Top 10 des bandes dessinées Charlie

Il y a un an périssaient 17 victimes sous les balles de 3 terroristes islamistes. Parmi elles, cinq dessinateurs. Le 07 janvier 2015, la liberté d’expression a été écorchée, sauvagement, mais elle n’a rien perdu de sa force. Par ce top «Charlie», Comixtrip démontre la certitude qu’on a volé la vie de ces hommes mais en aucun cas leurs pensées dessinées. De Charb à Cabu, de Wolinski à Tignous en passant par Luz, un des rares épargnés, ces 10 ouvrages ne sont évidemment pas classés par ordre de préférence. C’est un top hommage à ceux qui sont partis, à ceux qui sont restés. A Charlie, tout simplement.

1.

La vie de Mahomet
de Charb & Zineb (Editions les Échappés)

En Occident, tout le monde peut citer des épisodes de la vie de Jésus ou de Moïse, mais rares sont les personnes en mesure de relater la vie Mahomet. Alors que l’islam est présenté comme la deuxième religion de France, le parcours terrestre de l’ultime messager d’Allah mérite d’être connu, même par le profane. Charb et Zineb nous font découvrir les faits les plus marquants de son existence et nous expliquent l’origine des grands préceptes de la religion musulmane : la naissance du prophète, les révélations de l’ange Gabriel, ses mariages, les miracles, l’hégire… Ils nous éclairent aussi sur la vie intime et familiale de Mahomet, sur des épisodes peu connus par les musulmans eux-mêmes. Zineb a reconstitué le parcours du prophète, grâce à de longs mois de recherches dans les sources islamiques. Chaque anecdote, chaque citation proviennent des textes de la vulgate canonique, reconnus par les oulémas les plus rigoureux. Avec l’humour qu’on lui connaît, Charb a mis en images la vie de Mahomet telle que l’on racontée les chroniqueurs de l’islam. C’est un traitement bien français de l’histoire d’une religion que propose ce livre : laïque et universaliste.

2.

Maurice et Patapon : la France qui se lèche tôt
de Charb (Hoëbeke)

Maurice, c’est le chien. Il a deux obsessions dans la vie : baiser et chier. Patapon, c’est le chat. Il n’aime rien tant que tuer et faire souffrir tout ce qui est plus petit que lui.
Ils sont l’exutoire de Charb, qui peut tout se permettre : pas seulement des conneries un rien scato ou franchement répugnantes, mais des coups de gueule bien sentis. Qui en prend pour son grade ? Le politique (histoire de se foutre de la gueule de Sarko). Le nouveau philosophe (histoire de se foutre de la gueule de BHL). La religion (histoire de se foutre de la gueule des fous de Dieu). C’est tout ? Non. En fait, tout le monde y passe et c’est l’homme qui trinque, qui se prend en pleine face tous ses petits travers (histoire de se foutre de la gueule du genre humain, tout simplement). C’est parfois à la limite de la correction ? Jamais bien loin du mauvais goût ? C’est sûr. Mais en même temps, c’est drôle et ça ne fait de mal à personne. Pouvoir dire tout et n’importe quoi sans se laisser emmerder par les pisse-froids, et si c’était ça la vraie liberté d’expression ?

3.

L’intégrale beauf
de Cabu (Michel Lafon)

Né en 1973 dans les pages de Charlie-Hebdo, le Beauf est au départ l’archétype du Français râleur, raciste, violent, odieux en toutes circonstances. Souvent confronté au Grand Duduche, l’autre personnage incontournable de l’univers de Cabu, il devient le héros récurrent des strips de Cabu dans Le Canard enchaîné et d’innombrables dessins. Inspiré d’un patron de bistrot de sa ville de Chalon-sur-Saône mais aussi de l’ancien maire de Nice, Jacques Médecin, le Beauf de Cabu est chasseur, pilier de bistrot, orateur de bar spécialiste du  » yaka-faucon « , contremaître dans une usine d’armement, amateur de sport à la télé, obsédé sexuel, réactionnaire par nature…  » J’ai réuni en un personnage tout ce qu’on pouvait imaginer de pire « , dit Cabu. Quarante ans après, le Beauf est devenu plus humain, perdu dans un monde de plus en plus complexe, pour lui qui ne cherche que des réponses simples :  » Ce qui l’emmerde le plus, c’est qu’il a toujours du mal avec les filles. La plus conne sera toujours moins con qu’un beauf.  » Le Beauf est toujours aussi horrible, mais on sent poindre une certaine tendresse de Cabu pour son odieux personnage… 300 pages réunissant strips, BD et dessins d’humour, ainsi que des crayonnés et beaucoup d’inédits !

4.

Toujours aussi cons !
de Cabu (Cherche Midi)

Pour chaque dessin, Cabu faisait son marché sur l’inépuisable planète des cons. Politiciens, militaires, religieux de toutes confessions, affairistes, etc. : personne n’échappait à son attention. Bien des cons attendaient avec impatience d’être distingués par Cabu. Simplement parce qu’une caricature de lui, c’était la garantie d’une postérité ! L’importe de l’œuvre graphique de Cabu s’impose à tous. Elle grandira encore avec le temps et en fera le chroniqueur capital et ricaneur de notre époque. Dessinateur de presse depuis ses 14 ans, Cabu a chroniqué la société française et internationale dans Pilote, Hara-Kiri, Charlie Hebdo et Le Canard enchaîné. Entre 1984 et 2014, le cherche midi éditeur a publié 13 albums de Cabu dont sont tirés ces 300 dessins. Tous témoignent d’une grande liberté d’expression. Une liberté qui lui a coûté la vie le 7 janvier 2015 dans l’attentat contre Charlie Hebdo.

Lire la chronique

5.

Pitié pour Wolinski
de Georges Wolinski (Glénat)

Cette fois, Wolinski a trouvé un sujet de choix pour exercer son redoutable sens de la critique et de la dérision ! Dessinateur de presse – près de 50 ans de carrière au compteur –, il revient à la bande dessinée pour régler ses comptes avec… lui-même. Et il y va franchement ! Comment a-t-il pu abandonner sesidéaux de jeunesse et décevoir ses amis ? Ses choix, ses revirements, sa conception de l’amour et du libertinage… il ne cache rien. Wolinski nous livre ainsi un fabuleux voyage à travers toute une époque, avec ceux et celles qui ont partagé sa vie : Cavanna, Reiser, Choron, Cabu…, les journalistes, les personnages politiques, les femmes, bien sûr, et surtout la sienne, Maryse. Humour, émotion, auto-analyse et no censure !

6.

Vive la France !
de Georges Wolinski (Seuil)

On connaît l’humour féroce de Wolinski, qui fut dessinateur pour Hara-Kiri, L’Humanité, Paris-Match et Charlie Hebdo. Dans Vive la France, il nous offre 220 planches dont une grande partie est inédite sur la politique, les femmes, l’art contemporain, la mort, les livres et sur les Français qu’il aime tant. Mordant.

7.

Murs… murs : la vie plus forte que les barreaux
de Tignous (Glénat)

Dans l’envers des prisons.
Ils sont détenus, gardiens, avocats, médecins ou visiteurs. Pour le meilleur et pour le pire, ils partagent un temps le même espace, fait de béton et de métal. Pour le meilleur et pour le pire, ils vivent ensemble. Et derrière ces murs, ce sont des histoires d amour, d amitié, de rébellion, des drames qui se nouent. Des tranches de vie que TIGNOUS nous raconte dans ce reportage dessiné poignant. Enquête, témoignages, correspondances, interviews, l’auteur nous emmène en immersion dans quelques-uns des plus grands centres pénitentiaires de France. Il nous montre comment l humanité parvient à subsister quoi qu’il arrive, révélant au grand jour ces histoires dont on entend habituellement que les murmures…
TIGNOUS, qui avait découvert le dessin d audience et obtenu la Carte de la Presse Judiciaire à l issu du Procès Colonna, était passionné par l’univers judiciaire et avait notamment deux projets de livres issus d audiences sur les Prud’hommes et les femmes battues qui lui tenaient particulièrement à cœur. Génie du dessin, il se révèle une fois encore dans cette oeuvre posthume en artiste engagé, humaniste et social.

8.

Tout est pardonné
de Charlie Hebdo (Editions les Échappés)

2015. Charlie Hebdo, le petit journal qui tirait le diable par la queue depuis des années, se retrouve tout à coup sous le feu des fous de dieu, puis celui des projecteurs. Le monde entier le découvre ou le redécouvre, l’observe, le jauge, le juge. Mais le regard de Charlie sur le monde, lui, n’a pas changé. En 184 pages et 500 dessins, la compilation annuelle des meilleurs dessins des 12 mois écoulés sera plus émouvante et plus précieuse que jamais. Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski ne sont plus là, mais cet album rassemble leurs derniers dessins parus dans le journal sont réunis dans cet album, auprès des dessins de ceux qui sont encore debout (Riss, Luz, Catherine, Coco), qui continuent à faire vivre Charlie chaque semaine. Un hommage aux disparus, un hommage à ceux qui restent. Longue vie à Charlie !

9.

Catharsis
de Luz (Futuropolis)

Le 7 janvier 2015, le dessinateur Luz a perdu dans l’attentat commis à Charlie Hebdo, des amis, mais aussi l’envie de dessiner. Alors que la France s’est révélée «Charlie», Luz redevient auteur. Au début, il y a le drame, la douleur, la rage, la perte. Et puis, petit à petit, il y a le besoin de dessiner qui revient, l’envie non pas de témoigner, mais de se mettre à nu, de se libérer.

Lire la chronique

10.

La BD est Charlie
de Collectif (Glénat)

Parce qu’un dessin vaut mieux qu’un long discours…
Du mercredi 7 janvier au vendredi 9 janvier 2015, une série d’attentats a été perpétrée en France : plusieurs artistes et collaborateurs de la rédaction du journal satirique Charlie Hebdo, ainsi que des membres des forces de l’ordre et de la communauté juive, ont perdu la vie dans des circonstances tragiques.
En réponse, des dessinateurs de presse et auteurs de bande dessinée du monde entier ont réagi spontanément à ces événements.
Émouvants, poétiques, humoristiques, violents, satiriques… 183 dessins de 173 auteurs ont été rassemblés dans un recueil intitulé La BD est Charlie : hymne à la liberté d’expression permettant de témoigner de l’incroyable solidarité artistique que ce drame a suscité.
À l’initiative du groupe BD du Syndicat National de l’Édition, cet ouvrage est réalisé au profit des familles des 17 victimes des attentats, à qui sera reversée l’intégralité des bénéfices. Il a été publié conjointement et solidairement par les maisons d’édition de bande dessinée françaises qui ont offert gracieusement leurs services.
Dessinateurs, éditeurs, diffuseurs offrent tous leurs droits et leurs services, imprimeurs, papetiers, distributeurs travaillent à prix coûtant.

Article posté le jeudi 07 janvier 2016 par Mikey Martin

À propos de l'auteur de cet article

Mikey Martin

Mikey, dont les géniteurs ont tout de suite compris qu'il était sensé (!) a toujours été bercé par la bande dessinée. Passionné par le talent de ces scénaristes, dessinateur.ice.s ou coloristes, il n'a qu'une envie, vous parler de leurs créations. Et quand il a la chance de les rencontrer, il vous dit tout !

En savoir