Au sommet des hautes montagnes de Chine, se trouve caché un temple dirigé par un vénérable maître Shaolin. Il ne sera pas aisé de trouver grâce à ses yeux, mais c’est le seul chemin pour trouver la voie du pouvoir du Feu.
Avec Fire Power, édité chez Delcourt, Robert Kirkman et Chris Samnee nous présentent une histoire où vont se mêler arts martiaux, rivalités et secrets jusque-là enfouis.
SHAOLIN KID.
Caché derrière des cheveux mi-longs et une assurance de façade, Owen Johnson est passé maître dans la pratique des arts martiaux. Malgré son jeune âge, il a suivi les enseignements des plus grands maîtres et sait exécuter à la perfection l’attaque du scorpion gémissant, le balayage du serpent lucide et même l’assaut du tigre vorace.
Et pourtant, rien ne parvient à combler le vide dans son cœur. A la recherche de ses parents biologiques et n’ayant en poche qu’une vielle photo jaunie, il a quitté les États-Unis et a parcouru le monde entier jusqu’aux plus hautes montagnes de Chine. C’est là qu’il espère trouver les réponses aux questions qui le hantent.
En effet, lorsque des rumeurs ont évoqué l’existence du temple du poing enflammé, son instinct l’a immédiatement poussé à dépasser ses propres limites pour pouvoir devenir un disciple du vénérable maître Wei Lun.
Mais les épreuves sont nombreuses et quand enfin il dépasse le toit du monde et commence à gravir les marches sacrées du temple, il tombe nez à nez avec un étrange vieillard initié au périlleux maniement de… l’Ipod, coiffé d’une casquette bleue et portant aux pieds des baskets Nike Air Jordan.
LA VOIE DU GUERRIER.
Bien vite, ce premier tome de Fire Power va prendre des allures de quête initiatique et Owen Johnson va devoir apprendre à explorer toutes les capacités de son corps et de son esprit. Débarrassé de bon nombre de préjugés, de sa grande crédulité et de sa belle tignasse, le jeune disciple va découvrir des épreuves inattendues, se faire des amis mais aussi des ennemis redoutables.
Pourtant, il ne perdra jamais de vue son but ultime : déchiffrer les réponses qui sont forcément cachées dans la photo de son enfance. Et s’il lui reste un peu de temps, peut-être aidera-t-il le vénérable maître Wei Lun à redécouvrir la technique du poing ardent que d’aucuns considèrent comme disparue avec son initiateur, le maître Shaw.
Avançant au rythme des exigeants entrainements, l’évolution du jeune héros sera spectaculaire bien entendu, et à ce titre, il convient de saluer les dessins remarquables de Chris Samnee.
DES PLANCHES À LA HAUTEUR.
Qu’il consiste à être perché en équilibre sur des bâtons, à découper à main nue des blocs de glace ou bien encore en combat singulier, l’entrainement des adeptes du kung-fu Shaolin ne manque pas de dynamisme. Et pour le coucher sur le papier, le talentueux dessinateur s’en donne à cœur joie. La construction des planches imprime un réel rythme qui permet d’admirer une fluidité remarquable. On a réellement l’impression de voir les mouvements, du plus lent et mesuré au plus vif et acéré. À ce titre, la scène finale est un exemple du genre. Tous les codes associés aux arts martiaux sont utilisés pour donner à voir un spectacle de grande qualité. Et on retrouve avec plaisir les ingrédients visuels nécessaires à la création d’une bonne histoire traitant des arts martiaux. Et de ce point de vue, toute personne ayant grandi avec Karaté Kid, Dragon Ball, Kung Fu Panda ou Iron Fist sera comblée.
Pour autant, Fire Power n’est pas qu’une simple reprise des œuvres traitant des arts martiaux.
KIRKMAN POWER.
Depuis qu’il a clos les aventures de Rick, Robert Kirkman n’a de cesse d’explorer de nouveaux horizons, désireux de montrer qu’il n’est pas enfermé dans l’univers de Walking Dead.
Bien entendu, Fire Power rappelle indéniablement bon nombre de « films de karaté » mais en réalité, c’est parfaitement volontaire et assumé. Toute personne ayant frissonné en voyant Daniel LaRusso réaliser le coup de pied de la grue, ou Po remporter un combat grâce à la prise du Doigt Wushi, comprendra de quoi il est question.
Un bon film d’arts martiaux repose sur un processus simple à comprendre, mais en réalité complexe à mettre en œuvre : l’identification à un héros si imparfait qu’il nous ressemble.
Ainsi, ce n’est que parce qu’on se glisse dans la peau du personnage principal et qu’on essuie ses nombreux échecs, qu’on vibrera quand finalement la technique ultime apparaît à l’écran et permettra de vaincre.
En fin connaisseur de l’art de la narration, Robert a parfaitement conscience de ce processus; et visiblement en amateur du genre, il le met magistralement en œuvre.
Notons enfin que ce tome 1 est en réalité la préquelle des véritables aventures d’Owen Johnson. Les dernières pages de cet opus nous mettent l’eau à la bouche en nous laissant entrevoir ce que sera la véritable histoire du détenteur du Fire Punch.
Avec ce premier tome de Fire Power, Robert Kirkman et Chris Samnee, frappent un grand coup. En reprenant les ingrédients des films d’arts martiaux, et en les mettant en œuvre de manière magistrale, ils réalisent la préquelle idéale pour lancer une série de qualité.
- Fire Power, tome 1
- Scénariste : Robert Kirkman
- Dessinateur : Chris Samnee
- Coloriste : Matt Wilson
- Traducteur : Edmond Tourriol
- Editeur : Delcourt
- Prix : 16,50 €
- Parution : 21 octobre 2020
- ISBN : 9782413030447
Résumé de l’éditeur : Le voyage d’Owen Johnson en Chine, pour en savoir plus sur ses parents biologiques, le mène finalement à un mystérieux temple Shaolin. Les élèves y étudient afin de redécouvrir l’art perdu de lancer des boules de feu. Ce pouvoir sera bientôt nécessaire pour sauver le monde. Owen Johnson sera-t-il la première personne en mille ans à maitriser le pouvoir du feu ?
À propos de l'auteur de cet article
Victor Benelbaz
Tombé dans la marmite de la bande dessinée depuis tout petit, Victor est un vrai amateur éclairé. Comics ou récits jeunesse sont les deux genres préférés de ce professeur de français.
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