Ronin Island

Sur Ronin Island, une communauté vit en autarcie et tente de se reconstruire après que le terrible et mystérieux Grand Vent a dévasté le continent.

Une fois de plus, leur unité va être mise à l’épreuve lorsque les troupes du Shogun débarquent et leur annoncent qu’un péril encore plus grand les menace tous.

UN RÉCIT D’AVENTURE POUR LA JEUNESSE… ET LES AUTRES.

Avec Ronin Island, Kinaye ne déroge pas à la ligne éditoriale qui a fait son identité : des personnages attachants qui vont apprendre à mieux se connaître dans des aventures rythmées.

Ainsi, l’œuvre de Greg Pak (Assaut sur le nouvel Olympe, Superman : Le règne de Vandal Savage) et Giannis Milonogiannis nous permet de suivre le destin de deux jeunes gens que tout oppose.
D’un côté, Kenichi Okamoto, fils de Kenji, le Daimyo co-fondateur de l’île Ronin ; du sang noble coule dans ses veines comme en témoigne son armure de samouraï, ultime héritage de son illustre père.

De l’autre, Hana, l’orpheline ; elle a beau être la meilleure élève du sévère maître Ito, ses origines coréennes lui interdisent d’être reconnue à sa juste valeur.

Dans le premier tome de Ronin Island : L’union fait la force, sur un fond de rivalité et d’honneur, les classes s’affronteront, mettant à mal l’amitié naissante.

L’enjeu ultime sera de savoir si les différents protagonistes comprendront à temps que ce n’est qu’en restant unis qu’ils parviendront à déjouer les embûches et à vaincre un mal aux facettes multiples.

L’histoire développe ainsi des thèmes susceptibles de toucher la jeunesse, le cœur de cible des éditions Kinaye, mais comme bien souvent, les nombreuses qualités de l’œuvre permettent de toucher un public bien plus large.

L’EMPIRE DU SOLEIL LEVANT.

Parmi les particularités de ce récit, on trouve tout d’abord son ancrage dans un Japon médiéval.

On rencontre alors un Shogun, des samouraïs, un jeune adepte du Bushido, descendant d’un clan centenaire, fils du Daimyo, le tout sur les côtes de Kyūshū.

L’œuvre acquiert ainsi un caractère exotique cohérent et documenté, qui, tout en offrant un dépaysement assez rare dans l’univers des comics, permet de renforcer nos propres connaissances, puisque chacun de ces termes est accompagné d’une note bien utile pour appréhender correctement l’histoire.

Mais bien loin d’être un simple prétexte, le choix de l’univers permet de développer et de nourrir le scénario de manière judicieuse.

Ainsi, le jeune aristocrate rechigne à se lier avec une orpheline étrangère et ce n’est que grâce à des valeurs bien plus fortes que les rangs sociaux que les héros parviendront à avancer dans leurs aventures.

Dans le même ordre d’idées, opposés à un Shogun immature, les jeunes héros auront à choisir entre le devoir et la raison pour affronter un mal mystérieux qui transforme les hommes en monstres.

DES MYTHES REVISITÉS.

C’est là une autre originalité du récit : outre l’aventure inscrite dans un Japon médiéval réaliste, les auteurs ajoutent une touche fantastique particulièrement appréciable.

En effet, l’énigmatique Grand Vent, que tous les protagonistes de l’histoire évoquent avec amertume, se révélera être bien plus qu’un simple cataclysme climatique.

Entre mystère et traîtrise, les héros et le lecteur ne sont pas au bout de leurs surprises.

L’autre trouvaille scénaristique, et non des moindres, est incarnée par les Byõnins, de terribles monstres morts vivants.

Bien entendu, cela rappelle quelque chose, et pourtant, il n’est nullement question de faire un Walking Dead au pays des Samouraïs.

Les enjeux qui se dessinent dans ce premier tome montrent bien que des différences existent et surtout, l’apparence des byõnins n’a aucun rapport avec celle des zombies de la célèbre série de Robert Kirkman.

Ronin Island : UN SAVANT MÉLANGE DE MANGA ET DE COMICS.

Mêler des zombies à de la bande dessinée destinée à un jeune public… L’idée est audacieuse et même périlleuse. Elle implique de conserver l’action et la menace, tout en veillant à ne pas choquer.

Dans Ronin Island, le contrat est parfaitement rempli.

Et la réussite du projet doit beaucoup aux qualités artistiques de Giannis Milonogiannis.

En effet, très loin de la vision d’horreur traditionnelle de corps en décomposition, le concept de morts vivants est entièrement revisité pour s’adapter à l’aventure.

Avec leurs carrures impressionnantes, leurs têtes cornues et leur peau à l’aspect d’écailles ou de terre, les byõnins rappellent certains démons de la mythologie nipponne.

La cohérence du récit s’en trouve renforcée et en même temps, les scènes de combat avec les monstres revêtent un caractère bien plus épique qu’horrifique.

Le graphisme des personnages est lui aussi parfaitement adapté aux enjeux de l’histoire et au public visé ; il laisse d’ailleurs tout le loisir de s’identifier à un des deux héros.

Le style est dynamique, efficace et se permet même certaines fantaisies en incorporant avec subtilité des attitudes ou des mouvements caractéristiques des mangas, ce qui renforce un peu plus la cohérence avec l’histoire.

Avec le premier tome de Ronin Island, le lecteur est guidé par des auteurs talentueux. Une belle réussite qui donne envie de lire la suite pour à nouveau plonger, aux côtés de Hana et Kenishi, dans un Japon où se mêlent fantastique et médiéval.

Article posté le mardi 26 mai 2020 par Victor Benelbaz

Ronin Island 1 de Greg Pak et Giannis Milogiannis (Kinaye)
  • Ronin Island, volume 1 : L’union fait la force
  • Scénariste : Greg Pak
  • Dessinateur : Giannis Milonogiannis
  • Éditeur : Kinaye
  • Prix : 14.50 €
  • Parution : 24 janvier 2020
  • ISBN : 9782357990425

Résumé de l’éditeur : Hana et Kenichi sont trop jeunes pour avoir connu Le Grand Vent, une catastrophe qui a dévasté la Chine, la Corée et le Japon au 19ème siècle. Par la suite, les survivants trouvèrent refuge dans un lieu où les différences furent oubliées et où ils créèrent une société unie. Ronin Island devint le berceau d’une nouvelle génération, élevée pour un futur meilleur. Lorsque l’ancien shogunat reprend le pouvoir et demande le retour à un mode de vie plus ancien, Hana et Kenichi doivent se préparer à défendre leur île et tout ce qu’elle symbolise. Mais les forces du seigneur de guerre ne représentent plus le principal danger sur le continent puisqu’une horde de créatures mutantes, rescapées du Grand Vent, cherche à détruire ce qui reste du monde des vivants. Alors que la guerre se prépare sur l’île, les deux jeunes adultes vont devoir faire face à la dure réalité des combats et décider jusqu’où aller pour défendre leurs convictions. Ecrit par l’auteur à succès Grek Pak (Mech Academy, Hulk) et magnifiquement illustré par Giannis Milonogiannis (Old City Blues, Prophet), Ronin island est une histoire sur le passage à l’âge adulte dans un contexte de guerre à la morale trouble, où les raisons de combattre sont sans cesse remises en cause.

À propos de l'auteur de cet article

Victor Benelbaz

Tombé dans la marmite de la bande dessinée depuis tout petit, Victor est un vrai amateur éclairé. Comics ou récits jeunesse sont les deux genres préférés de ce professeur de français.

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