Nerval l’inconsolé

Avec Nerval l’inconsolé, David Vandermeulen et Daniel Casanave redonnent vie à l’un des grands romantiques du panthéon littéraire français, Gérard de Nerval. Une biographie dessinée très réussie.

LA GLOIRE À DIX-NEUF ANS

« Je suis le ténébreux, le veuf, l’inconsolé,

Le prince d’Aquitaine à la Tour abolie. »

Il y a fort à parier que nombre d’élèves ou étudiants ont longtemps cherché pour saisir le sens de ces deux vers de Gérard de Nerval. Vers célèbres et mystérieux. A l’image de la courte vie du poète, né et mort à Paris  (1808-1855 ) Car que sait-on vraiment de l’existence de ce Gérard Labrunie, sinon quelques joies et drames et bien sûr des livres qui ont traversé les époques ? Beaucoup se sont attachés à décrypter les écrits mais le mystère plane encore sur bien des épisodes de la vie de cette figure du romantisme français.

On sait qu’il connut très tôt la gloire littéraire, à 19 ans, grâce à la traduction du Faust de Goethe, qu’il eut des amis eux aussi célèbres : Théophile Gautier, Alexandre Dumas et Victor Hugo… On sait qu’il voyagea beaucoup et fut fasciné par l’Orient, qu’il but beaucoup aussi , souvent en proie à ces crises de  » folie » et qu’on le retrouva pendu par sa cravate par une nuit froide à la grille d’un soupirail…

EXOTISME, ADDICTIONS ET FOLIE

Tous ces épisodes se retrouvent dans Nerval l’inconsolé, un one shot de 156 pages écrit par David Vandermeulen, dessiné par Daniel Casanave. Le résultat est très intéressant. Ni pensum ni hagiographie, ce roman graphique se lit comme une succession de petites histoires racontées par les auteurs au sujet du « grand auteur ».

Loin de la statue du commandeur, on découvre un homme en proie à ses démons, qui se détruit à petit feu, rongé par la boisson, souffrant de « fièvres aliénatrices incurables » comme l’écrivent les médecins de l’époque, qui tombe éperdument amoureux mais qui ne concrétise jamais ses aventures… Reste le voyage, son voyage en Orient, en 1843, où il vivra de nombreuses déconvenues.

UN LUTIN TRISTE

Il y aussi Nerval le hâbleur, bonimenteur et mythomane qui fantasme des lieux qu’il n’a jamais fréquentés et qui triture le réel pour le rendre plus supportable. Le trait faussement naïf de Casanave (Tu sais ce qu’on raconte) campe un Nerval petit et chétif, lutin moustachu tout à tour vibrionnant ou abattu, enthousiaste et suicidaire. Il y a tout cela dans cette BD-bio très convaincante et qui peut constituer une bonne entrée dans l’œuvre de cet auteur. On attend maintenant les prochaines réalisations de Vandermeulen et Casanave dont on annonce une biographie d’Edgar Poe et une vie d’Alfred Jarry.

Article posté le jeudi 28 septembre 2017 par Jean-Michel Gouin

Nerval l'inconsolé de David Vandermeulen et Daniel Casanave (Casterman) décrypté par Comixtrip
  • Nerval l’inconsolé
  • Dessin : Daniel Casanave
  • Scénario : David Vandermeulen
  • Prix : 22, 50 €
  • Parution : Septembre 2017
  • IBAN : 9782203153523

Résumé de l’éditeur :  Nerval, par-delà l’obscure clarté… Il fut le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé, le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie.
Gérard de Nerval est pour beaucoup l’un des plus grands poètes français. Sa vie reste néanmoins emplie de mystères… car derrière le grand Gérard dit de Nerval se cachait le discret Gérard Labrunie.

À propos de l'auteur de cet article

Jean-Michel Gouin

Passionné par l'écrit, notamment l'histoire, la littérature policière et la bande dessinée, Jean-Michel Gouin est journaliste à Poitiers.

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