : des « crises d’angoisse ».
Abonnée au service de pédopsychiatrie d’un hôpital parisien, elle a gardé de l’adolescence l’image d’un monde fragile et douloureux. Des années plus tard, elle est retournée dans ce même service pour y animer un atelier BD. L’occasion pour elle de replonger dans cette époque de sa vie et de s’interroger : comment devient-on soi ? Pauline Aubry a été sélectionnée au concours Jeunes Talents du Festival d’Angoulême 2014. Ce récit graphique fut prépublié dans la revue XXI.

L'exposition à Angoulême

Une exposition sur Les mutants s’est tenue à Angoulême pendant le Festival de la Bande Dessinée. Au Musée du Papier, les visiteurs pouvaient découvrir l’univers de Pauline Aubry et la manière dont elle avait conçu son album. Une exposition très personnelle et une belle plongée dans les années 90 ! Un régal pour les trentenaires !

Dans une ambiance année 90, le festivalier déambulait dans différents coin. Au son de musiques de cette décennie, il découvrait un premier espace où trônait fièrement un mobylette mais aussi un panneau de la vision de l’auteure à trois âges distincts : quelle image avait-elle en 1985 (son enfance), en 1995 (son adolescence) et en 2015 (à l’âge adulte) ? Sous ces trois portraits, elle avait placé des photos d’elle (carte d’identité, passeport ou photomaton).

Dans des vitrines, elle avait compilé des objets très 90’s. Avec l’aide de son frère ou de ses amis, elle pouvait ainsi exposer : une playstation, une calculatrice, des paquets de cigarettes, un ordi, des disquettes, une gameboy et même la casquette de Retour vers le futur. Un collector !

Dans un autre coin, elle avait installé la réplique de sa chambre où trônait un bureau, des classeurs, un minitel, des trousses et sur le mur une galerie de posters de ses idoles adolescentes ou des films cultes : Terminator, Dirty dancing, Beverley Hills ou Flashdance.

Venait ensuite des parties plus en phase avec son album. Des panneaux reprenaient ses visites à l’Hôpital Sainte-Barbe et l’unité de soins Charcot qui permet aux adolescents de trouver des oreilles attentives. C’est grâce à cette immersion dans cette unité qu’elle a pu proposer Les mutants. Elle définira alors Le complexe du homard, formule qu’elle a inventé par rapport à la crise de l’adolescence : « l’enfant se défait de sa carapace souvent devenue étroite, pour en acquérir une autre. Entre les deux, il est vulnérable, agressif et replié sur lui-même. » Mais aussi des espaces concernant les maux psychiatriques, les rites de passage ou enfin Famille je te hais !

Une formidable exposition, idéale pour les plus jeunes et les adolescents !

Damien Canteau

À propos de l'auteur de cet article

Jean-Michel Gouin

Passionné par l'écrit, notamment l'histoire, la littérature policière et la bande dessinée, Jean-Michel Gouin est journaliste à Poitiers.

En savoir