Les grands vainqueurs en BD : les GI’s américains

Pour les Américains, aujourd’hui focalisés sur le DDay et le débarquement en Normandie (Barack Obama est quand même venu deux fois en peu de temps à Colleville dans le cimetière d’Omaha), côté BD, il y a trois guerres qui comptent : la seconde guerre mondiale, la guerre de Corée et la guerre du Vietnam.

Milton Caniff remonte le moral des troupes

Même si une star comme Milton Caniff s’est amusé à remonter le moral des GI’s avec les aventures de Miss Lace dans son fabuleux Male Call, symbole absolu de la pin-up (incarnée en photo par Rita Hayworth) qui affole simples soldats et hauts gradés avec sa superbe plastique asiatique (en pleine guerre contre les « Japs » !), c’est bien le duo argentin Hugo Pratt- Hector Oesterheld qui a le mieux rendu le quotidien des combattants américains : Les Chroniques de guerre d’Ernie Pike adaptées de l’histoire d’un journaliste US envoyé spécial sur le front (du nom d’Ernie…Pyle) sont une série de récits courts en noir et blanc, réalistes, sur tous les théâtres d’opération : Birmanie, îles Fidji, Italie, Ardennes… Avec un petit détour rapide par la Corée.

De Buck Danny à La Guerre d’Alan

Les auteurs franco-belges ne seront pas en reste dès lors qu’il s’agit de rendre compte des « aventures » des militaires d’outre-Atlantique. Côté héroïque, la palme revient au duo Charlier-Hubinon avec les débuts de Buck Danny en pleine guerre du Pacifique : aviateurs américains d’un côté, zéros japonais de l’autre avec une série de surnoms donnés à l’ennemi qui seraient probablement aujourd’hui jugés politiquement incorrects. Et un pilote qui deviendra (avec ses potes Sonny et Tumbler) l’une des plus grandes stars de la BD…

Des siècles plus tard, Émmanuel Guibert donnera lui une vision beaucoup plus détachée, voire clinique, de la guerre vécue de l’intérieur par un GI’s de base (rencontré sur l’île de Ré) avec La guerre d’Alan alors que Philippe Jardinet (dessinateur belge) rejoue le Jour le plus long et Le soldat Ryan dans le troisième tome de sa série Airborne 44 : Omaha Beach.

Les sables africains de Hugo Pratt

Une autre partie de cette seconde guerre mondiale s’est jouée dans les sables des déserts africains. Hugo Pratt (qui a vécu en Abyssinie) a pris un plaisir manifeste à se faire le chantre de ses combats dans les dunes où s’affrontaient, sous les yeux des populations locales, les empires coloniaux britanniques, français, italiens et allemands. C’est le magnifique Scorpions du désert et les aventures pas toujours héroïques du capitaine Koïnsky et un Du sable, rien que du sable dans une collection « Récits de guerre » racontant les batailles en Libye et en Egypte.

Autre « spécialiste » de ce théâtre d’opérations, l’Italien Attilio Micheluzzi, condisciple magnifique de Pratt, de Caniff, d’Eisner avec son Marcel Labrume à l’intrigue compliquée dans le Proche-Orient où gaullistes et maréchalistes se disputent le pouvoir sous l’œil des forces de l’Axe. Marcel Labrume réécriture du film mythique Casablanca (Bogart-Bacall) a été meilleur album à Angoulême.

Article posté le mercredi 06 mai 2015 par Erwann Tancé

À propos de l'auteur de cet article

Erwann Tancé

C’est à Angoulême qu’Erwann Tancé a bu un peu trop de potion magique. Co-créateur de l’Association des critiques de Bandes dessinées (ACBD), il a écrit notamment Le Grand Vingtième (avec Gilles Ratier et Christian Tua, édité par la Charente Libre) et Toonder, l’enchanteur au quotidien (avec Alain Beyrand, éditions La Nouvelle République – épuisé). Il raconte sur Case Départ l'histoire de la bande dessinée dans les pages du quotidien régional La Nouvelle République du Centre-Ouest: http://www.nrblog.fr/casedepart/category/les-belles-histoires-donc-erwann/

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