Dead Company

Yoshiki Tonogai est réputé pour ses mangas d’horreur à cheval entre le gore et le psychologique, des Survival Horror à glacer le sang. Il revient avec Dead Company, où l’on plonge à nouveau dans ses jeux de survie terrifiant. Mais cette fois, contrairement à Doubt et Judge, nous ne sommes dans le jeu, mais à l’extérieur. Et la partie est loin, très loin d’être terminé.

Derrière le massacre, le jeu

Ryosuke est le seul survivant d’un massacre. Enfermé avec d’autres personnes dans un bâtiment désaffecté, ils ont dû s’entre-tuer sous le regard attentif d’un individu masqué d’une tête de lapin géant. Il ne se serait pas douté que 3 ans plus tard, cet évènement traumatisant lui permettrait d’entrer dans une entreprise de rêve. La firme Entertainment Dead Company est spécialisée dans les jeux vidéos de survie. Parmi ses employés lambdas, elle recrute des gens comme Ryosuke qui ont survécu à des massacres en huis-clos. Pourtant ravi de pouvoir travailler dans une entreprise décontractée qui valorise son travail, Ryosuke sent très vite que quelque chose cloche. Pourquoi EDC met-elle un point d’honneur à recruter quelqu’un qui a vécu quelque chose d’aussi traumatisant ? Quel est cet engouement pour un jeu « toujours plus réaliste » ?

Ryosuke mettra-t-il fin à l’horreur, ou utilisera-t-il son talent pour surpasser tous les autres maîtres du jeu ?

Univers Tonogai

Quelque soit l’histoire, un certain nombre d’éléments récurrents caractérisent ses mangas. Auteur de Secret, Doubt et JUDGE, Tonogai nous immerge dans une tension permanente. En huis-clos ou non, les personnages se tiennent toujours à la frontière de la mort. Le concept est de former un groupe d’inconnus ou presque et de les inciter à s’entre-tuer. Rapidement ils basculent dans une psychose malsaine. Méfiance, paranoïa et manipulation psychologique sont les ficelles que tient le Maître du jeu.

D’un manga à l’autre la question est là : Qui est le maître du jeu ? Pourquoi ces personnages sont-ils dans une situation pareille ? Et bien souvent le maître n’est pas là où on l’attend. En 3 séries Tonogai a toujours réussit à mettre le responsable là où on ne l’attend pas. Ça, c’est la dose de frisson destinée aux lecteurs. Car dans tout bon mystère, nous cherchons, ne serait-ce qu’un peu, le mastermind derrière tant de souffrance. Ce qui est intéressant c’est que l’auteur réussit encore une fois à se renouveler.

L’envers du décors

La part de renouvellement dans Dead Company réside dans le simple fait que cette fois, nous sommes après le massacre et à l’extérieur du massacre. Désormais, la question est : la  victime peut-elle devenir le bourreau ?

Tonogai maîtrise le développement de ses personnages. Ils sont très vite attachants et on les suit facilement dans leur prise de décision, quel qu’elle soit.

Il détaille ici les répercussions psychologiques d’un massacre sur le gagnant. En tout cas, selon les règles de son univers où le syndrome post-traumatique prend des allures un peu différentes de la réalité. Il met le doigt sur une chose : pour survivre, on repousse les frontières de la morale. Mais devenons-nous nécessairement des tueurs endormis que la moindre tentation peut réveiller ?

Ce sera sans doute à Ryosuke de répondre à cette question. Mais pas seulement, car comme dit plus haut, Ryosuke n’est pas le seul employé de l’entreprise Dead Company à sortir vivant d’un massacre. Et puis, qu’en est-il de la hiérarchie d’EDC ?

A chacun sa part de monstre

Tonogai décrit un monde vicié par les fantasmes de chacun. Cachés derrière l’anonymat, les personnages de Dead Company, mais aussi Doubt et JUDGE, sont capables des actes les plus cruels. Poussés dans leur retranchement, ils nous offrent un spectacle gore et dramatique. Où l’esprit des protagonistes emprunte des chemins terrifiants, tordus et improbables. Chemins qui justifient leurs actes et qu’étrangement, nous, lecteurs lambdas, sommes capables de comprendre.

C’est bien cela qui est jouissif. Le moment où l’on capte que les personnages viennent de franchir la frontière de la folie, et que désormais, ils sont capables de tout.

Dead Company est dérangeant et ironiquement très agréable à lire. Il se dévore très bien tout seul mais prend une tout autre dimension avec les 3 séries précédentes de Yoshiki Yonogai. Publié chez Ki-oon Seinen, il est à déguster loin des enfants.

Article posté le mercredi 16 septembre 2020 par Marie Lonni

  • Dead Company
  • Auteur : Yoshiki Tonogai
  • Traducteur : David Le Quere
  • Éditeur : Ki-oon
  • Prix : 7,90€
  • Parution : 27 août 2020
  • ISBN : 9791032706480

Résumé de l’éditeur : Ryosuke est le seul survivant d’un terrible massacre. Il ne sait pas pourquoi il s’est retrouvé impliqué dans cette tragédie, ni qui se cachait sous le masque de lapin porté par le responsable… Ces événements traumatisants lui permettent trois ans plus tard de décrocher un emploi de rêve dans la célèbre firme Dead Company, spécialisée dans la production de jeux vidéo de survie. Elle recrute sur un critère étrange : avoir vécu une expérience hors norme…

Le jeune homme est ravi de travailler dans un environnement décontracté, chaleureux et valorisant. Ses propositions pour rendre la tâche plus ardue aux joueurs qui s’entretuent à l’écran sont saluées par sa hiérarchie. Pour la Dead Company, son expérience vaut de l’or ! Mais les mignons personnages qui évoluent à l’écran dissimulent en réalité des humains de chair et de sang, contraints de participer à un véritable jeu de mort…

Bienvenue à la Dead Company, l’entreprise qui vous fait passer de victime à bourreau ! Ryosuke mettra-t-il fin à l’horreur, ou utilisera-t-il son talent pour surpasser tous les autres maîtres du jeu dans la perversion ?

 

À propos de l'auteur de cet article

Marie Lonni

"C'est fou ce qu'on peut raconter avec un dessin". Voilà comment les arts graphiques ont englouti Marie. Depuis, elle revient de temps en temps nous parler de ses lectures, surtout quand ils viennent du pays du soleil levant. En espérant vous faire découvrir des petites pépites à savourer ou à dévorer tout cru !

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