Tous les héros s’appellent Phénix

Jérémie Royer et Nastasia Rugani adaptent le roman à succès Tous les héros s’appellent Phénix de Nastasia Rugani de 2014. Cette histoire de maltraitance est publiée chez Rue de Sèvres

M. Smith : Un homme bien sous tous rapports

Phénix est très protectrice avec sa sœur Cha (Sacha) depuis que leur père est parti de la maison familiale. Un soir, sur la route du retour de l’école, le vélo de Phénix crève. M. Smith, le fascinant professeur d’anglais du Lycée les raccompagne.

Petit à petit, M. Smith, charmant et séducteur, rentre dans la vie de cette famille et s’y installe, comme un grand frère attentif…

Qui aurait pu se douter que l’image de cet homme serviable, apprécié de tous, était loin d’être celle d’un homme parfait ?

Le loup dans la bergerie

La mère de Phénix (Erika) reprend goût à la vie, elle fait plus attention à elle depuis que M. Smith est présent à ses cotés. Il est aussi très attentif à Cha qui retrouve son sourire et sa joie de vivre. Avec Phénix, il est plus strict mais c’est du à son comportement…

« Et estime toi heureuse que ce soit la seule marque que tu aies sur cette jambe étant donné le nombre de fois où tu as été insolente. J’aurais du être plus ferme dès le départ, à l’avenir, fais toi des amis dignes d’intérêts. »

Avec les départs pour de longues périodes d’Erika en raison de son travail, M. Smith dirige la vie à la maison et son véritable visage apparaît aux yeux de Phénix. Il devient colérique, intransigeant et violent, de plus en plus violent. Au début il ne montre cette colère qu’en absence de Cha et Phénix protectrice évite de l’inquiéter. Mais la situation empire… Phénix sombre sous son emprise…

Tous les héros s’appellent Phénix, la force du roman et la beauté des bulles

En adaptant le roman de Nastasia Rugani , Jérémie Royer s’attaque à la violence familiale malheureusement encore trop d’actualité.  Mais il serait réducteur de n’y voir que cela. Ce roman parle d’amour fraternel, de la volonté d’être une sœur protectrice coûte que coûte. Mais c’est aussi une histoire de résistance et de résilience.

Jérémie Royer (Sur les ailes du monde, Audubon & HMS Beagle aux origines de Darwin avec Fabien Grolleau) a fait un magnifique travail sur cette adaptation. Il traduit bien l’évolution de la situation, des comportements et la lente descente aux enfers de Phénix. Le dessin ne se veut pas sombre et dur, il a au contraire choisi des couleurs plutôt douces et alterne les scènes dures et les scènes heureuses comme pour bien nous faire comprendre la complexité de ces situations et la difficulté de deviner ce qui se passe vu de l’extérieur.

C’est une très belle réussite. Le rythme, les dessins le découpage scénaristique : tout y est.

Cette bande dessinée est émouvante, glaçante. J’en ressors chamboulé, ému, les larmes aux yeux… en 2019 j’avais ressenti la même chose à la lecture de « Speak » toujours chez Rue de Sèvres et je l’avais classé comme meilleur roman graphique de l’année.

Article posté le lundi 09 mars 2020 par Yoann Debiais

Tous les héros s'appellent Phénix de Jérémie Royer et Nastasia Rugani (Rue de Sèvres)
  • Tous les héros s’appellent Phénix
  • Scénaristes : Jérémie Royer et Nastasia Rugani
  • Dessinateur : Jérémie Royer
  • Éditeur : Rue de Sèvres
  • Prix : 16 €
  • Parution : 18 mars 2020
  • ISBN :  9782369811084

Résumé de l’éditeur : Peut-on monter dans la voiture de quelqu’un que l’on connaît à peine ? Difficile de résister à la tentation si l’automobiliste n’est autre que monsieur Smith, le professeur d’anglais le plus fascinant et le plus séduisant du lycée. Ce soir-là, il a proposé à Phénix et à sa petite soeur, Sacha, de les raccompagner chez elles, de l’autre côté du lac. Elles sont montées dans sa Chevrolet immaculée, et il les a conquises le temps d’un trajet. Quelques jours plus tard, c’est leur mère, Erika, qui se laissait séduire. Monsieur Smith est venu de plus en plus souvent à la maison, accumulant les bons points, avec son don pour la pâtisserie et ses faux airs de Gregory Peck. Phénix et Sacha ont bien remarqué qu’il était un peu trop strict et autoritaire, parfois dur et cassant sans raison. Oh, trois fois rien, pas de quoi s’inquiéter.

Comment auraient-elles pu se douter qu’elles venaient de faire entrer le loup dans la bergerie ?

 

À propos de l'auteur de cet article

Yoann Debiais

Yoann Debiais est un amoureux de la bande dessinée depuis de nombreuses années. Le temps et les rencontres lui ont permis de s'ouvrir à des lectures plus humaines et plus profondes. Il partage sa passion sur Instagram sous le compte @livressedesbulles. N'hésitez pas à découvrir son univers fait de partages.

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