Furtif

Furtif… Pendant des années, son simple nom a empli d’effroi tous les membres de la pègre de Détroit. Grâce à son armure qui lui permet de voler et qui lui donne une force surhumaine, il a fait régner la paix et l’ordre. Pourtant, il est un ennemi contre lequel même Furtif ne peut rien : la maladie. Paru aux éditions Delcourt, Furtif, de Mike Costa et Nate Bellegarde abordent le thème des super-héros par un angle original et tragique : celui de la maladie d’Alzheimer.

SON NOM EST FURTIF.

Jeune afro-américain, Tony Barber est journaliste au Detroit Herald. Motivé et ambitieux, il s’est donné une mission : aider les défavorisés, ceux que la vie n’a jamais gâtés. Sa plume acérée est sa première arme.

« Détroit n’a que faire des gens qui tentent de la sauver. Telle une bête malade tombée à terre, méfiante, Détroit gronde à la main qui se tend vers elle. »

Par ailleurs, c’est un garçon aimant qui aide du mieux qu’il peut son père vieillissant.

Et le soir, quand la ville s’endort et que le crime se réveille, il sort parfois.

Furtif aurait pu raconter l’histoire de Tony Barber, et pourtant, il n’y jouera que les seconds rôles…

FURTIF : LA CHUTE DU HÉROS.

Quarante belles et longues années se sont écoulées depuis que Daniel Barber, père de Tony et pompier dévoué, a découvert une mystérieuse armure. Recouvrant tout son corps, elle lui offre une protection absolue en plus de lui conférer une force extraordinaire. Et lorsqu’elle ouvre ses ailes, elle lui permet de voler, comme un oiseau de proie.

Justicier de Détroit, il est connu sous le nom de Furtif.

Pourtant, les années passent et n’épargnent personne… Son fils Tony commence d’ailleurs à s’inquiéter lorsqu’il l’appelle Éric, du nom de son défunt frère.

Mais le jour où Furtif s’en prend à une patrouille de policiers en civil en hurlant qu’on lui dise où se trouve une fillette disparue, on comprend avec amertume que le héros a entamé sa chute.

Furtif, c’est cette histoire. Celle d’un homme qui fut un super-héros, mais qui comme tout le monde, a vieilli et est tombé malade.

FURTIF : UNE HISTOIRE ORIGINALE ?

L’histoire racontée par Mike Costa et dessinée par Nate Bellegarde est issue de la société de divertissement Skybound Entertainment. À la tête de cette dernière, on trouve le célèbre Robert Kirkman (Fire Power). Fort de son aura et en plus de ses propres séries régulières, le célèbre scénariste invente des concepts et ensuite, les transmets à des équipes créatives.

Ce principe de création comporte fatalement l’emploi de certaines facilités. Ainsi, le héros s’avère être une sorte d’hybride entre Batman et Le Faucon et le méchant rappelle Double-Face.

Pourtant, dans la mesure où ces éléments sont parfaitement assumés, ils ne prêtent aucunement préjudice au développement de l’histoire.

Et le fait est que Furtif comporte bon nombre de qualités qui lui sont propres.

THE FATHER.

Bien que récemment mise sous le feu des projecteurs grâce au film de Florian Zeller, la maladie d’Alzheimer est un sujet rarement abordé.

Et dans Furtif, on la découvre de manière sensible. Par l’emploi judicieux de cartouches exprimant les pensées de Daniel Costa, on a accès à son trouble, sa détresse, son émotion.

L’effet est d’autant plus réussi qu’il contraste avec des scènes dynamiques et parfois violentes attendues dans un comic book de Super-héros chapeauté par Robert Kirkman.

Par ailleurs, décidément bien plus subtile qu’il n’y paraît, l’œuvre aborde aussi des thèmes sociaux.

UNE FABLE SOCIALE.

Parce qu’ils sont nés noirs dans la banlieue pauvre de Détroit, Les Barber savent combien l’injustice sociale détruit des familles. Les usines ont fermé et l’expansion de la métropole n’a pas profité à tout le monde.

C’est pour ces raisons que chacun à sa manière, un jour, Daniel et Tony Barber ont décidé qu’ils apporteraient leur pierre à l’édifice de la lutte pour les opprimés.

DES DESSINS QUI NE PASSENT PAS INAPERÇUS.

Tous ces éléments sont reliés dans une intrigue rythmée qui se tient en 6 épisodes. Les dessins de Nate Bellegarde, clairs et précis, guident parfaitement la narration. Et le spectacle est au rendez-vous, que ce soit pour retranscrire l’émotion d’une scène entre un père et fils ou pour donner à voir des explosions dans une arrière-boutique. La colorisation de Tamra Bonvillain (Once & Future) contribue grandement à cet effet. Tout en précisions et en nuances, elle magnifie les planches. Ajoutons enfin de très belles couvertures réalisées par Jason Howard (Big Girls) et on obtient une œuvre très agréable à lire.

 

Issu de Skybound Entertainment, Furtif est une œuvre qui comporte de nombreuses facettes. Rythmée, violente, touchante, elle s’avère être une lecture aussi entrainante qu’enthousiasmante.

Article posté le mercredi 14 juillet 2021 par Victor Benelbaz

Furtif de Mike Costa et Nate Bellegarde (Delcourt)
  • Furtif
  • Scénariste : Mike Costa
  • Dessinateur : Nate Bellegarde
  • Coloriste : Tmara Bonvillain
  • Traducteur : Hélène Remaud
  • Editeur : Delcourt
  • Prix : 15,95 €
  • Parution : 02 juin 2021
  • ISBN : 9782413041153

Résumé de l’éditeur : Cet album réalisé par Mike COSTA & Nate BELLEGARDE aborde la thématique super-héroïque sous un angle original : la vieillesse et la maladie, à travers la relation père-fils, thème favori de Robert Kirkman, co-créateur.

Pendant des décennies, le super-héros appelé Furtif a mené une guerre sans pitié contre le crime. Mais il a sans doute poussé un peu trop longtemps sa quête de justice. Seul le reporter Tony Barber sait que derrière le comportement imprudent de Furtif se cache un homme plus âgé qui se bat contre la maladie d’Alzheimer… Un homme qui n’est autre que son propre père.

 

À propos de l'auteur de cet article

Victor Benelbaz

Tombé dans la marmite de la bande dessinée depuis tout petit, Victor est un vrai amateur éclairé. Comics ou récits jeunesse sont les deux genres préférés de ce professeur de français.

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