Grimoire noir

Lors d’une sombre nuit, je n’ai pas résisté à l’attraction d’ouvrir le « Grimoire noir ». Sa lecture, telle une potion magique, a enchanté mes yeux pour m’invoquer la recette d’un thriller ensorcelant aux propriétés surnaturelles intrinsèques.

Désormais jeune apprentie sorcière appartenant au concile des bulles, j’essaye de vous lister tous les ingrédients pour que vous puissiez également obtenir son pouvoir :

  • 1 grimoire
  • 2 yeux (appréciant la lecture de préférence)
  • 1 parapluie (il pleut beaucoup là où je veux vous emmener)
  • un zeste de ma bave admirative
  • une plume
  • un crapaud (ok, rien à voir avec l’histoire mais pour une fois que je peux jouer à ma sorcière bien aimée, je me lâche. Il pleut, il mouille c’est donc la fête à la grenouille)

Placez tous ces composants dans le chaudron de Comixtrip et laissez mijoter sur feu vif le temps d’une lecture…….Abracadabra…

« Il PLEUT SUR LA VILLE COMME IL PLEURE DANS MON CŒUR « 

Sous sa propre législation et le sceau d’un secret bien gardé, la ville de Blackwell aux États-Unis protège une communauté d’ensorcelées dont les dons sont exclusivement transmis aux filles. Ces sorcières peuvent pratiquer librement leur magie mais elles ne peuvent s’aventurer au delà des frontières fantasmagoriques au risque de perdre leurs pouvoirs et de provoquer un chaos en révélant la vérité de leur existence aux yeux du reste du monde.

L’histoire commence sous une pluie qui déverse son chagrin sur cette ville car le cœur d’une mère pleure la disparition de son enfant. Dans de troubles circonstances, Heidi, la petite sœur de Bucky Orson a disparu le jour où elle a reçu une invitation du concile des Corneilles pour devenir la plus jeune sorcière de ce groupe occulte.

Face à sa mère Cordelia qui pleure des cordes jusqu’à menacer la ville de devenir une cité engloutie et devant  son père  désarmé qui est aussi le shérif de Blackwell retenu par son devoir de réserve, Bucky se décide alors de mener ses propres recherches sur le kidnapping de sa sœur.

Comme tout porte à croire que des sorcières seraient impliquées, il décide, accompagné de son ancienne amie sorcière Chamomile, de diriger instinctivement son enquête sur les Corneilles sans soupçonner encore l’envergure de l’attraction exercée par la grande force magique.

QUAND UNE ENQUÊTE DEVIENT UN JOLI TOUR DE PASSE-PASSE

Sous le réveil d’anciennes tensions et jalousies, Bucky va se retrouver plongé dans les sombres secrets enfouis de Blackwell. L’enquête tisse progressivement les liens entre les personnages pour nous immerger dans une lecture où tous les philtres des faux-semblants  sont subtilement dosés afin de nous envoûter et révéler le filigrane d’un final surprenant.

Le soir d’une pleine lune qui se reflètera dans le fond d’un puits va faire remonter à la surface la vieille thématique de la chasse aux sorcières mais qui sous la montée du niveau de l’eau va également soulever  bien d’autres réflexions à fortes consonances rationnelles et éclairées comme l’émancipation ou la discrimination.

UN ROMAN GRAPHIQUE AU POUVOIR ENSORCELANT

Ce one shot présenté par les éditions Glénat sous la forme qualitative d’un très élégant grimoire nous subjugue littéralement et capture notre âme dans une fabuleuse et mystérieuse intrigue découpée en plusieurs chapitres.

Sous un scénario dynamique magnifiquement bien ficelé, la rédactrice et auto-éditrice de bandes dessinées Vera Greentea, , offre avec Grimoire Noir  sa toute première potion graphique concoctée comme un thriller fantastique aux éclats poétiques.

S’y ajoute la très belle magie de la palette de la dessinatrice de comics et illustratrice freelance Yana Bogatch qui sublime l’atmosphère du récit en le transposant dans une ambiance mélancolique et gothique. Tout comme Heidi qui possède le pouvoir de l’invisibilité et celui de colorer les objets en doré, Yana Bogatch  possède, quant à elle le don, de coloriser les planches, alternativement en bichromie noir et blanc ou en sépia, par quelques touches de couleurs pour nous faire léviter dans un sublime décor.

Prenez le risque de vous faire ensorceler à votre tour, enjambez votre manche à balai et allez vite vous envoler entre les belles frontières protectrices de ce grimoire qui se lit avec délectation.

Article posté le mardi 06 avril 2021 par Gwénaëlle Le Mercier

Grimoire noir de Vera Greentea et Yana Bogatch (Glénat)
  • Grimoire noir
  • Scénariste : Vera Greentea
  • Illustrateur : Yana Bogatch
  • Editeur : Glénat
  • Prix : 22 euros
  • Parution : 17 février 2021
  • ISBN : 9782344041161

Résumé de l’éditeur :« Tu n’es pas un sorcier Bucky ! ». Nous sommes aux États-Unis à une époque proche de la nôtre. La commune de Blackwell est la seule de tout le pays à ne pas considérer la sorcellerie comme un acte criminel. Cela n’empêche cependant pas certaines sorcières à abuser de leur magie… Dans cette petite ville, Bucky Orson est un peu morose – qui ne l’est pas, à 15 ans ? Alors que sa meilleure amie l’a quitté pour traîner avec des gens bien plus cool, sa jeune soeur vient d’être kidnappée dans des circonstances troubles. Et face à l’impuissance de son père, shérif de la ville, Bucky décide de mener lui-même l’enquête. Finira-t-il par percer les mystères de la magie de Blackwell ? Dans cet univers fantastique où les larmes font pleuvoir et où les plumes modifient les ombres, revient ce thème de la chasse aux sorcières. D’un romantisme gothique somptueux que ne renierait pas Yslaire, Grimoire Noir s’annonce également comme la révélation d’une jeune dessinatrice à suivre : Yana Bogatch, véritable star d’Instagram.

À propos de l'auteur de cet article

Gwénaëlle Le Mercier

Passionnée de lecture et de course à pied, Gwénaëlle aime dénicher des trésors de bande dessinée. Instagrameuse influente en BD, elle aime les récits intimistes et humains. Son Insta : https://www.instagram.com/runforbook/

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