Lune & Merlin

A la recherche d’une chèvre disparue, Lune & Merlin se retrouvent dans un monde magique. Johan Troïanowski dévoile leur histoire dans un bel album aux éditions Makaka.

Après Rouge, l’île des gribouilleurs, Johan Troïanowski poursuit son petit bonhomme de chemin dans l’univers fantastique jeunesse avec Lune & Merlin. Comme pour son précédent album, il met en scène une petite fille forte, curieuse et brave. Dès la première planche, Lune rencontre Merlin, un petit berger ayant perdu Biquette, sa chèvre. La fillette lui explique qu’elle va l’aider car elle est détective, comme son papa.

Mais voilà, Biquette n’est pas une chèvre comme les autres, elle est invisible. Peu importe, Lune tient une piste qui mène dans Le trou du diable. Si le petit garçon a un peur, ce n’est pas le cas de la jeune fille. Elle fonce et entraine son compagnon vers un monde magique…

Tout de suite, le jeune lecteur est absorbé par la beauté des planches de Johan Troïanowski. Dans la même veine que ses précédentes publications, il enchante nos pupilles. C’est très coloré, c’est très vivant et c’est beau ! Ses personnages sont agréables à l’œil, très expressifs et attachants.

Il imagine un très jolie quête initiatique où l’amitié se mêle à la magie. Même les créatures fantastiques méchantes ne sont jamais très effrayantes. Les champignons qui poussent sur le corps ou les eaux – nombreuses dans l’album – nous ravissent.

En quatre albums de bande dessiné et plusieurs livres illustrés, Johan Troïanowski s’est inventé un univers singulier, très plaisant et fort intéressant. C’est indéniablement un auteur à suivre.

  • Lune & Merlin, détectives des collines
  • Auteur : Johan Troïanowski
  • Éditeur : Makaka
  • Prix : 17 €
  • Parution : 16 mars 2020
  • ISBN : 9782367961095

Résumé de l’éditeur : Lune et Merlin, parés dun bâton magique et de leur apparat de détectives, partent à la recherche dune petite chèvre invisible, disparue au coeur des collines chatoyantes. Mais bientôt, nos amis devront aider les habitants de contrées fabuleuses… De grandes peurs en belles rencontres, ils vivront des aventures fantastiques, peuplées de sorcières, de gobelins, de mandragores, et de créatures extraordinaires.

Le vieux docteur

Les éditions Soleil dévoilent Le vieux docteur, la biographie dessinée de A.T Still, le père de l’ostéopathie, signée Stéphane Piatzszek et Benoît Blary.

Tout d’abord, lorsque le lecteur ouvre l’album, il est impressionné par les planches de Benoît Blary. Elles sont toutes somptueuses. Le dessinateur réalise des pages à l’aquarelle d’une telle intensité que cela subjugue. Il suffit de se pencher sur les visages de ses personnages pour en être convaincu. Les regards sont forts et d’une grande expressivité. Toutes les émotions passent par ce canal. Il est dans la même veine que ses dernières parutions Le bruit de la machine à écrire ou Legio Nostra. Depuis 2010 et en une quinzaine d’albums, il a su développer un univers propre, un petit monde de couleurs éclatant.

Quant à l’histoire, si parfois elle manque de rythme et peut sembler longue, elle est néanmoins passionnante. Stéphane Piatzszek raconte l’histoire méconnue d’Andrew Taylor Still, considéré comme le père de l’ostéopathie. Le scénariste d’Une famille en guerre nous emmène au fin fond du Missouri en 1830. Ce docteur iconoclaste, en dehors de la médecine de l’époque traditionnelle – mal vu de ses pairs – se fait rapidement une réputation – qui ira au-delà de cet état – par un mélange de techniques. Il touche, il n’utilise aucun instrument, sent le squelette sous ses doigts et replace les os par pression. Il impose ses mains pour ressentir les flux internes. C’est surprenant et complétement hors du temps à l’époque. Le parcours est long et semé d’embûches mais il fait rapidement des adeptes et forme des disciples dans son école. Éclairant !

  • Le vieux docteur, A.T. Still, pionnier de l’ostéopathie
  • Scénariste : Stéphane Piatzszek
  • Dessinateur : Benoît Blary
  • Éditeur : Soleil, collection Quadrants
  • Prix : 16.95 €
  • Parution : 11 mars 2020
  • ISBN : 9782302081796

Résumé de l’éditeur : Andrew Taylor Still, intelligent et déterminé, embrasse la même carrière que son père, dans une Amérique frustre où la médecine consiste à soulager le patient avec de l’alcool. À force d’observations et d’études notamment avec les indiens, il imagine une pratique centrée sur le squelette car des os bien en place permettent aux fluides de circuler et ainsi le corps comme l’esprit s’en portent mieux.

Les artilleuses, tome 1

Trois voleuses haute-en-couleur exercent leurs talents dans un Paris alternatif. Leurs exploits sont contés dans Les artilleuses, la nouvelle série Drakoo signée Pierre Pevel et Etienne Willem.

Cette nouveau saga d’aventure se base sur l’univers Le Paris des merveilles, un monde imaginé par Pierre Pevel. Le romancier français a développé Paris au début du XXe siècle, entre steampunk et magie. Si Les artilleuses sont issues de cet univers, elles n’en sont pas une adaptation du roman; c’est une histoire inédite mais en bande dessinée.

Paris, 1911, agence de la Banque de Paris et Brocéliande. La fermeture arrivant, les employés vont pouvoir partir. C’était sans compter sur Les artilleuses – Lady Remington, Mam’zelle Gatling et Miss Winchester – prêtes à cambrioler l’établissement. De la TNT sur la porte de la chambre forte et elles peuvent ensuite y pénétrer. Elles raflent une grande partie du coffre et fuient par l’arrière de la banque.

Pour se faire oublier, elles logent chez Hugo Barillet, un complice. Elles sont contentes de leur butin mais surtout de la  sigillaire emportée dans le vol…

Ce qui nous marque tout de suite dans Les artilleuses, c’est sa partie graphique. On aime le travail d’Etienne Willem. Son trait semi-réaliste, tout en rondeur et un peu humoristique est idéal pour cette série. Comme pour sa précédente publication, La fille de l’exposition universelle, son dessin fait mouche. Son bestiaire et ses créatures magiques sont aussi très beaux. Aidé aux couleurs par Tanja Wenish, il réalise de très jolies planches, pleines de vie et de mouvements. En plus, il a un vrai sens de composition de ses couvertures. L’entremêlement des décors et des trois héroïnes est très agréable à l’œil.

L’histoire, quant à elle, est simple et bien ficelée. Pierre Pevel sait tenir en haleine son lectorat. Ce n’est pas révolutionnaire dans ce genre mais c’est sympathique à lire.

Les artilleuses : très bon premier volume pour cette saga d’aventure grand public.

  • Les artilleuses, tome 1 : Le vol de la sigillaire
  • Scénariste : Pierre Pevel
  • Dessinateur : Etienne Willem
  • Coloriste : Tanja Wenish
  • Éditeur : Drakoo
  • Prix : 14 €
  • Parution : 04 mars 2020
  • ISBN : 9782490735006

Résumé de l’éditeur : Si rien n’explose, c’est qu’elles se sont trompées quelque part. Nous sommes en 1911, dans le Paris des Merveilles où vivent des fées, des enchanteurs, des gnomes et même quelques dragons. Les Artilleuses font peut-être leur dernier coup : le vol d’une mystérieuse relique – la Sigillaire – vaut a Lady Remington, Miss Winchester et Mam’zelle Gatling d’être pourchassées non seulement par les Brigades du Tigre, mais également par les redoutables services secrets du Kaiser…

Le bruit des gens

Les éditions Lapin dévoile Le bruit des gens, une sympathique autobiographie dessinée de Nikesco, entre amour, vie quotidienne et surdité.

Pour son premier album de bande dessinée, Nikesco a décidé de raconter sa vie en image. Ce jeune trentenaire est sourd. Pas très simple dans un monde d’entendants. Mieux, il est gay. Pas simple dans un monde hétéronormé. Mais cela ne l’empêche en rien de vivre. Mieux, il lui arrive des aventures souvent drôles et cocasses. Pour décrire son univers et son quotidien, il fait preuve d’une très grande auto-dérision. Ce n’est jamais simple de ne pas avoir le beau rôle mais c’est tellement intelligent que cela lui permet de mettre de la distance et d’en rire. Nous avec lui !

Le bruit des gens est composé de petites saynète qui permettent à Nikesco de nous faire ressentir son monde de mal entendant. Si le lecteur ne peut pas se mettre à sa place, il peut en comprendre certains enjeux. Et rien que pour cela, cet album mérite sa lecture et d’exister.

Tenter de communiquer avec les autres n’est jamais simple. Pourtant, Nikesco parle avec quelques difficultés mais il fait de gros efforts. Des années chez les orthophonistes pour entrer dans notre monde d’entendants. Il nous explique aussi pourquoi parfois il ne nous comprend pas. C’est juste que nous ne faisons pas attention à notre bouche. Il lit sur les lèvres et nous on dissimule, on ne se met pas en face, bref, la galère.

Nikesco vit en colocation avec Casper, un petit gars avec qui il partage tout, notamment ses tentatives avec les mecs. Pas simple là non plus.

Le lecteur rigole beaucoup avec Le bruit des gens, mais il ne prend jamais pitié de la situation de Nikesco parce que lui s’en accommode, c’est sa vie. Et surtout, il ne veut en aucun cas que l’on s’apitoie sur son sort.

  • Le bruit des gens
  • Auteur : Nikesco
  • Éditeur : Lapin
  • Prix : 18 €
  • Parution : 28 février 2020
  • ISBN : 9782377540662

Résumé de l’éditeur : La surdité, c’est connu, ça s’entend, ça se ressent… mais ça n’est toujours pas très bien maîtrisé, respecté ou facile à vivre au quotidien. Nikesco nous donne un florilège de situations décalées, souvent drôles et souvent critiques, où les maladresses, négligences et malentendus ponctuent ses rencontres et ses relations. Qu’il s’agisse de ses propres bourdes ou de celles des autres, Nikesco fait de chaque erreur un moyen d ‘agir mieux entre entendant et malentendant, tout en se moquant de pas mal de clichés de société au passage. Des démarches administratives aux moments les plus intimes, son regard de bédéaste sourd apporte un témoignage moderne, cru et sincère sur un handicap encore mal compris. Une série de scènes quotidiennes en ville ou en vacances, seul ou accompagné, qui brosse avec justesse, cynisme et autodérision la surdité de Nikesco.

Sacré Coeur, l’automate des Buttes-Chaumont

Amélie Sarn et Laurent Audouin dévoilent un nouvel opus des Aventures fantastiques de Sacré Coeur : L’automate des Buttes-Chaumont. Encore une sympathique histoire pour les plus jeunes !

Nous vous avions présenté le premier volume de Victor & Adélie mais pas encore Les aventures fantastiques de Sacré Coeur, la série-mère. Avec 11 albums au compteur, cette dernière est déjà bien installée dans l’univers des albums jeunesse. Les livres de Victor & Adélie se déroulent, quant à eux, trente ans plus tôt.

Paris sert essentiellement de décor à Sacré Coeur, un petit garçon qui adore résoudre des énigmes. Bricoleur hors-pair, il habite pour un temps avec Mme Finelouche, sa tante dans la capitale française. La grande sœur du papa de Sacré Coeur est couturière et très bonne cuisinière. L’enquêteur peut aussi compter sur ses deux amies : Abigail, petite fantômette écossaise et Mimi, chauve-souris peureuse.

Dans L’automate des Buttes-Chaumont, Sacré Coeur fait la connaissance de Georges Méliès, le prestidigitateur-réalisateur, connu du grand public pour ses films muets aux effets spéciaux de génie, tel Le voyage dans la Lune. D’ailleurs le petit garçon accompagné de sa maman se rend à l’une des projection de ce court métrage mythique…

Comme d’habitude, le lecteur est accroché par l’histoire imaginée par Amélie Sarn. Il y a de l’aventure, du suspense mais il y a aussi toujours du fond. Ici l’autrice aborde la thématique du cinéma et plus particulièrement de ses débuts. Elle y ajoute des automates et du fantastique, un cocktail idéal pour les plus jeunes.

Comme d’habitude, le lecteur est accroché par la partie graphique de Laurent Audouin. C’est toujours coloré, chaleureux et agréable à l’œil. En plus, l’auteur pictavien joue avec l’univers de Sacré Coeur, puisqu’il modélise les inventions du petit garçon. Ses créations sont d’ailleurs visibles dans une exposition ludique qui parcourt la France.

Le aventures fantastiques de Sacré Coeur : de l’aventure, de l’humour, du suspense, de la magie et du fantastique, porté par un dessin toujours au top ! On aime, on recommande !

  • Les aventures fantastiques de Sacré Coeur : L’automate des Buttes-Chaumont
  • Scénariste : Amélie Sarn
  • Dessinateur : Laurent Audouin
  • Éditeur : Le Lézard noir, collection Le petit lézard
  • Prix : 14 €
  • Parution : 16 janvier 2020
  • ISBN : 978-2353481620

Résumé de l’éditeur : Pour une fois, tout semble aller pour le mieux au 28, rue du Chemin-vert. Les parents de Sacré-Cœur sont venus lui rendre visite et tante Finelouche a décidé de les emmener voir un spectacle extraordinaire : une séance de cinématographe au parc des Buttes Chaumont ! Mais dans les allées du parc, c’est la panique. Des enfants sont enlevés en plein jour par une étrange créature. C’est une affaire pour Sacré-Cœur et Abigail. D’ailleurs un certain Georges Méliès pourrait bien être mêlé à ces disparitions…

Blue Flag 4

Après trois premiers volumes enchanteurs et drôles, Kaito est de retour pour un quatrième volume de Blue Flag, son manga humoristique chez Kurokawa.

Taichi a une mission de la plus haute importance à effectuer : demander subtilement à Tôma ce qu’il a l’intention de faire après son bac. Ce dossier ultra-important lui est confié par Seiya, le grand frère de son ami. Il faut souligner que ces deux-là ont souvent du mal à se comprendre et se fâcher constamment, même à l’hôpital ou séjour le baseballeur.

La tâche s’avère difficile pour Taichi puisque son ami ne lui a jamais parlé de ces futurs projets après le lycée. Pourtant, il n’a pas le choix, Seiya le fait chanter parce qu’il peut dévoiler une photo compromettante…

Nous avions adoré les trois premiers volumes de Blue Flag et nous sommes toujours dans le même esprit après avoir lu le quatrième opus : enthousiastes ! De manière habile, Kaito aborde des thématiques universelles liées à l’adolescence avec une grande justesse. Il parle d’amitié, d’amour et d’homosexualité. Les relations humoristiques et parfois étonnantes entre Taichi et Tôma sont un vrai délice. Ils sont différents mais tellement complices que tout cela est drôle. Il y a ajoute Futaba, jeune fille naïve et timide, qui ne sait plus trop où se situer entre les deux gaillards.

Kaito sait y faire pour apporter de l’humour à son récit en accentuant les expressions par une partie kawai bien sentie. Le pauvre Taichi se voit donc décliner en tout petit pour encore plus de drôlerie.

Blue Flag : une série sympathique, drôle et intelligente sur l’adolescence ! On aime, on conseille !

  • Blue Flag, volume 4
  • Auteur : Kaito
  • Éditeur : Cambourakis
  • Prix : 7.65 €
  • Parution : 09 janvier 2020
  • ISBN : 9782368528488

Résumé de l’éditeur : Des feux d’artifice scintillent dans le ciel d’un soir d’été. Seiya demande à Taichi de sonder Tôma pour savoir ce qu’il a l’intention de faire après le lycée. Cependant, le temps passe et le jour de sortie de l’hôpital de Tôma arrive, sans que Taichi ait trouvé l’occasion d’aborder le sujet. De son côté, en apprenant que l’anniversaire de Taichi approche, Futaba décide de le fêter à quatre, le soir du feu d’artifice qui tombe le même jour.

Où es-tu ?

Les éditions Cambourakis dévoilent Où es-tu ?, un très joli album de l’autrice madrilène Bea Enriquez sur les trentenaires d’aujourd’hui.

C’est sur son ressenti, ses expériences ou celles de proches que Bea Enriquez a composé Où es-tu ? Pour cela, elle met en image de petites saynètes douces, chaleureuses et parfois drôles. Elle s’interroge – et donc ses lecteurs – sur ce qu’est être un trentenaire de nos jours.

L’album s’ouvre sur une partie de pêche entre son père et elle plus jeune, se poursuit par une dispute entre elle et son chéri à propos de chaussettes qu’il a volontairement jetées par la fenêtre, son désarroi de se retrouver seule dans son lit, puis d’une course de natation dans une rivière près de chez elle ou encore une soirée dans un bar des Asturies avec ses amies.

Si l’on apprécie ces petits moments, on aime surtout la partie graphique de Où es-tu ? Le trait faussement naïf et enfantin de Bea Enriquez lui permet de mettre de la distance entre son vécu et l’album. Il apporte à la fois cette chaleur et cette humour dont le récit n’est pas dénué.

  • Où es-tu ?
  • Autrice : Bea Enriquez
  • Éditeur : Cambourakis
  • Prix : 22 €
  • Parution : 08 janvier 2020
  • ISBN : 9782366244670

Résumé de l’éditeur : A quoi ressemble la vie des trentenaires au XXIe siècle ? Bea s’interroge à travers ses propres expériences. Qu’elle évoque ses séances de natation, ses rencontres amicales et amoureuses, son travail ou son adoption d’une hérissonne, elle éclaire avec sensibilité et humour les préoccupations de toute une génération. Le tout servi par un véritable don pour observer et restituer les petits riens du quotidien, les attitudes et les émotions de chacun.

5 cm per second

Les éditions Pika dévoilent les deux premiers volumes de 5 cm per second, l’adaptation en manga du film d’animation éponyme signée Makoto Shinkai et Yukiko Seike.

C’est donc le réalisateur Makoto Shinkai qui réalise lui même la déclinaison en manga de son long métrage d’animation. Il avait déjà fait de même auparavant pour son chef-d’oeuvre Your Name (édité en langue française par Pika).

C’est le jour de la rentrée. Akari arrive dans la même classe de CM1 que Takaki. Quelques minutes plus tard, ils font la connaissance dans la bibliothèque de l’établissement. A la demande de la fille, le jeune garçon lui montre alors ses endroits préférés : le majestueux cerisier et le temple. C’est le début d’une belle amitié.

Leurs vies se séparent lorsque de nouveaux leurs parents sont mutés dans une autre ville. Takaki part dans le sud, tandis qu’Akari part pour le nord du Japon. Ils s’écrivent régulièrement et leur attirance se développe alors par missives interposées…

Makoto Shinkai imagine une belle et tendre histoire d’amour entre deux adolescents qui sont éloignés par des milliers de kilomètres. Cette romance est plutôt sympathique et gentillette. Sans révolutionner le genre, elle permet de passer un agréable moment de lecture. On regrettera le rythme parfois un peu lent de certaines séquences.

Pour accompagner le réalisateur, c’est Yukiko Seike qui réalise la partie graphique. Celle-ci est plutôt jolie, très fluide et tout en douceur, comme l’exige le propos du récit.

  • 5 cm per second tome 1
  • Scénariste : Makoto Skinkai
  • Dessinateur : Yukiko Seike
  • Éditeur : Pika, collection Shônen
  • Prix : 8.20 €
  • Parution : 29 janvier 2020
  • ISBN : 9782811651657

Résumé de l’éditeur : La première fois que le jeune Takaki rencontre sa camarade Akari, c’est à la rentrée du CM1. Elle vient de déménager à Tokyo et est nouvelle dans l’école. Tous deux sont habitués à changer de ville au gré des mutations professionnelles de leurs parents, ce qui les rapproche immédiatement. Peu à peu, leurs points communs se muent en amitié, puis cette amitié se transforme en amour. Mais leur histoire est interrompue par cette même fatalité : la famille d’Akari est mutée dans le nord du Japon, puis Takaki doit partir pour Tanegashima, une île isolée du sud… Pourtant, malgré cette distance, le lien qui les unit ne sera pas rompu.

Prénom Inna, une enfance en Ukraine

Cheffe de file des Femen pendant plusieurs années, Inna Shevchenko dévoile sa vie dans Prénom : Inna, une enfance en Ukraine. Pour cela, elle est aidée au scénario de Simon Rochepeau et au dessin par Thomas Azuelos.

Dissidente ukrainienne, Inna Shevchenko raconte son enfance et son adolescence dans cette très belle bande dessinée, juste, forte et engagée.

L’album s’ouvre sur une séquence éprouvante pour la militante : elle était l’invitée d’une conférence à Copenhague quelques semaines après les attentats de Charlie Hebdo. Un homme armé tire. Elle est mise en sécurité.

« Je dois tenir bon »

Cet événement la renvoie à son passé; une enfance et une adolescence en Kherson en Ukraine. On la découvre combattante, elle qui croit en la politique de Ioulia Timochenko, au point de se faire la même coiffure.

Enthousiasmé par leur précédente publication, La ZAD c’est plus grand que nous, nous sommes de nouveau épatés par le travail de Rochepeau et Azuelos. Leur œuvre se met en place petit à petit. Une œuvre militante et engagée. Leur sujet, Inna Shevchenko, est fort et semble les inspirer. Défense des Droits de l’Homme, lutte pour les Droits des Femmes et liberté d’expression sont au cœur de ce premier tome d’un diptyque qui débute très bien. Le suivant mettra vraisemblablement en image les combats des Femen et l’exil d’Inna en France.

  • Prénom : Inna, une enfance en Ukraine, tome 1/2
  • Scénaristes : Inna Shevchenko et Simon Rochepeau
  • Dessinateur : Thomas Azuelos
  • Éditeur : Futuropolis
  • Prix : 18 €
  • Parution : 05 février 2020
  • ISBN : 9782754827379

Résumé de l’éditeur : Kherson, en Ukraine, janvier 1996. Inna a 6 ans. Elle regarde, par la fenêtre de l’appartement où elle vit avec ses parents et sa soeur aînée Yulia, le noir qui enveloppe les sinistres immeubles de la cité. Inna adore quand « le vieux géant » coupe l’électricité. Pour ses parents comme pour les autres habitants, c’est l’état de délabrement du pays qui provoque ces coupures à répétition, et qui ne facilitent pas la vie quotidienne. L’effondrement de l’U. R. S. S., sept ans plus tôt, a provoqué une perte totale des repères, une paupérisation absolue, et la prospérité des mafias et des seigneurs de guerre. La petite Inna subit de plein fouet le déclassement humiliant de ses parents, en même temps qu’elle observe son oncle Vanya s’enrichir frauduleusement. En septembre 2000, le journaliste dissident Gueorgui Gongadzé est enlevé et assassiné. Une partie du peuple est scandalisée et soupçonne le président Leonid Koutchma d’être le commanditaire de cet assassinat. C’est à ce moment-là qu’Inna décide de devenir journaliste, comme Gongadzé. Elle n’a que dix ans, mais la figure de ce héros va la hanter durablement…

Shino ne sait pas dire son nom

Après Les liens du sang, Shuzo Oshimi revient avec Shino ne sait pas dire son nom, encore un manga d’exception édité par Ki oon.

Cloîtrée dans sa chambre, Shino répète son discours de bienvenue pour ses futurs camarades. Dans quelques jours, cette jeune adolescente timide fera sa rentrée au lycée.

Après le discours du proviseur, tous les élèves rejoignent leur classe avec leur professeur principal pour le premier jour de classe. Cette année, Etsuno Ogawa sera la professeure référente de Shino. Le premier exercice consiste tout simplement à se présenter aux autres. En écoutant ses camarades, la tension grandit chez l’adolescente. Elle n’arrive pas à prononcer son propre nom et prénom. C’est une catastrophe ! Quelques uns se moquent d’elle.

A chaque question des professeurs, c’est la même chose, Shino n’arrive pas à parler devant la classe. Mme Ogawa sent son angoisse et tente de l’aider…

Découverte avec Les fleurs du mal et la série glaçante Les liens du sang, Shuzo Oshimi dévoile Shino ne sait pas dire son nom, un formidable one-shot.

La mangaka dépeint ainsi la période souvent trouble de l’adolescence par une aphasie particulière, celle de parler devant les autres. Si Shino n’est pas agoraphobe, elle a du mal à s’exprimer lorsque tout le monde la regarde. Ce trait caractéristique rare de la personnalité n’est pas une exclusivité de l’adolescence. Mais conjugué à ce moment charnière d’une vie, il peut s’avérer handicapant.

Edité dans la collection Kizuna – grand public – Shino ne sait pas dire son nom puisqu’il s’adresse à tout le monde, se finit bien. La jeune lycéenne croise la route de Kayo. Elles s’épauleront pour un futur plus doux.

Shino ne sait pas dire son nom : un manga tout en délicatesse, très juste et sensible.

  • Shino ne sait pas dire son nom
  • Autrice : Shuzo Oshimi
  • Éditeur : Ki oon, collection Kizuna
  • Prix : 7.90 €
  • Parution : 19 mars 2020
  • ISBN : 9791032706015

Résumé de l’éditeur : Aujourd’hui est un grand jour pour Shino : elle entre au lycée ! Timide et renfermée, la jeune fille rêve de prendre un nouveau départ et de se faire enfin des amis. Mais ce qu’elle redoutait finit par arriver… Au moment de se présenter, elle bute sur son propre nom. Incapable de le prononcer, elle devient la risée de la classe ! Shino est atteinte d’un trouble de la parole. Complexée depuis l’enfance par ce handicap, elle préfère se tenir à l’écart plutôt que d’affronter le jugement des autres. Pourtant, le vent tourne quand elle rencontre Kayo… Avec courage et maladresse, les deux adolescentes vont se lancer dans un projet artistique aussi original que libérateur ! Shuzo Oshimi, auteur intimiste des Fleurs du mal et des Liens du sang, nous livre une nouvelle facette de son talent. Atteint à l’adolescence du même trouble de la parole que Shino, il dépeint les émotions de son héroïne avec une délicatesse unique.

Les c(h)oeurs évanescents

Après Eclat(s) d’âme, Yuhki Kamatani revient avec Les c(h)oeurs évanescents, un très joli manga autour de la musique, d’une chorale et d’un jeune garçon doué pour cet art.

Yukata arrive tout juste en ville et va bientôt entrer au collège. Ce jeune garçon sensible et frêle possède une oreille musicale très développée. A peine quelques sons s’envolent dans le ciel, qu’il est attiré. Il entend au loin Au printemps et se précipite vers cette douce mélodie.

Elle vient de la salle de musique. Une chorale répète. Il décide de rejoindre Tomoya sur le grillage en face de la classe. Yukata est alors envahit par l’émotion et laisse couler des larmes sur ses joues. C’est décidé, il veut faire partie de leur groupe de chanteurs. Mais, il a une particularité, il est soprano, un registre de voix d’habitude tenu par des femmes…

Découverte par le sublime Eclat(s) d’âme, Yuhki Kamatani imagine Les c(h)oeurs évanescents, encore une magnifique histoire, tout en douceur et en sensibilité.

Dans la même veine que Your lie in April, la mangaka déploie toute son intelligence pour créer un récit chaleureux et positif. Elle invente une très belle galerie de personnages, attachants, même les moins sympathiques. En premier lieu, le héros, Yukata, tout petit pour son âge, frêle, il est hypersensible, notamment à l’écoute d’une musique. Vrai mélomane à l’oreille quasi absolue, il possède cette voix d’ange, cristalline et pure. Si les autres redoutent, comme lui, qu’il la perdra lorsqu’il va muer, il chante en attendant ce moment particulier. C’est son arrivée qui donne de l’élan à la chorale, un vent de fraicheur qui les emmènera vers un grand concours de chant.

Le jeune adolescent est protégé par Tomoya, à des années lumière de sa personnalité. Pourtant, leurs différences les font se rapprocher. Il agit alors comme un grand frère que Yukata n’a pas.

Le lecteur est saisi par l’histoire, comme happé jusqu’à la fin. Il ne décroche pas de ce récit très humain, optimiste et beau. Une vraie surprise !

  • Les c(h)oeurs évanescents, volume 1
  • Autrice : Yuhki Kamatani
  • Éditeur : Akata, collection Medium
  • Prix : 8.25 €
  • Parution : 27 février 2020
  • ISBN : 9782889230877

Résumé de l’éditeur : Yutaka Aoi est un jeune garçon particulièrement sensible et réservé. Introverti, c’est grâce à la musique et au chant qu’il s’ouvre aux autres. Aussi, en entrant au collège, il souhaite en intégrer la chorale. Avec sa voix d’ange cristalline, il espère-même devenir soprano. Mais alors que la chorale manque de voix masculines, acceptera-t-on qu’il interprète une partie souvent confiée à des femmes ? Dans Nos c(h)oeurs évanescents, découvrez le quotidien tout en douceur et en poésie de jeunes artistes en quête d’eux-mêmes, à cette période si charnière qu’est la puberté.

La mécanique du sage

« En alternance », voilà l’état psychologique dans lequel se trouve Charles Hamilton. Alors qu’il devrait être heureux au vu de sa situation, il ne l’est pas. Gabrielle Piquet dévoile sa vie dans La mécanique du sage, un album tout en douceur édité par Atrabile.

Découverte par le très joli Les idées fixes (Futuropolis) et La nuit du misothrope (Atrabile), Gabrielle Piquet est une autrice de très grand talent. Née à Paris en 1979, elle suit les cours de l’Ecole européenne supérieure de l’image d’Angoulême. Elle obtient son diplôme en 2006 et débute sa carrière avec l’adaptation de Tout à l’ego de Benacquista (Trois fois un). Elle travaille ensuite sur Les enfants de l’envie (Prix Töpffer 2010) à la Maison des auteurs de la cité angoumoisine.

Pour son nouvel album, elle se penche sur la vie de Charles Hamilton, grand bourgeois habitant à Édimbourg au début du XXe siècle. Alors que tout lui réussi, qu’il est à l’abri financièrement, il n’est pas heureux dans sa vie. Son humeur est changeante. Il alterne entre des phases d’euphorie et des moments de spleen. Même sa petite fille ne suffit pas à lui faire remonter la pente. Il lui faudrait un homme sage pour le guider, le rassurer et le faire avancer…

Gabrielle Piquet s’inspire de la vraie vie de l’homme pour la raconter en dessin. Cet album tout en douceur, a le pouvoir d’interroger le lecteur. Qu’est-ce qu’une vie réussie ? Qu’est-ce que le bonheur ? Doit-on tout attendre de soi, des autres ? L’autrice met ainsi l’accent sur cette quasi obligation par nos sociétés contemporaines d’être heureux. Et si tout le monde ne pouvait pas y accéder ? Si tout le monde ne le recherchait pas tout le temps ? L’autrice navigue entre un humour très cynique, ironique et une bienveillance pour ses protagonistes.

La grande force de La mécanique du sage réside dans la psychologie des personnages, très recherchée et très juste. Elle est couplée à une partie graphique simple et minimaliste. Proche des premiers travaux de Jean-Jacques Sempé – dont elle admire l’œuvre – le dessin de Gabrielle Piquet est très beau.

  • La mécanique du sage
  • Autrice : Gabrielle Piquet
  • Éditeur : Atrabile
  • Prix : 15 €
  • Parution : 17 janvier 2020
  • ISBN : 9782889230877

Résumé de l’éditeur : Edimbourg, début du XXe siècle. Charles Hamilton a tout pour être heureux: un confort financier qui le met à l’abri du besoin, des nuits bien remplies et des journées oisives juste ce qu’il faut. Et pourtant, après la fête, c’est la descente. Victime de troubles de l’humeur, de hauts et de bas, Charles Hamilton se sent en alternance. Déçu par l’amour, Charles est néanmoins père d’une petite Sophia, mais ne voit pas là de quoi combler ce vide existentiel qui l’habite. Ce qu’il lui faudrait c’est un exemple – un maître, un sage, là, au fond de son jardin. En s’inspirant de l’histoire (réelle) de Charles Hamilton et de son « ermite ornemental », Gabrielle Piquet traque des maux bien modernes – recherche d’un bien-être perpétuel, positivisme à tout crin – et nous interroge sur cette dictature du bonheur qui voudrait éradiquer de nos vies toute forme d’aspérité, comme si la vie ne pouvait, ne devait être que réjouissance et béatitude. On retrouve dans La Mécanique du Sage toutes les qualités qui faisaient déjà le charme de La Nuit du Misothrope: un dessin aux influences retro tout en élégance, une écriture mélodieuse d’une grande finesse, avec en prime une touche d’ironie et un humour pince-sans-rire du plus bel effet.