Wild’s End

Dan Abnett et I.N.J. Culbard réinventent la guerre des mondes dans un univers d’animaux anthropomorphes. Wild’s End : une aventure qui mêle action et suspense, parue aux éditions Kinaye.

JUSTE AVANT LA FIN DU MONDE.

Par une nuit de plein lune, Fawkesie le renard et Bodie la fouine parcourent la forêt de Hightop. Un baluchon sur le dos, ils s’affairent à ce qu’ils font le mieux : vider les bouteilles qu’ils ont emportés.

Soudain, à travers la nuit étoilée, un trait de lumière apparaît, suivi d’un bruit étourdissant et d’un éclair aveuglant.

« – Jamais vu une étoile aussi filante et aussi brillante !

Elle file pas, c’t’étoile, elle tombe ! »

Sans réfléchir, les deux compères filent vers le lieu de l’impact.

Le lendemain matin, à Lower Crownchurch, tous les citoyens sont réunis pour élire le comité de la fête annuelle.

Lorsque Fawkesie rejoint les habitants dans le King’s Arms, il est désorienté et a, sur les mains et les jambes, d’étranges taches bleuâtres. Et surtout, il est seul…

« Moi et Bodie on a été voir. La lumière l’a cramé sur place. »

Un petit groupe d’habitants décide d’éclaircir la situation. A sa tête, Clive Slipaway, un mâtin laconique.

« J’ai vu assez d’hommes terrorisés pour savoir à quoi ressemble la véritable peur. »

DANS L’OMBRE DE HERBERT GEORGES WELLS.

Depuis sa publication en 1898, La Guerre des Mondes n’a eu de cesse d’inspirer les artistes.

Ainsi, dans le sillon de l’œuvre d’H.G. Wells, romans, films, bandes dessinées et même feuilleton radiophonique ont pu voir le jour.

L’œuvre de Dan Abnett et I.N.J. Culbard ne s’en cache pas : elle s’inspire du chef d’œuvre de science-fiction.

Et le fait est que, comme son illustre modèle, Wild’s End se déroule au début du XIXe siècle en Angleterre. La menace est, elle aussi, identique. On retrouve des extraterrestres agressifs évoluant dans des machines de métal capables de projeter le fameux Rayon Ardent.

Pourtant, Wild’s End n’est pas qu’un simple remake. Elle regorge de trouvailles particulièrement judicieuses.

WILD’S END : UNE CRÉATION À PART ENTIÈRE.

La première, et non des moindres, est la transposition dans un univers d’animaux anthropomorphes.

Ainsi, Lower Crownchurch, petite bourgade d’Angleterre, se trouve peuplée de lapins, de chiens, de renards, de cochons, de chats, tous doués de parole et habillés comme les humains.

Il convient à ce titre de saluer le très beau travail réalisé par I.N.J. Culbard.

Les personnages sont parfaitement caractérisés. Et ce qui s’apparente dans un premier temps à de la simplicité relève en réalité d’une efficacité et d’une maîtrise remarquable. Les émotions et les mouvements sont parfaitement rendus, ce qui contribue à l’effet d’immersion qui nous saisit à la lecture.

Notons que cette animalisation va même jusqu’à toucher les monstres dans lesquels se meuvent les extraterrestres. En effet, au premier regard, ils rappellent les fameux tripodes. Mais à y regarder plus en détails, ils sont dotés de six tentacules. Et au-dessus de ces derniers, trône une tête lumineuse en forme de lampadaire de style victorien. L’effet est particulièrement réussi et donne littéralement vie à ces terribles monstres.

L’ART DE LA NARRATION.

Un autre élément saisissant réside dans la capacité qu’ont Dan Abnett et I.N.J. Culbard pour œuvrer de concert. Et le résultat est particulièrement saisissant.

En effet, ce premier tome de Wild’s End prend la forme d’une course poursuite pour échapper à des extraterrestres hostiles. Il était donc primordial de soigner le rythme de la narration. Et pour ménager le suspense, il fallait faire en sorte que l’évolution de l’histoire se fasse par palier.

Ainsi, Dan Abnett (Fallen World), en romancier aguerri, prend soin d’incorporer des éléments nouveaux dans chaque chapitre.

Dans Wild’s End – Premières lueurs, même lorsqu’on connaît La Guerre des Mondes, on ne sait pas tout dès le début. Chaque chapitre réserve son lot de surprises qui relancent une narration trépidante.

Soulignons une fois de plus le talent d’I.N.J. Culbard. La construction ternaire de chaque planche est un modèle du genre. Elle accentue parfaitement le caractère fatal de la narration.

Et pour veiller à ne pas créer une œuvre qui se lit trop vite, le scénariste a une excellente idée. Il place entre chaque chapitre des documents divers. Ainsi, on peut découvrir des pages d’une gazette locale ou des notes manuscrites issues du carnet de Miss Peardew. Ces ajouts permettent de ménager des pauses au sein de cette aventure passionnante. Par ailleurs, ils favorisent l’immersion dans un univers qu’on découvre avec plaisir.

 

Avec Wild’s End, une série annoncée en trois tomes, les éditions Kinaye touchent au but. On suit avec un réel plaisir cette œuvre manifestement inspirée de La Guerre des Mondes. Mais cela ne nous empêche pas d’apprécier les excellentes trouvailles de deux auteurs de talent : Dan Abnett et I.N.J. Culbard.

Article posté le jeudi 06 mai 2021 par Victor Benelbaz

Wild's End de Dan Abnett et I.N.J. Culbard (Kinaye)
  • Wild’s End – Premières lueurs.
  • Scénariste : Dan Abnett
  • Dessinateur : I.N.J. Culbard
  • Traducteur : Timothée Mackowiak
  • Editeur : Kinaye
  • Prix : 16.5 €
  • Parution : 19 février 2021
  • ISBN : 9782357990463

Résumé de l’éditeur : Lower Crowchurch est une petite communauté qui vit dans la paix des années 30, mais lorsque la ville est victime d’une invasion extraterrestre, la vie de ses habitants est bouleversée par la dure réalité de la confrontation avec la mort. Menés par un ancien vétéran étranger à la ville, les citoyens vont devoir s’unir pour découvrir le secret des envahisseurs et espérer se défendre.

À propos de l'auteur de cet article

Victor Benelbaz

Tombé dans la marmite de la bande dessinée depuis tout petit, Victor est un vrai amateur éclairé. Comics ou récits jeunesse sont les deux genres préférés de ce professeur de français.

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