Personne n’est irremplaçable. Mais lorsqu’il s’agit de trouver le successeur du premier Shadow Man, la tâche promet d’être ardue. Garth Ennis, Ashley Wood et Paul Jenkins nous font frissonner d’effroi dans une histoire qui a tout d’un marché de dupe, chez Bliss comics.
SHADOWMAN EST MORT, VIVE LA MORT.
Jack Boniface, le Shadowman, n’est plus. Pour Nettie, la prêtresse vaudou, et Jaunty, le serpent à tête de mort, l’heure est donc venue d’arpenter la Nouvelle Orléans pour lui trouver un successeur. Et c’est Mike Leroi, un tueur à gage connu sous le nom de Zero, qui semble tenir la corde pour reprendre le flambeau. Sanguinaire, sans pitié et possesseur d’un ours en peluche… C’est ce qu’on appelle avoir l’étoffe de l’anti-héros. De toutes façons, il y a désormais péril en la demeure. Car Tommy-Lee Bones et son gang de bras cassés zombies répandent la terreur dans la Nouvelle Orléans.
TOUT COMMENCE PAR UN LICENCIEMENT.
En 1987, Jim Shooter est licencié de son poste d’éditeur en chef chez Marvel Comics. L’ingénieux scénariste décide alors de créer sa propre maison d’édition : Valiant comics. Immédiatement, l’éditeur tente de se rapprocher de l’univers des jeux vidéo. Mais après un rapide et peu fructueux partenariat avec Nintendo, Valiant vole de ses propres ailes et des personnages originaux voient le jour. C’est le cas, en 1992, de Shadowman, un héros lié aux arts occultes du Vaudou. Depuis, les aventures du héros de la Nouvelle Orléans n’auront de cesse de s’étoffer sous la plume d’auteurs prestigieux comme Peter Milligan ou Andy Diggle. Mais l’histoire qui nous intéresse ici constitue plutôt une parenthèse dans ce panorama.
UN SHADOWMAN 2.0.
En effet, en 1994, la société de jeux vidéo Acclaim Entertainment rachète Valiant. Elle tente alors de transposer les héros de la franchise dans l’univers vidéo-ludique. Et c’est ainsi qu’en 1999, Shadowman rejoint le catalogue des Nintendo 64, PlayStation et Dreamcast. Mais deux ans auparavant, on avait fait appel, côté papier, à un jeune auteur britannique pour écrire une aventure destinée à redynamiser la franchise. Celui qui fut choisi pour tenir ce rôle commençait à se faire un nom dans l’univers des comics grâce à son travail chez 2000 AD. Mais surtout, il avait écrit quelques années auparavant ce qui serait une des meilleures histoires mettant en scène John Constantine. Son nom est Garth Ennis (A walk through Hell, Sara, Punisher Soviet, Rover Red Charlie).
GARTH ENNIS PRÉSENTE.
Bien qu’âgé de 27 ans et en seulement quatre épisodes, le scénariste écossais fait preuve de tout son talent. Désireux de rendre son histoire accessible à n’importe quel lecteur, il s’affranchit de toute continuité par une audace remarquable : il tue le Shadowman, Jack Boniface, pour le faire renaître en Mike Leroi. Ainsi, dans un récit rythmé qui s’étend sur une simple journée, on assiste alors à un thriller sombre particulièrement efficace. L’ambiance horrifique colle parfaitement aux bas-fonds de la Nouvelle Orléans. Et les zombies du terrifiant Tommy-Lee Bones s’incorporent parfaitement au décor. De plus, les pointes d’humour auxquelles l’auteur nous a depuis habitués fonctionnent avec efficacité pour désamorcer des situations qui auraient pu devenir insoutenables. En somme, le titre du volume ne pouvait être mieux trouvé : « Garth Ennis présente Shadow Man ». Et le fait est qu’on soit un habitué de l’univers Valiant ou bien en fan du scénariste, on y trouvera notre compte.
Mais ce n’est pas tout, car les éditions Bliss nous ont préparé une surprise de taille.
DEUX POUR LE PRIX D’UN.
En effet, en bonus haut de gamme, on découvre Dead Inside, une aventure scénarisée par Paul Jenkins et dessinée par Ashley Wood (Hellspawn) qui assure la continuité entre les deux histoires. Au programme : un récit désabusé et violent, magnifié par la sublime partie graphique réalisée par Ashley Wood. Son exceptionnel travail sur la colorisation contribue à élaborer une ambiance aussi sombre qu’oppressante, aux frontières de l’horreur humaine.
Avec Garth Ennis présente Shadow Man, les édition Bliss comics continuent de nous faire découvrir la richesse de l’univers Valiant. Dans le cas présent, bien loin du simple faire-valoir à un jeu vidéo, on suit deux aventures qui confrontent le Shadowman à ce que l’humanité connaît de pire.
- Garth Ennis présente Shadow Man
- Auteur :
- Dessinateur :
- Coloriste :
- Traducteur : Florent Degletagne
- Editeur : Bliss comics
- Prix : 27 €
- Parution : 25 novembre 2022
- ISBN : 9782375782972
Résumé de l’album : Il est facile de tuer lorsque ton âme est morte… Jack Boniface est mort hier. Le terrible Tommy Lee Bones et sa bande sont sortis du Monde des Morts pour s’occuper des âmes de la Nouvelle Orléans… et ils ont commencé par le héros qu’on appelait ShadowMan ! Désormais, la ville a besoin d’un nouveau protecteur, quelqu’un aux mains fermes et aux nerfs d’acier pour renvoyer les cadavres dans l’au-delà. Mais lorsque l’esprit vaudou qui hantait Jack se trouve Zéro, un tueur impitoyable de la mafia, comme nouvel hôte, quel genre de héros peut bien devenir le nouveau ShadowMan ? Lancée en 1997 par le légendaire scénariste Garth Ennis (Preacher, Hellblazer, The Boys…), ShadowMan est un thriller occulte, brutal, porté par les dessins et peintures lugubres d’Ashley Wood (Spawn, Metal Gear Solid…). Contient ShadowMan 1-4 et la mini-série ShadowMan presents Deadside, signée Paul Jenkins (Wolverine Origins), Ashley Wood et Dennis Calero.
À propos de l'auteur de cet article
Victor Benelbaz
Tombé dans la marmite de la bande dessinée depuis tout petit, Victor est un vrai amateur éclairé. Comics ou récits jeunesse sont les deux genres préférés de ce professeur de français.
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