L’heure des lames

Notre avis : Que donnerait un monde où l’on connaîtrait la date et l’heure de notre propre mort ? Scarper le sait, il ne lui reste que trois semaines avant le passage vers l’au-delà. Après l’excellentisme Don Quichotte, les éditions Warum dévoilent le nouvel album de Rob Davis, L’heure des lames, une étrange fable fantastique.

Tout d’abord, une drôle de gageure que de résumer cet album, tant il est surprenant, déroutant et qu’il part dans de nombreuses directions. Même si à sa lecture, on le sent, c’est un ouvrage singulier mais de grande qualité. On s’y essaie quand même.

Scarper Lee est un adolescent timide, quasi asocial et qui connait son Death Day (la date de sa mort) ! A savoir dans pile trois semaine. Dans ce monde parallèle, les parents de ces enfants sont des machines. Ainsi le père de Scarper est une machine à voile, gardée dans la grange de la maison et sa mère est un sèche-cheveux. Adoratrice de dieux sous forme d’objets de la cuisine, elle dort rarement avec son mari dans la dépendance. La mère de Peter, ami du jeune adolescent, est quant à elle une machine cantinière du lycée, échouée au milieu de la cour, en attente d’être remise à la déchetterie.

Alors que des couteaux tombent en masse, comme la pluie, la sonnette retentit. Scarper ouvre la porte et découvre Véra, la nouvelle lycéenne. Curieuse de tout, entreprenante comme il ne faut pas; elle va bousculer la fin de vie du jeune garçon.

L’ancien dessinateur de Daredevil et de Judge Dredd (bientôt en réédition chez Delirium !!!) propose une histoire intrigante, une œuvre exigeante d’un point de vue narratif, folle mais fabuleuse. Créateur d’un univers singulier mais très recherché, Rob Davis peut perdre rapidement son lecteur. Des machines à tout va, un vase qui parle et réfléchit pour le héros, ce n’est sûrement pas commun. Son évocation du temps qui passe (vers l’âge adulte) mais aussi le rapport que l’on devrait avoir avec la mort (l’accepter comme un passage) est d’une grande intelligence. Loin de son trait dans le formidable Don Quichotte, son dessin en noir et blanc, agrémenté de teintes de gris, convient parfaitement avec l’ambiance sombre et étrange de son récit.

A découvrir si on s’y sent prêt. Exigeant mais pas à la portée de tous les lecteurs !

Article posté le mercredi 17 février 2016 par Damien Canteau

  • L’heure des lames
  • Auteur : Rob Davis
  • Editeur : Warum
  • Prix : 20€
  • Parution : 10 février 2016

Résumé de l’éditeur :

Dans le monde de l’Heure des lames, les parents ne font pas d’enfants, ce sont les enfants qui fabriquent leurs parents.

Dans cet univers étonnant, il pleut des couteaux et les appareils électroménagers ont des âmes. Il n’y a pas de date d’anniversaire, mais on y connaît le jour de sa propre mort.

Scarper Lee, jeune ado asocial, n’a plus que trois semaines à vivre.

C’est alors que l’énigmatique Véra Pike, l’étrange nouvelle venue de l’école. arrive pour tenter de l’aider à changer son destin.

À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau

Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.

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