Vies dessinées

Se recroqueviller dans une immense solitude et s’isoler de toute proximité sociale, de la ville, du monde des vivants car une extrême sensibilité vous laisse croire, aux yeux masqués des autres, être en possession d’un don exceptionnel mais qu’il est interdit d’exprimer.

Devant des prédateurs qui obligent l’ordre et la maintien émotionnel, s’estimer incurable et se retrancher du monde pour échapper à la charge des âmes qui s’agitent dans le tumulte de la réalité et ne côtoyer désormais que des Vies dessinées.

Devant cette symptomatologie «invisible» sauf pour l’hypersensibilité des bulles de Comixtrip, it’s TIMED de voir les perspectives sous un autre angle offert par ce superbe album et de laisser enfin parler les émotions.

Des rêves éveillés retenus dans des vies dessinées

Carl est un être émotif qui possède le trait de caractère d’une hypersensibilité. Il vit les choses de manière beaucoup plus exponentielle et il est ainsi dans l’incapacité de pouvoir se protéger de l’intensité de ses émotions et de celles éprouvées par les êtres qui l’entourent. Il est ainsi jugé comme inadapté et un parasite malade dans une société aseptisée et productiviste.

Alors dans les cieux des montagnes, Carl hiberne dans une steppe sentimentale aride par peur de souffrir et de heurter les autres qui viendraient à la rencontre des parois si perméables de son cœur.Tandis que les prédateurs de Timed rodent, contrôlent et obligent à tout confiner dans son antre, Carl, devenu ermite, cohabite seulement avec des vies dessinées et des personnages découpés par son imaginaire.

Mais malgré tous ses efforts de perdre une mémoire vivante, le berceau du cœur veut reprendre ses droits. Molly la femme qui a compté plus que tout dans sa vie le retrouve dans ses méandres et se réinvente dans les sanglots de son histoire. La femme papier va t’elle lui provoquer un sang d’encre ou refaire circuler le rouge sang du palpitant ?

Faudra-t-il laisser grandir l’horizon au fond de soi et ainsi croire à la renaissance d’un amour sans fin malgré la crainte des douleurs ? Carl ne peut désormais plus s’enfuir, il n’a pas d’autres choix que d’aller retrouver celle qui le rattache coûte que coûte à l’existence et  fait danser les  reflets de son humanité à la liberté du jour. Besoin ultime de savoir où s’arrête le rêve et ou commence peut-être une nouvelle réalité.

Un album où le dessin prend vie

Vies dessinées est un album singulier édité par Shockdom et réalisé sous l’émotion fraternelle des textes de Marco Rincione (Poly-A) et des dessins/couleurs de Giulio Rincione (Le cœur de la cité). Sa lecture nous propose une  perception du monde extérieur qui entraîne une représentation intime de ce que l’on vit, de ce que l’on rencontre dans notre propre perception à la société qui nous entoure.

On est plongé dans une pure poésie illustrée et contée. Cette ambiance onirique, à la limite de la folie, se fait ressentir à toutes les pages avec ses couleurs tantôt lumineuses ou sombres

Cette bande dessinée  provoque un voyage saisissant dans l’âme, un impact émotionnel qui muscle notre imaginaire pour construire des rêves et peut-être vouloir à notre tour les dessiner dans la réalité.

Article posté le dimanche 22 août 2021 par Gwénaëlle Le Mercier

Vies dessinées de Marco et Guilio Rincione (Stockdom)
  • Vies dessinées
  • Scénariste : Marco Rincione
  • Dessinateur : Giulio Rincione
  • Editeur : Shockdom
  • Prix : 15€
  • Parution : 16 avril 2021
  • ISBN : 9788893362542

Résumé de l’éditeur : Carl, grâce à sa profonde empathie, réussit à pénétrer les souvenirs des autres et à les rendre réels. Effrayé par son pouvoir, il décide de s’isoler aux confins de l’Irlande. Mais peut-on vraiment fuir nos souvenirs, aussi douloureux et tourmentés soient-ils ?

 

À propos de l'auteur de cet article

Gwénaëlle Le Mercier

Passionnée de lecture et de course à pied, Gwénaëlle aime dénicher des trésors de bande dessinée. Instagrameuse influente en BD, elle aime les récits intimistes et humains. Son Insta : https://www.instagram.com/runforbook/

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