Top 15 des meilleures BD 2015

Alors que la fin de l’année est arrivé, la rédaction de Comixtrip a effectué son top 15 des meilleures bandes dessinées parues en 2015. Un choix forcément difficile tant les bonnes publications ont été nombreuses. Après beaucoup de discussions et réflexions, notre choix s’est porté sur ces quinze titres nous ayant particulièrement marqués.

Forcément subjectif, ce top 1 des meilleures BD 2015 peut prêter à discussion. Si vous avez vous aussi des coups de cœur sur cette année, n’hésitez pas à nous en faire part en nous les signalant dans les commentaires et engager le dialogue avec les autres lecteurs de Comixtrip

1.

Fin
de Anders Nielsen (Atrabile)

Anders Nilsen a réalisé Fin durant l’année qui a suivi le décès de sa fiancée, regroupant des pensées sur les derniers moments passés avec elle, mais aussi sur le défi quotidien que représente cette «nouvelle vie», ou encore sur les tourments intérieurs qui le rongent, transformant alors en geste artistique les interrogations multiples et tortueuses qui l’habitent. Si le livre prend parfois la forme d’une discussion avec un mort, c’est pourtant bien avec lui-même que dialogue l’auteur américain, et c’est avec beaucoup de franchise et de clarté qu’il expose ses questions et ses doutes; des questions qui resteront sans réponse et des doutes que rien ne pourra effacer. Par l’entremise du dessin, qui s’assimile ici à une forme de travail cathartique, s’instaure alors une réflexion sur la vie et la mort, pour à l’arrivée célébrer la vie dans son essence la plus simple et la plus pure. Jamais racoleur, toujours d’une grande pudeur, Fin est une œuvre en tout point unique, une véritable expérience de lecture forte et émouvante, une expérience aussi bien sensorielle qu’intellectuelle. Et comme le souvenir d’une chose vécue, Fin vient se loger profondément dans le cerveau du lecteur, pour y laisser une trace qui ne s’effacera pas de sitôt. 

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2.

La Favorite
de Matthias Lehmann (Actes Sud BD)

Une grand-mère habille son petit-fils en petite-fille. Outre une réflexion sur la définition de soi à travers son corps et sa sexualité, l’occasion de confronter trois époques : des années 1930 aux années 2000 en passant par les années 1970.

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3.

Kodhja
de Thomas Scotto et Régis Lejonc (Thierry Magnier Editions)

Un jeune garçon s’introduit dans la mystérieuse cité de Kodhja pour y rencontrer le Roi qui, seul, saura répondre à ses questions et apaiser ses doutes. Au fil du labyrinthe de cette ville mouvante et inquiétante, guidé par un enfant malicieux et un brin narquois, il affronte ses peurs, ses colères, ses souvenirs d’enfant et revisite les lieux et émotions qui l’ont construit. Quand arrive le moment tant attendu mais aussi redouté de rencontrer le Roi, le jeune garçon devenu jeune homme décline son invitation à rester dans le royaume retrouvé de l’enfance.

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4.

La Renarde
de Marine Blandin et Sébastien Chrisostome (Casterman)

Loin du cliché, petit animal = mignon, La Renarde est un être sans scrupule, gourmande, vicieuse et sacrément intelligente. La forêt, le poulailler gardé par un chien ou la maman lapin, tout le monde craint le rusé animal. Marine Blandin et Sébastien Chrisostome content les aventures humoristiques de La Renarde dans un très bel album de strips publié par Casterman et Arte Editions. Une petite pépite de drôlerie.

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5.

Ici
de Richard McGuire (Gallimard)

Ici raconte l’histoire d’un lieu, vu d’un même angle, et celle des êtres qui l’ont habité à travers les siècles. Dans cet espace délimité, les existences se croisent, s’entrechoquent et se font étrangement écho, avant d’être précipitées dans l’oubli. Richard McGuire propose ainsi une expérience sensorielle inédite, puissante et presque magique du temps qui passe.

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6.

Southern Bastards
de Jason Aaron et Jason Latour (Urban Comics)

Earl a quitté Craw County depuis la mort de son père, il y a 40 ans. Obligé de vider la maison de son oncle défunt, il y revient pour deux jours mais sonn séjour va se prolonger après une bagarres dans le restaurant du coin. A ce moment-là, c’est l’engrenage, la violence s’impose et Earl décide de faire la justice. Jason Aaron, associé à Jason Latour, raconte cette descente aux enfers dans Southern bastards, publié par Urban Comics.

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7.

Est-ce qu’on pourrait parler d’autre chose ?
de Roz Chast (Gallimard)

Avec un style narratif alliant tendresse, humour et pertinence que ne renierait pas Woody Allen, la dessinatrice de presse américaine Roz Chast raconte les dernières années de ses parents dans Est-ce qu’on pourrait parler d’autre chose ?. Un témoignage intime à la résonance évidente chez le lecteur tant ce sujet de la filiation et des responsabilités familiales est inscrit dans l’humanité.
Habituée à travailler pour les grands magazines américains et notamment The New Yorker où ses premiers dessins ont été publiés en 1978, Roz Chast signe ici une oeuvre inclassable. Bien plus qu’un roman graphique, il s’agit d’un véritable mémoire graphique de son histoire familiale, dont la narration est sublimée par ce trait énergique servant à merveille un récit empreint d’émotion, d’humour mais aussi d’une forme de fatalité.

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8.

Les intrus
de Adrian Tomine (Cornelius)

Publié simultanément avec la version anglophone, sous le titre Killing and Dying (chez Drawn and Quarterly), ce nouvel opus rassemble six histoires interconnectées. Dans un style proche de celui de Daniel Clowes et de Chris Ware, Tomine développe, avec une ironie douce-amère, une galerie de personnages confrontés à des situations quotidiennes. Plongé dans une atmosphère mélancolique, on croise la route d’Harold, un jardinier qui tente de créer une nouvelle forme d’art, celle de Barry, un dealer paumé de quarante ans fan de base-ball ou encore celle d’une jeune étudiante qui subit sa ressemblance avec une star du porno. À travers ces chroniques de la vie ordinaire, Adrian Tomine dresse avec humour et désillusion un portrait de l’Amérique contemporaine et renvoie subtilement le lecteur à ses propres questionnements personnels. Un livre fort, émouvant et prenant, qui explore les contradictions humaines et la quête d’identité, en somme, une sortie incontournable de cette fin d’année 2015.

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9.

Le Piano oriental
de Zeina Abirached (Casterman)

Un récit inspiré de la vie de son ancêtre, inventeur d’un nouvel instrument de musique dans le Beyrouth des années 1960. Folle tentative pour rapprocher les traditions musicales d’Orient de d’Occident, ce piano au destin méconnu n’aura vu le jour qu’en un seul exemplaire, juste avant que la guerre civile ne s’abatte sur le Liban.

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10.

Hans Fallada, vie et mort du buveur
de Jakob Hinrich (Denoël Graphic)

Hans Fallada (1893-1947), auteur du chef-d’œuvre de la littérature allemande Seul dans Berlin, a passé la majeure partie de sa vie entre prison et institutions psychiatriques. La cause : une dépendance incurable à l’alcool et à la morphine, sans doute les seuls refuges offerts en ces temps de grande violence à un esprit aussi lucide et sensible que le sien. Dans son roman le plus autobiographique, Le Buveur, Fallada prête ses propres faiblesses au personnage du négociant Erwin Sommer, son alter ego dans l’errance et la déchéance sociale.
Pour évoquer cette descente aux enfers, le talentueux Jakob Hinrichs, à qui l’on doit déjà l’adaptation graphique du Traumnovelle d’Arthur Schnitzler, qui servit de base à Kubrick pour son Eyes Wide Shut, rassemble dans un même récit l’auteur et son personnage. Croisant ses sources avec une précision d’orfèvre, il trace le portrait d’un génie littéraire pris en étau entre la fièvre artistique et l’addiction, dessine l’éloge de l’ivresse…

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11.

Chiisakobe
de Minetaro Mochizuki (Le Lézard Noir)

Shigeji, jeune charpentier, perd ses parents et l’entreprise familiale, «Daitomé», dans un incendie. Se rappelant les paroles de son père, « uelle que soit l’époque dans laquelle on vit, ce qui est important, c’est l’humanité et la volonté», il fait le serment de reconstruire Daitomé.
Mais son retour à la maison natale s’accompagne de l’arrivée de Ritsu, amie d’enfance devenue orpheline et qu’il embauche comme assistante, et de cinq garnements au caractère bien trempé échappés d’un orphelinat. La cohabitation va faire des étincelles.
Adaptation du célèbre roman de Shûgorô Yamamoto situé dans la période Edo et que Minetarô Mochizuki transpose dans le Japon d’aujourd’hui, Chiisakobé attire d’abord le regard par son dessin pop, agréable et élégant, qui nous donne envie de nous attarder sur chaque case. De même, la finesse des expressions de ces personnages au caractère complexe nous incite à nous reconnaître en eux. D’une composition originale et rempli d’humour, l’univers de Chiisakobé charme le lecteur tout en le prenant rapidement dans son suspense : Shigeji parviendra-t-il à reconstruire Daitome ? Comment va évoluer la relation entre Ritsu et Shigeji ? Quel avenir attend les orphelins ?

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12.

Doctors
de Dash Shaw (Ça et là)

Tammy Cho est docteur, mais dans un domaine un peu particulier  : par l’intermédiaire du Charon, une machine révolutionnaire construite pas son père, elle se projette dans l’esprit de personnes tout juste décédées pour les ramener à la vie…. Une opportunité irrésistible pour ceux qui peuvent se le permettre, cependant, le répit accordé est de courte durée, les riches patients ramenés à la vie ayant seulement quelques jours pour faire leurs adieux à leur entourage, mettre leurs affaires – et notamment leurs testaments – en ordre, avant de mourir pour de bon. Ainsi, lorsque Mme Bell meurt des suites d’un accident de natation, elle est temporairement ressuscitée à la demande de sa fille, Laura. Mais la vie dans l’au-delà peut parfois s’avérer préférable à celle de notre monde et Mme Bell vit très mal ce retour forcé. Peu préoccupés par les états-d’âmes de ces patients, Tammy, son père et leur assistant William, continuent leur activité jusqu’à ce qu’une intervention du père de Tammy tourne mal et qu’elle soit obligée de se projeter dans l’esprit de celui-ci.

13.

Emprise
de Aurélien Rosset (Akileos)

Première œuvre menée de bout en bout par Aurélien Rosset. Plus de deux ans pour achever Emprise avec un résultat exceptionnel. C’est flippant à souhait, l’intrigue tient la route, Aurélien Rosset, sur ce one shot, prouve qu’il a tout pour devenir un très grand auteur. Polar satanique à savourer !

14.

Vater und sohn (Père et fils)
de Erich Ohlser / E. O Plauen (Warum)

Une série quasiment muette sur un père et son fils faisant cent farces et vivant mille aventures. Ecrites entre 1933 et 1936 par un caricaturiste ostracisé par le pouvoir nazi, cette série rencontra un succès énorme malgré -ou peut être à cause- de l’époque lourde.
Le père, sorte de Dupont rondouillard et son fils, petit Gaston sans gros nez, traversent la vie quotidienne, s’offrent des cadeaux, font l’école buissonnière mais aussi gagnent un héritage, vivent sur une île déserte et partent dans les étoiles…
Un monument toujours aussi moderne et inventif, plein d’humour et d’amour, tout en douceur et la fantaisie.

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15.

Preacher, T. 1
de Steve Dillon et Garth Ennis (Urban Comics)

Au premier abord, le révérend Jesse Custer ne semble pas différent des autres petits pasteurs de province des États-Unis. Isolé dans une petite ville du Texas, le temps s’y dilue sans agitation, et avec lui, l’ardeur de sa foi. Jusqu’au jour où un terrible accident vient anéantir son église et décimer l’ensemble de ses fidèles. Depuis lors, Jesse développe d’étranges pouvoirs émanant d’une force spirituelle appelée Genesis. En proie au doute et à de multiples interrogations, l’homme se lance alors à la recherche de Dieu et, chemin faisant, croise la route de Tulip, son ex-fiancée, et de Cassidy, un vampire irlandais. Un pèlerinage au coeur de l’Amérique, où le Bien et le Mal ne font qu’un.
Véritable révélation en terme de comics cette année, Preacher se veut être une perle sombre et humoristique. Parfois sadiques, souvent violents, les personnages sont d’une rare profondeur, à tel point qu’on les croirait presque vivant ! Original, formidablement bien écrit, et délicieux visuellement, Preacher est définitivement LA nouveauté de 2015 à posséder dans sa bibliothèque !

Article posté le jeudi 24 décembre 2015 par Comixtrip

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