Top 10 des BD sur la deuxième guerre mondiale

Comixtrip vous propose une sélection des meilleures bandes dessinées sur le thème de la deuxième guerre mondiale. De La Bête est morte à Maus, en passant par Gen d’Hiroshima ou Il était une fois en France, découvrez notre sélection d’albums valant le détour. Forcément subjectif, notre Top 10 des meilleures BD sur le thème de la 2e guerre mondiale peut prêter à discussion. Si vous avez des coups de cœur dans ce domaine, n’hésitez pas à nous en faire part en nous présentant vos albums dans la rubrique commentaires.

1.

La bête est morte : la guerre mondiale chez les animaux
Edmond-François Calvo, Victor Dancette, Jacques Zimmermann (Gallimard)

La Seconde Guerre mondiale n’est pas achevée lorsque Victor Dancette et Calvo unissent leurs talents pour cracher leur venin sur ses atrocités. C’est la naissance de l’album « La Bête est morte! ». Dessiné et peint en pleine occupation allemande, il est publié dans le troisième mois de la Libération. Cette œuvre unique, ce bestiaire sanglant, qui s’inscrit dans la longue tradition du symbolisme animal, est à l’image de cet épisode le plus monstrueux de l’histoire de l’humanité : féroce et impitoyable. La satire est anthropomorphe. C’est la guerre mondiale chez les animaux. Chaque animal a un pouvoir symbolique et évocateur véhiculant certaines valeurs. Des loups affreux et féroces (les Allemands) massacrent, de toute la force de leur artillerie, de braves lapins et courageux écureuils (les Français), sans hésiter à envahir le territoire de fiers lionceaux (les Belges). Mais la résistance s’organise chez les résolus et flegmatiques bouledogues (les Anglais). Malgré les attaques menées par les hyènes enragées (les Italiens) et les perfides singes (les Japonais), ils gagnent du terrain grâce aux interventions salvatrices et musclées des puissants bisons (les Américains), tandis que les ours (les Russes) défendent chèrement leur peau… Et s’il est vrai que Victor Dancette, auteur du scénario, ignore les nuances, on trouve dans cet ouvrage le témoignage émouvant d’une indignation nationale et, surtout, une éclatante démonstration d’art dans la bande dessinée. 1re partie : Quand la bête est déchaînée. 2e partie : Quand la bête est terrassée.

2.

Maus
de Art Spiegelman (Flammarion)

Maus de l’Américain Art Spiegelman osent aborder et montrer l’innommable en choisissant, comme Calvo l’avait fait à la Libération, de figurer la réalité sous couvert animalier. Les Juifs sont des souris (« Maus » signifie souris en allemand), les Nazis des chats, et les Français… des grenouilles.

Ce récit arraché à son père Vladek (survivant des camps de la mort) par l’auteur, fait de petites cases, passant de la vie quotidienne paisible des trottoirs de New-York aujourd’hui, à l’enfer de la Pologne sous le joug nazi jusqu’à l’abomination du camp d’Auschwitch, a été un véritable choc dès sa publication aux USA en 1986 avant de débarquer deux ans plus tard à Angoulême. Couvert d’éloges et de prix, dont le prestigieux Pulitzer en 1992 (le seul attribué à une bande dessinée), Spiegleman a été sacré Grand prix du FIBD en 2011 et invité d’honneur en 2012.

3.

Ernie Pike : chroniques de guerre
de Hugo Pratt (Casterman)

Ernie Pike est reporter de guerre pendant la seconde guerre mondiale et suit les combats, du Pacifique à l’Afrique du Nord en passant par l’Europe. Il raconte des petites histoires, des chroniques sur la cruauté des combats, mais aussi sur l’entraide entre ses frères d’armes. Trahison, courage, fuite ou héroïsme, rien n’échappe à l’œil acéré de ce témoin des atrocités de la guerre.

4.

Gen d’Hiroshima
de Keiji Nakazawa (Humanoïdes)

« Enfin une commémoration qui ne se limite pas à quelques heures d’émotion planétaire (…). À travers les aventures tragiques et truculentes de ce gavroche d’Hiroshima, ce sont des pans entiers de l’histoire nipponne qui ressurgissent. » (Télérama, août 2005).

Keiji Nakazawa est né à Hiroshima en 1939.
Quatrième d’une famille de six enfants, il perd son père, sa soeur et son frère cadet, lors du bombardement atomique d’Hiroshima le 6 août 1945. À l’âge de 22 ans, il monte à Tokyo où il débute une carrière de dessinateur professionnel. En 1973 il débute « Hadashi no Gen », (Gen aux pieds nus), une longue série quasi-autobiographique, publiée dans l’hebdomadaire Shûkan Shônen Jump. Traduit dans plusieurs langues et adapté notamment au théâtre, ou encore en film d’animation, ce manga demeure jusqu’aujourd’hui son oeuvre la plus marquante.

5.

Il était une fois en France
de Sylvain Vallée et Fabien Nury (Glénat)

Orphelin. Immigré. Ferrailleur. Milliardaire. Collabo. Résistant. Criminel pour certains, héros pour d’autres… Joseph Joanovici fut tout cela et bien plus encore. De 2007 à 2012, Fabien Nury et Sylvain Vallée ont raconté le destin hors-norme de ce personnage à travers une formidable saga historique, adulée par la critique et le public : récompensée par de nombreux prix – dont celui de la Meilleure Série à Angoulême en 2012 – et vendue à près d’un million d’exemplaires.

Le désormais incontournable Fabien Nury y a fait exploser sa science du scénario au grand jour. Sylvain Vallée s’y est affirmé comme un maître de la ligne claire moderne.

6.

Male Call (1943-1946)
de Milton Caniff (Futuropolis)

Milton Caniff s’est amusé à remonter le moral des GI’s avec les aventures de Miss Lace dans son fabuleux Male Call, symbole absolu de la pin-up (incarnée en photo par Rita Hayworth) qui affole simples soldats et hauts gradés avec sa superbe plastique asiatique (en pleine guerre contre les « Japs » !).

7.

Tout Buck Danny : la Guerre du Pacifique
de Victor Hubinon et Jean-Michel Charlier (Dupuis)

Côté héroïque, la palme revient au duo Charlier-Hubinon avec les débuts de Buck Danny en pleine guerre du Pacifique : aviateurs américains d’un côté, zéros japonais de l’autre avec une série de surnoms donnés à l’ennemi qui seraient probablement aujourd’hui jugés politiquement incorrects. Et un pilote qui deviendra (avec ses potes Sonny et Tumbler) l’une des plus grandes stars de la BD…
L’aviateur le plus célèbre de la bande dessinée européenne a vu sa carrière illustrée successivement par Victor Hubinon (1924-1979), puis par Francis Bergèse, qui anime désormais seul ses aventures depuis le décès du talentueux scénariste de la série, Jean-Michel Charlier (1924-1989).

8.

Trois mousquetaires du maquis
de Marijac (Selpa)

Le célèbre et quasi-mythique Trois mousquetaires du maquis (qui ridiculisent les « Boches » plutôt qu’ils ne les tuent) est parfaitement symbolique de cette époque de glorification patriotique de la Résistance intérieure.

9.

Le Sursis
de Jean-Pierre Gibrat (Dupuis)

Juin 1943. Caché dans le grenier de la maison de l’instituteur, mise sous scellés par la milice, Julien observe la vie quotidienne du village de Cambeyrac, où il a grandi et où on le croit mort. Déclaré disparu à la suite du bombardement du train qui devait le conduire en Allemagne, et dont il s’était échappé, il attend la fin de la guerre de son poste d’observation. Les actes d’amours et de haine, les lâchetés, l’héroïsme et les compromissions des habitants de Cambeyrac se déroulent sous ses yeux, comme autant de tableaux banals et cruels de la France occupée. Et puis il y a Cécile, la belle Cécile dont il est secrètement amoureux, et dont il interprète inlassablement les faits et gestes jour après jour. Jusqu’à ce que le destin, moqueur et implacable, ne se rappelle à lui, et ne lui signifie que tout cela n’était guère plus qu’un sursis.
Avec ce récit historique teinté de romance et de politique, Gibrat a suscité un enthousiasme public et critique que les années ne démentent pas. Cette Intégrale permet de redécouvrir l’histoire de Julien, piégé par un destin cruel et moqueur dans la France de l’Occupation.

10.

Moi, René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag IIB
de Jacques Tardi (Casterman)

Avec Moi, René Tardi, prisonnier de guerre – Stalag IIB, Jacques Tardi concrétise un projet mûri de très longue date : transposer en bande dessinée les carnets de son propre père, rédigés des années durant sur des cahiers d’écolier, où celui-ci tient par le menu la chronique de sa jeunesse, en grande partie centrée sur ses années de guerre et de captivité en Allemagne. Après avoir, comme on le sait, énormément travaillé sur la guerre de 14 – 18, c’est la première fois que Tardi se penche d’aussi près sur la période de la Seconde Guerre mondiale. Ce faisant, il développe également un projet profondément personnel : en mettant en images l’histoire de son père militaire, Tardi explore rien moins que les racines, les origines et les ressorts de sa propre vie. Ce « roman familial » prend des accents d’autant plus intimes que Tardi a associé au projet deux de ses propres enfants, Rachel (qui assure la mise en couleur) et Oscar (documentation et recherches iconographiques). Cet ouvrage s’annonce d’emblée comme l’un des événements bande dessinée de la fin d’année. Jamais sans doute Tardi ne s’était autant livré dans l’un de ses albums.

Mentions spéciales

Le vieil homme qui n’écrivait plus
de Benoît Sokal (Casterman)

Benoît Sokal a envoyé Canardo en vacances, le temps de nous narrer l’histoire d’Augustin et de Marianne. Histoire d’amour de deux enfants qui se retrouvent tous les ans aux vacances, histoire de mort de deux adultes dans le maquis français, quand la guerre fait rage et qu’il faut choisir son camp. Une histoire grave et tendre, dans laquelle Sokal a su mettre au jour toutes les mesquineries et imperfections des hommes.

Marcel Labrume
de Attilio Micheluzzi (Mosquito)

Petit journaleux combinard, il est allé à Beyrouth en 1940 se refaire une virginité, dans le milieu des coloniaux arrogants, racistes et antisémites et c’est là que son chemin croisera celui d’une belle et jeune milliardaire poursuivie par les services de la Gestapo.
Marcel bascule dans le bon camp, la morale est sauve ?
Micheluzzi au sommet de son art, nous dresse un tableau saisissant de la Guerre du désert, absurde  » pièce de théâtre sanglante jouée par des acteurs fous « . Marcel Labrume est sans doute le chef d’oeuvre de Micheluzzi.
S’il est un personnage qui mérite une place de choix au panthéon des héros de papier c’est sans nul doute Marcel Labrume. Ce  » beau salaud  » de Marcel est né en octobre 1980 sous la plume d’Attilio Micheluzzi dans la revue Alter Alter (n°10). Le lecteur, déjà  » malmené  » par l’arrivée de héros comme Corto Maltese ou Raspoutine qui ont définitivement rompu avec les personnages sortis tout d’un bloc du moule des certitudes, va se retrouver face à un lascar encore plus ambigu.

La Nueve
de Paco Roca (Delcourt)

La majorité des hommes qui composaient la Nueve avaient moins de vingt ans lorsqu’ils prirent les armes, en 1936, pour défendre la République espagnole : les survivants ne les déposeraient que huit ans plus tard après s’être illustrés sur le sol africain et avoir libéré Paris dans la nuit du 24 août 1944. Ils étaient convaincus de reprendre la lutte contre le franquisme. Avec de l’aide qui ne viendra jamais… 

Article posté le samedi 07 mai 2016 par Erwann Tancé

À propos de l'auteur de cet article

Erwann Tancé

C’est à Angoulême qu’Erwann Tancé a bu un peu trop de potion magique. Co-créateur de l’Association des critiques de Bandes dessinées (ACBD), il a écrit notamment Le Grand Vingtième (avec Gilles Ratier et Christian Tua, édité par la Charente Libre) et Toonder, l’enchanteur au quotidien (avec Alain Beyrand, éditions La Nouvelle République – épuisé). Il raconte sur Case Départ l'histoire de la bande dessinée dans les pages du quotidien régional La Nouvelle République du Centre-Ouest: http://www.nrblog.fr/casedepart/category/les-belles-histoires-donc-erwann/

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