Sudestada

Nommé pour le Prix Polar 2019 SNCF, Sudestada est un superbe récit noir signé Juan Saenz Valiente aux éditions Michel Lafon.

Buenos Aires. Jorge est un détective un peu désabusé par le genre humain. Bourru et fumeur, ce fin limier dans la soixantaine est célibataire. Il travaille avant tout pour le compte d’un patron souhaitant engager de futurs employés. Il enquête donc sur leur vie.

Jorge aime aussi jouer au futsal avec ses vieux amis. Les parties ne sont pas acharnées mais la troisième mi-temps animée. Le détective les écoute souvent, notamment sur leurs vies sentimentales qui vont souvent de travers.

Un jour, il accepte un nouveau dossier. Celui du mari de Elvira qui lui demande de suivre son épouse, une très grande chorégraphe. Cette mission rémunérée va bouleverser sa vie…

Après L’hypnotiseur et Cobalt (avec Pablo de Santis), Juan Saenz Valiente revient très fort avec Sudestada. Ce polar est formidable à tout point de vue : graphique et narratif ! Ce récit très accrocheur est fondé sur la personnalité de Jorge, un personnage haut en couleur, qui a des jugements souvent définitifs sur ses congénères. Le lecteur apprécie ses dialogues incisifs mais aussi les situations dans lesquelles il se retrouve. Il est brut de décoffrage et cassant; c’est aussi cela qui apporte de l’humour noir à ce polar. C’est d’une belle justesse au niveau de l’écriture.

Graphiquement, Buenos Aires est sublime sous les pinceaux de Valiente. Son trait réaliste est d’une belle force et lui permet de restituer l’ambiance sombre de son récit.

  • Sudestada
  • Auteur : Juan Saenz Valiente
  • Editeur : Michel Lafon
  • Parution : 26 avril 2018
  • Prix : 20€
  • ISBN : 9782749934945

Résumé de l’éditeur : Georges est un détective peu scrupuleux. Il a un sale caractère, il n’est pas aimable. Les affaires matrimoniales, il en a soupé. Il n’est pas payé pour faire du social. Quand le mari de la célèbre chorégraphe Elvira Puente débarque dans son cabinet, persuadé qu’elle a un amant, Georges est loin de se douter que cette enième filature va bouleverser sa vie..

Batman la légende, tome 1

Nommé dans la Sélection Patrimoine 2019 du Festival d’Angoulême, Batman la légende regroupe les meilleures histoires du Chevalier noir dessinées par Neal Adams.

Voici 23 récits de Batman regroupés dans un très beau recueil de plus de 370 pages ! Tous ont été dessinés entre 1968 et 1970 par Neal Adams aidé de six scénaristes (Bob Haney, Dennis O’Neil, Frank Robbins, Leo Dorfman, Cary Nates et Mike Friedrich) et trois coloristes (Dick Giordano, Vince Colletta et Joe Kubert).

Ces histoires sont à la fois rythmées, parfois émouvantes mais flirtant souvent avec le fantasmagorique. Elles font donc toutes parties de deux ères révolues mais prolifiques de l’Age de Bronze et de l’Age d’Argent des comics DC. On retrouve Batman en héros élégant, prêt à résoudre mille et une enquête avec toujours autant de conviction. Il est intelligent, fort mais parfois un peu top lisse (surtout après avoir lu les récits qui vont lui succéder). Le public de l’époque réclamait de l’action et il était servi par ces récits où tout était possible.

Si le lecteur peut parfois trouver l’enchaînement un peu répétitif, il est surtout soufflé par la beauté des dessins de Neal Adams (Green Lantern, Green Arrow). Sa partie graphique est d’une très grande puissance. Le découpage est rythmé comme le veulent les histoires, les cadrages de haute-volée et une élégance dans les mouvements rarement atteints.

  • Batman la légende, tome 1
  • Scénaristes : Bob Haney, Dennis O’Neil, Frank Roobins, Leo Dorfman, Neal Adams, Cary Bates et Mike Friedrich
  • Dessinateur : Neal Adams
  • Editeur : Urban Comics, collection DC Archives
  • Parution : 06 juillet 2018
  • Prix : 35€
  • ISBN : 9782365776707

Résumé de l’éditeur : Des bas-fonds de Gotham City surgissent de nouvelles menaces et Batman ne peut y faire face seul : c’est pourquoi il appelle à ses côtés des justiciers de renom comme Superman, Aquaman, Flash, le Creeper ou encore Deadman. De plus, un nouveau venu tient également à le rejoindre dans sa croisade contre le crime… Son nom ? Le Docteur Kirk Langstrom dit Man-Bat !

Peintures de guerre

Angel de la Calle imagine Peintures de guerre, un superbe roman graphique autour de l’exil et de l’art, aux éditions Otium.

Dans ce roman graphique d’une grande originalité et d’une excellente narration, Angel de la Calle (L’ange de la rue) s’invente un avatar de papier lui ressemblant pour conter ses aventures entre fiction et réalité. A travers 300 pages soutenues, intelligentes et accrocheuses, il parle des exilés d’Amérique du Sud, fuyant les dictatures, pour un avenir meilleur, vers l’Europe.

Avant tout, ces réfugiés sont soient riches, soient des artistes, soient les deux. Ils étaient en sursis en Argentine, en Uruguay ou au Chili, les voici, révoltés et à fleur de peau dans nos pays européens. Leurs richesses culturelles leur permettent de créer et de montrer au monde toutes les horreurs subies par les pairs encore là-bas.

Et au milieu, il y a Angel, romancier espagnol qui va croiser les immenses illustrateurs Jacques Loustal et Lorenzo Mattotti, mais aussi les écrivains Juan Goytisolo et Jean-Paul Sartre ou encore le réalisateur Raoul Coutard. Cet homme affublé de lunettes cherche toutes les informations sur Jean Seberg afin d’écrire une biographie sur cette actrice que Truffault fera tourner dans A bout de souffle.

Peintures de guerre : jolie surprise nommée en Sélection officielle 2019 du Festival d’Angoulême.

  • Peintures de guerre
  • Auteur : Angel de la Calle
  • Editeur : Otium
  • Parution : 26 avril 2018
  • Prix : 27€
  • ISBN : 9791091837118

Résumé de l’éditeur : Jean Seberg, le 11 septembre 1973 à Santiago, Debord et les Tupamaros… Qui d’autre qu’Angel de la Calle, auteur de Tina Modotti, pouvait conter ce qu’ils eurent de commun ou auraient pu avoir… À la façon du Marelle, de Cortazar, l’auteur nous offre un roman graphique déconcertant, une mémoire des vaincus de la « Guerre froide » culturelle que l’Empire étasunien ména aux avant-gardes sudaméricaines dans les années 1970. Selon Paco Ignacio Taibo II, « Peintures de guerre confirme tout mon amour pour la bande dessinée, ce langage unique qui n’est pas une combinaison de texte et de dessin mais quelque chose d’indéfinissable qui sert à raconter des histoires. Cela faisait des mois que je n’étais pas tombé sur l’une de ces oeuvres qui vous change la vie, vous la rend meilleure. »

Mon père ce poivrot

Itinéraire d’un homme tombé dans l’alcool que tout le monde abandonne dans Mon père ce poivrot, un album touchant de Louis chez Grand Angle.

Saint-Denis en région parisienne. Comme à son habitude, Lulu vient noyer son chagrin dans le bar de Salim. Il y a là les habitués, ceux se ce troquet de banlieue.

Ce brave Lulu s’arrête net devant un reportage d’un chaîne d’infos en continue. Il a reconnu quelqu’un. Mais qui ? Il est obnubilé par cette vision. Il décide alors de quitter sa maison pour rejoindre cet inconnu. Pas simple lorsque l’on est porté sur l’alcool. Malgré sa bonne volonté qui ne dure jamais longtemps – à cause du sevrage – il ne peut pas freiner son envie de boire…

Dans Mon père ce poivrot, tout est là. Tous les mécanismes sont décryptés. Limpides et sans fard. Couplé à une histoire humaine touchante et parfois poignante, on obtient un album fort et pudique.

Comme Louis l’explique en préface, Mon père ce poivrot n’est pas réellement son histoire et celle de son père mais plutôt une autofiction ou comme il la nomme : une fictiographie.

L’auteur de Mon homme (presque) parfait prend le temps de dévoiler le passé de Maurice Louis alias Lulu; sa famille adoptive, sa femme qui l’a quittée et son fuit qui l’a fuit. On pensait que sa vie serait heureuse – elle avait bien démarrée notamment grâce à une famille de substitution aimante  – mais l’alcool l’a rattrapé. Il se cherche des excuses : « Bon tiens, j’en ai toujours voulu à ma mère pour m’avoir abandonné «  et veut se racheter.

Il y a de l’espoir, une lumière dans ce récit contrairement à Mal de mère de Rodéric Valambois, un de plus beaux albums de bande dessinée sur ce thème. Nous pourrions aussi ajouter Alcoolique de Jonathan Ames ou encore June de Nicolas Moog.

  • Mon père ce poivrot
  • Auteur : Louis
  • Coloriste : Véra Daviet
  • Editeur : Grand Angle
  • Parution : 09 janvier 2019
  • Prix : 16.90€
  • ISBN : 9782818966075

Résumé de l’éditeur : Nous ne sommes pas que nos faiblesses. Nous sommes ce que nous essayons d’en faire. Lucien Basset est alcoolique. Au dernier degré. Celui qui vous pousse à boire même de l’éther. Tout le reste a fini par passer après le bistrot. Sa femme l’a quitté, mais il est aussi sans nouvelles de son fils depuis trois ans. Un soir, pourtant, il décide que cette fois, c’est la bonne ! Il arrête de picoler parce qu’il a un truc important à faire ! Il a rendez-vous avec quelqu’un pour lui sauver la vie !

Kaboul requiem

La série culte Kaboul Disco de Nicolas Wild et Sean Langan a enfin une suite : Kaboul requiem. Encore une excellent album humoristique sur fond de guerre en Afghanistan.

Découvert par le prodigieux Ainsi se tut Zarathoustra en 2013, Nicolas Wild avait auparavant imaginé Kaboul Disco, un diptyque drôle au pays des Talibans. Après 10 ans d’attente, l’auteur livre enfin une suite à cette excellente histoire.

Alors que sa femme le met en garde, Sean Langan veut retourner à Kaboul. Le journaliste n’en n’a que faire des supplications de son épouse, il se décide à repartir dans la capitale afghane en 2008.

A peine arrivé, deux agents de la CIA tente de le convaincre de leur donner toutes les informations qu’il glanera sur les Talibans. Hors de question ! Il part rencontrer l’émir Haqqani, chef de la région…

Cet album passionnant et drôle se lit avec une grande facilité. L’humour est avant tout centré sur la naïveté de Sean et l’opposition de vie entre les Occidentaux et les Talibans.

  • Kaboul requiem
  • Auteurs : Nicolas Wild et Sean Langan
  • Editeur : La Boîte à Bulles, collection Contre-coeur
  • Parution : 21 novembre 2018
  • Prix : 19€
  • ISBN : 9782849532911

Résumé de l’éditeur : Son épouse a beau le supplier de ne plus risquer sa vie en Afghanistan, Sean Langan ne peut d’empêcher d’y retourner. Ce pays, le journaliste anglais, le connait comme sa poche depuis son premier reportage là-bas, en octobre 1999, pour la BBC. C’était avant le 11 septembre, avant l’intervention des troupes occidentales… En 2008, alors que Sean cherche à interviewer un chef pachtoune taliban, combattant les forces de l’OTAN, lui et son fixer se font kidnapper en zone tribale pakistanaise. Leur vie ne tient plus qu’à un fil… Heureusement, son humour anglais le tient à l’abri du désespoir. Et les complexes mais généreuses règles de l’hospitalité pachtounes le protègent finalement des pires menaces. Depuis son cachot, Sean se fait même l’observateur avisé des tensions qui agitent ces tribus d’hommes d’honneur… Au travers des aventures de Sean Langan, Nicolas Wild porte une nouvelle fois un regard décapant et plein d’humour sur la réalité afghane.

 

La cendre et le trognon

Lorsque trois personnages se croisent et se recroisent dans une banlieue anonyme, cela donne La cendre et le trognon, un album sensible et singulier de Gwenaël Manac’h aux éditions 6 pieds sous terre.

Qui sont vraiment Pauline, Sim et Okesh ? Trois anonymes qui se croisent et se recroisent au fil de leur vie. Trois personnes lambda qui vivent des aventures humaines du quotidien, entre rires, larmes et colère.

Dans une gare quelconque de banlieue française, Pauline et ses parents se préparent à partir. Une première pour la petite fille. De son côté, Okesh et ses parents empruntent les mêmes lieux. Puisqu’il est grand, son père charge un peu plus son sac. Quant à Sim et ses parents, ils grimpent dans un train. Son père traine tant bien que mal un immense sac très lourd…

La cendre et le trognon est le premier album de Gwenaël Manac’h. Une première qui laisse présager le meilleur pour cet auteur né en 1990. Avec douceur et bienveillance, il brosse le portrait de ces trois anonymes qui se lient et se délient au fil de leurs existences. Dans une ville où rien ne semble vraiment humain, il réussit le pari de la  rendre humaine par ces trois protagonistes. Ils se sont connus au collège, se sont perdus de vue et entamés leur vie d’adulte. Un chemin commun au départ qui diverge à l’arrivée. L’un est resté dans la cité, n’a pas trop progressé socialement et est maintenant en rage contre tout.  Les deux autres reviennent par des chemins de traverse.

La cendre et le trognon : étonnant et singulier récit d’une femme et de deux hommes, amis d’enfance, proches mais si loin les uns des autres.

  • La cendre et le trognon
  • Auteur : Gwenaël Manac’h
  • Editeur : 6 pieds sous terre
  • Parution : 03 janvier 2019
  • Prix : 15€
  • ISBN : 9782352121466

Résumé de l’éditeur : La Cendre et le Trognon suit le parcours de Pauline, Okesh et Sim, trois jeunes à l’orée de leur vie d’adulte. Chacun porte en lui le poids de son héritage social et familial. Chacun, à sa manière, fera avec ou tentera de s’en débarrasser. Au fil des aventures et des rencontres, ils se croisent et se construisent, se perdent et se retrouvent dans une ville tissée de réseaux ferroviaires fantômes, essayant de trouver leur place dans le monde d’aujourd’hui. La Cendre et le Trognon est un récit constellé d’éléments symboliques et ancré dans une réalité déshumanisante. Son jeune auteur, Gwenaël Manac’h, parle le langage vrai de la jeunesse vibrante, et dans une insolente virtuosité graphique, trace les lignes et les limites de la transmission culturelle et sociale entre les générations. Entre ce que nous choisissons d’être face aux autres, et ce que les autres nous apprennent de nous-même, quelque chose se dessine : Image de soi, reflet, rencontre de l’autre, autant de parties de ce que l’on devient. Relation amoureuse, poids du passé, rébellion active, entraves de la post-adolescence… Pauline, Okesh et Sim nous font vivre les troubles du monde de demain, l’espoir en horizon, la révolte sous-jacente et les interrogations salvatrices.

Le quotidien extraordinaire

Nommé dans la Sélection jeunesse 2019 du Festival d’Angoulême, Le quotidien extraordinaire de Aki conte les folles aventures de Monsieur Lapin. Drôle et décalé.

Voilà un album jeunesse étonnant, drôle et décalé. Rare pour les plus jeunes lecteurs, Aki mise sur des situations cocasses emplies de non-sense. Il met en scène Monsieur Lapin à qui il arrive d’étonnantes aventures, entre fantastique, rêves et folie-douce.

De son vélo qui s’envole dans les airs lorsqu’il pédale à sa télécommande qui met fin à l’histoire, tout est génial-formidable dans ce recueil de gags en une planche. Pizza au fromage, bronzette sur la plage, pique-nique à l’ombre d’un arbre, pêche sur un lac, bain, promotions au supermarché, rhume au musée, voyage en train, nettoyage de la maison à la serpillière, découverte d’un sabre dans une poubelle, sport sur une tapis roulant ou film d’horreur, Monsieur Lapin est gâté par la vie qui devient devant ses yeux, extraordinaire !

C’est joyeux, c’est fou, c’est rafraichissant et c’est très drôle. Une très belle manière de faire découvrir le surréalisme, le non-sense, le burlesque et la poésie aux plus petits ! A rapprocher de L’ours Barnabé (Coudray, La Boîte à Bulles), ces saynètes sans texte trouveront à coup sûr leur public tant Aki sait mener sa barque vers les rivages de l’absurde.

Le quotidien extraordinaire : fantaisie à toutes les pages !

  • Le quotidien extraordinaire
  • Auteur : Aki
  • Editeur : Gallimard, collection Giboulées
  • Parution : 14 juin 2018
  • Prix : 12.90€
  • ISBN : 978-2075096935

Résumé de l’éditeur : Monsieur Lapin a peut-être une apparence ordinaire mais son quotidien, lui, est extraordinaire ! Il déterre des carottes géantes dans son potager, plonge dans son bain pour découvrir raie, tortue et poissons, fait pleurer les oignons, excelle en tant que sprinter en supermarché… Ce nouveau personnage drôle et attachant chemine dans un monde parsemé de situations cocasses et nous invite à partager une vision du monde tendre et enchantée.

Blue Giant

La vie de Dai est bouleversée lorsqu’il découvre le saxophone ainsi que le jazz. Plongée dans Blue Giant, une sublime série musicale de Shinichi Ishizuka éditée par Glénat.

Elève en terminale, Dai Miyamoto est entrainé dans un club de jazz par un de ses camarades. Le jeune adolescent est troublé par la musique et par le saxophone en particulier. En rentrant chez lui , c’est décidé, il va apprendre seul à jouer de cet instrument de la famille des cuivres.

Au fur et à mesure que le temps passe, il devient meilleur au point de vouloir devenir le plus grand des jazzmen, alors qu’il apprend uniquement à l’oreille puisqu’il ne sait pas lire une partition. Le plus compliqué aussi pour Dai est de laisser de côté le basket, l’autre passion de sa vie…

Loin de l’univers de Vertical et des montagnes, Shinichi Ishizuka fait parler son grand talent avec Blue Giant. Quelle surprise et quelle claque que ce manga ! Toujours délicat d’évoquer la musique en bande dessinée, à l’image de Your lie in april, Le piano oriental, Le petit rêve de Georges Frog ou Loup, le mangaka réussit ce tour de force. Tout y est : la mélodie, la force du son et les émotions procurées à Dai.

Son récit est accrocheur, notamment par des personnages secondaires attachants. Le destin de Dai n’est pas un long fleuve tranquille, tout ne lui réussit pas facilement. La force vient surtout d’une narration originale et prenante. Ishizuka alterne les angles de vue : la découverte mais surtout les gens qui le côtoient ou l’ont côtoyé parlent de lui et de son désir de devenir jazzman. De plus, la partie graphique en noir et blanc est puissante.

Blue giant : un manga agréable et bienveillant

Blue Giant, tome 1
Auteur : Shinichi Ishizuka
Editeur : Glénat Manga
Parution : 06 juin 2018
Prix : 7.60€
ISBN : 9782344025512

Résumé de l’éditeur :Pour être le premier… Dai Miyamoto est en terminale. Il fait partie de l’équipe de basket, travaille à mi-temps dans une station service, et vit seul avec son père et sa petite soeur. Surtout, il s’est pris de passion pour le jazz depuis le collège. À tel point qu’il joue tous les jours sur les berges de la rivière, peu importe les conditions météo. Qu’il pleuve, qu’il vente ou que la canicule soit au rendez-vous, il joue. Il veut être un géant du jazz et reste persuadé qu’il peut y arriver. Seulement, pour cela, il va devoir se confronter à la réalité : entre les explications aux amis, les premières représentations chaotiques et les rencontres diverses, la détermination de Dai va être mise à rude épreuve…Le trait si précis de l’auteur de Vertical s’attaque cette fois-ci à un défi de taille : la musique en général et le jazz en particulier. Et force est de reconnaître que le défi est relevé avec brio : les notes s’envolent littéralement des pages et l’on se met à vibrer pour les péripéties de Dai, prêt à tout pour briller au firmament du jazz. Pour tous les fans de musique comme pour les autres, Blue Giant vous ouvre les portes d’un nouveau monde.

Wonder Pony, panique au collège

Louison se transforme Wonder Pony, une super-héroïne d’internat dans cette belle série signée Marie Spénale aux éditions Jungle.

Etonnament Wonder Pony est nommé dans la Sélection Jeunesse 2019 à Angoulême. Si l’album est plutôt agréable à lire, frais et joyeux, d’autres du genre « jeunesse » avaient plus leur place dans cette sélection de la Mecque de la BD. Passé cette agréable surprise pour Marie Spénale, revenons sur ce petit récit charmant ne payant pas de mine.

Louison n’est pas très confiante, non seulement elle entre en 6e mais elle fait aussi ses premiers pas à l’internat. Accueillie fraichement par Nina la surveillante, elle va partager sa chambre avec An et Sam, deux filles au caractère opposé. Alors qu’elles apprennent une légende sur les monstres de faux-plafonds, An et Louison découvrent une boîte. La première se précipite sur le sachet de bonbons, tandis que la seconde garde le Petit Poney, célèbre figurine en plastique. La nuit suivante, elle est réveillée par Little Pony qui lui parle. Mieux, il va la transformer en Wonder Pony, justicière des dortoirs…

Loin de l’univers de Heidi au printemps, qui nous avait fait découvrir une autrice de grand talent, Marie Spénale se frotte donc au fantastique pour jeunes lecteurs. Si l’album semble ciblé pour les filles, les garçons trouveront aussi de l’intérêt pour l’histoire. Moins en genrera les récits, mieux ce sera. A travers plus de 90 pages, l’autrice nous embarque dans un univers fantasy joyeux et sympathique. Sans être révolutionnaire dans le genre, elle imagine trois héroïnes dont une va devenir une super-héroïne. Plutôt frêle et froussarde, Louison se révèle forte et intelligente lorsque qu’elle enfile la tenue de Wonder Pony.

Wonder Pony : un album agréable et sympathique pour jeunes lecteurs

Wonder pony, tome 1 : Panique au collège !
Autrice : Marie Spénale
Editeur : Jungle
Parution : 2 mai 2018
Prix : 12.95€
ISBN : 9782822225649

Résumé de l’éditeur : Louison a reçu par hasard des pouvoirs magiques qui lui permettent de se transformer en Wonder pony. Grâce au poney Jean-Pierre, elle apprend à maîtriser ses nouvelles facultés et se donne pour mission de débarrasser le collège des monstres qui le hantent.

Le monde incroyable de Gumball, tome 1

Plongée dans l’univers déjanté et drôle de Gumball ! Les éditions Urban Comics dévoilent le premier volet de la série jeunesse Le monde incroyable de Gumball signé Megan Brennan, Frank Gibson, Katie Farina et Tyson Hesse.

Nommé dans la Sélection jeunesse 2019 du Festival BD d’Angoulême, Le monde incroyable de Gumball est une belle petite surprise. C’est fou, c’est décalé, c’est fun et c’est drôle ! L’album est une déclinaison en bande dessinée de The Amazing World of Gumball, une série animée diffusée sur Cartoon Network depuis 2011 créée par Ben Bocquelet.

Imaginé par Megan Brennan et Frank Gibson, cet album est une recueil de récits courts, format idéal pour les plus jeunes lecteurs. Nous sommes chez les Watterson (un clin d’oeil à Bill, le créateur de Calvin & Hobbes ???), une famille composite et hétéroclite. Il y a là Gumball, un chat tout bleu, l’aîné, mais aussi Anaïs, quatre ans petite lapine. Le meilleur copain du chaton, c’est Darwin, un poisson avec des jambes et des bras. C’est fou ! Enfin, il y a les deux parents. Tout ce petit monde vit des aventures très drôles à Elmore, une ville elle aussi folle.

La partie graphique de Katie Farina et Tyson Hesse est avant tout un grand hommage aux années 80 ! Jeux vidéos mais aussi films et séries. Si les plus jeunes n’auront pas ces références, les plus âgés apprécieront le joyeux fourre-tout des dessins.

Le monde incroyable de Gumball : une belle surprise que ce titre édité par Urban Comics !

Le monde incroyable de Gumball, tome 1
Scénaristes : Megan Brennan et Frank Gibson
Dessinateurs : Katie Farina et Tyson Hesse
Editeur : Urban Comics
Parution : 31 août 2018
Prix : 14.50€
ISBN : 9791026814719

Résumé de l’éditeur : Les Watterson sont une famille comme les autres. Enfin presque ! Ils ont beau être gentils et serviables, ce sont de véritable catastrophes ambulantes ! Ils se retrouvent sans arrêt dans des situations incroyables ! Gumball, le fils aîné, est un jeune chat espiègle doté d’un optimisme à toute épreuve. Du haut de ses quatre ans, sa petite soeur Anaïs est un lapin de génie. Malheureusement, personne ne l’écoute puisque ce n’est encore qu’un « bébé ». Darwin, quant à lui, est l’ancien poisson-rouge adopté par la famille depuis qu’il a des bras et des jambes. Il est le meilleur ami de Gumball et l’accompagne dans toutes ses aventures. Avec Papa et Maman, tout ce petit monde vit dans la ville d’Elmore, un endroit un peu bizarre où des limaces poilues conduisent des voitures, des cactus arrosent leur jardin et des ballons attendent le bus scolaire avec leur copain patate. Bienvenue dans le monde incroyablement déjanté de Gumball !

L’ombre de la nuit

Agréable recueil de récits courts de Jordan Crane, L’ombre de la nuit emporte le lecteur dans les tréfonds de l’être humain. Une belle surprise !

L’employé du moi nous surprendra toujours ! Les responsables de cette petite structure associative belge nous dénichent souvent des petites pépites et des auteurs indépendants de grand talent. Après Charles Forsman (Pauvre Sydney) , Noah Van Sciver (Fante Bukowski) ou John Porcellino (Chroniques cliniques),  ils dévoilent un recueil de Jordan Crane. L’auteur de Los Angeles a prépublié ses courtes histoires dans Uptight, son fanzine. Elles ont été récompensées de leur qualité par deux Ignatz Awards en 2009 (prix de la scène alternative BD).

Pour chacun des récits, il malmène ses personnages et les fait glisser dans des situations parfois inconfortables. Il manie avec justesse de nombreux genres littéraire : science-fiction, comédie dramatique ou suspense. Ainsi le lecteur peut découvrir une grande variété de tons employés et de narration. Jordan Crane est fort et on s’en délecte ! Adolescent rejeté, loup-garou assoiffé, meurtrier d’une vieille femme, père rabroué par sa fille, homme n’ayant plus de désir pour sa femme ou équipage de navette spatiale, tout est excellent dans ces courts récits !

  • L’ombre de la nuit
  • Auteur : Jordan Crane
  • Editeur : L’employé du moi
  • Parution : 21 novembre 2018
  • Prix : 21€
  • ISBN : 9782390040460

Résumé de l’éditeur : Robert est un adolescent en colère. Amis, frères, parents, tout le monde semble ligué pour lui pourrir l’existence. Une nuit, il s’échappe de la maison familiale pour enfourcher la moto de son copain Ernesto, avec la vague idée de partir, loin. Eldrige est un homme proche de la retraite, exaspéré par une vie de couple d’où toute tendresse s’est évaporée. Lorsque sa fille débarque pour la nuit après une dispute avec son compagnon, il est rapidement pris à partie et déguerpit à la cave pour finir son repas et se consoler au gin-tonic. Les personnages dépeints par Jordan Crane sont aussi divers qu’ils sont touchants. Chacun des neuf récits de L’Ombre de la nuit nous projette dans des ambiances tendues, avec une efficacité rare dans la description de ses personnages et des situations. Séquence onirique, science-fiction, comédie dramatique, le spectre est large mais secoue à chaque fois par la crédibilité de son écriture. Jordan Crane offre également dans ce livre l’étendue de ses capacités graphiques, un trait lisse et précis qui s’accompagne de la maîtrise des masses ou de la bichromie. Détaillé pour décrire un garage, ou une femme nue armée d’un marteau, il peut aussi se faire plus rond pour dépeindre une ballade à la campagne d’un couple amoureux

Sheriff of Babylon : enquête troublante en Irak

Notre avis : Sheriff of Babylon, une enquête sous haute tension racontée d’une main de maître par l’auteur Tom King, ex-agent de la CIA. Un véritable chef-d’œuvre.

L’histoire démarre à la fin du règne de Saddam Hussein en 2003. La région, supposée tenue sous contrôle par les Américains, est en réalité chaotique. Christopher Henry, ancien policier de San Diego et désormais instructeur militaire, a pour mission de reconstituer une nouvelle force de police irakienne. En plein travail sur ses recrues, il apprend que l’une d’elles a été assassinée, son corps exposé sur la Grande Place. L’ex-enquêteur va alors s’armer de courage et, aidé par Sofia, Irakienne élevée en Amérique et Nassir, vétéran de la police baghdadi, il débute une enquête, au péril de sa vie.

Tom King nous raconte, par le biais de son héros Christopher Henry, l’envers du décor. Le scénariste, auteur de la saga Batman Rebirth, puise dans son expérience d’ancien agent de la CIA, métier qu’il a exercé de 2001 à 2008, son inspiration pour cette histoire a la vision éclairante et americano-décentrée sur la situation alarmante de l’Irak post-Saddam Hussein. Par le biais de son histoire, le lecteur comprend véritablement et objectivement les enjeux de ce conflit historique. Secondé avec brio par Mitch Gerads, lauréat de l’Eisner Awards 2018 Best Penciler/Inker pour Mister Miracle, le dessinateur apporte un trait fin et détaillé pour une plongée au cœur de l’histoire subjuguante. Sheriff of Babylon, un album à ne pas rater aux éditions Urban Comics.

  • Sheriff of Babylon
  • Scénariste : Tom King
  • Dessinateur : Mitch Gerads
  • Editeur : Urban Comics
  • Parution : 7 septembre 2018
  • Prix : 28 €
  • ISBN : 9791026815297

Résumé de l’éditeur : Le règne de Saddam Hussein est terminé. Les Américains sont aux commandes, et pourtant rien ne semble sous contrôle. Dans la Green Zone, Christopher Henry, l’ancien policier de San Diego devenu instructeur militaire, le sait mieux que quiconque. Envoyé sur place pour former une nouvelle force de police irakienne, il apprend le meurtre de l’une de ses recrues dont le corps a été retrouvé sur la Grand Place. Épaulé de Sofia, une Irakienne élevée en Amérique, et de Nassir, un vétéran de la police baghdadi, il débute l’une des enquêtes les plus périlleuses de sa vie.