Robert Sexé face à l’histoire

Inspirateur, modèle, calque de Tintin ? Aujourd’hui encore, plus de 30 ans après la mort d’Hergé, les débats et polémiques ne sont pas clos au sujet de ce fameux Robert Sexé, reporter photographe dont le dessinateur aurait pu s’inspirer pour créer son personnage.

En 2011, à l’occasion de la sortie du film de Spielberg consacré aux aventures du héros à la houpette, les questions et les remarques des lecteurs de la Nouvelle République et des historiens poitevins avaient ressurgi. Pour nombre d’entre eux, Sexé avait bel et bien été un collaborateur, et non des moindres.

Dans son livre  Occupation, Résistance et Libération  dans la Vienne (1) l’historien Poitevin Jean-Henri Calmon note,  dans un chapitre intitulé Qui sont les collaborateurs ? «  On relève dans l’organigramme du PPF (Parti Populaire Français) et chargé de l’information, le nom d’un publiciste globe-trotter motocycliste qui aurait inspiré Hergé pour créer le personnage de Tintin et qui écrit dans Le Combattant Européen, journal de la LVF ( Légion des Volontaires Français contre le Bolchevisme… »
Dans l’ouvrage collectif  Poitiers, une histoire culturelle, 1800-1950  (2) le même auteur rappelle ceci : « Robert Sexé appartenait à la fraction la plus extrême et la plus dure de la collaboration, celle de Jacques Doriot, chef du Parti Populaire Français, qui eut le premier l’idée, au lendemain même de l’invasion de l’URSS par l’Allemagne, le 22 juin 1941, de créer la légion des volontaires français… Ces extrémistes qui souhaitaient voir le gouvernement de Vichy s’engager encore plus avant dans la collaboration, étaient très surveillés par les renseignements généraux. Ce sont donc les rapports au préfet du commissaire chargé de ce service qui nous renseignent sur l’activité de Robert Sexé . On y apprend ainsi qu’à cette époque, il était délégué à l’information de la section de la Vienne du PPF, qu’il ne se contentait pas de militer pour le triomphe des idées du parti doriotiste, mais qu’il écrivait encore dans le journal de la LVF, « Le Combattant Européen » dirigé par Marc Augier [ …]»

Un autre historien Poitevin, Jean-Marie Augustin, dans son livre  Collaborations et épuration dans la Vienne, 1940-1948 (3) étaye lui aussi cette thèse à plusieurs reprises et cite Sexé, «  journaliste à la revue collaborationniste Le Combattant Européen, qui en 1943 a quitté Paris pour se réfugier à Saint-Benoît. Pendant ces années d’occupation, ce dernier écrit aussi dans les colonnes de L’Avenir de la Vienne.

Jean-Michel Gouin

(1) Publié en 2000 chez Geste éditions.
(2) Editions Atlantique, 2000 ( pages 497 et 503 )
(3) Geste éditions, septembre 2014.

Article posté le lundi 29 septembre 2014 par Comixtrip

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