How I live now

C’est en 2004 que la romancière américaine Meg Rosoff écrivait How I live now son premier livre au succès retentissant. Adaptée quelques années plus tard au cinéma, l’histoire de Daisy, cette jeune new-yorkaise de quinze ans, va ensuite inspirer le scénariste passionné des personnages complexes, Lylian. Avec la complicité au dessin de Christine Circosta, How I live now prend vie en bande dessinée. Plongée dans un roman graphique où l’insouciance tente de subsister dans l’environnement hostile provoqué par la Guerre.  

UN ACCUEIL DÉROUTANT

« Mon vrai prénom c’est Elizabeth, mais personne ne m’a jamais appelée comme ça ».  Les premiers mots de Daisy pour se présenter sonnent déjà comme une fatalité. Tout juste débarquée en Angleterre, la new-yorkaise considère sa venue chez sa tante Penn – qu’elle ne connait pas – comme un éloignement provoqué par son père en pleine construction d’une nouvelle vie. C’est son cousin Edmond qui l’accueille à l’aéroport. D’abord affolée par l’intrépidité du garçon, elle se retrouve vite déroutée par cette sensation qu’il pouvait lire dans ses pensées.

Dans la voiture conduite par ce gamin de quatorze ans, Daisy se demandait ce qu’elle faisait là. En arrivant à la maison de campagne, elle en était désormais persuadée : sa nouvelle vie serait aux antipodes de ce qu’elle avait connu jusqu’alors dans l’appartement new-yorkais. Entourée des frères et sœur d’Edmond, elle allait faire partie de ces murs. Reste maintenant à se familiariser avec cet immense domaine familial. Et trouver sa place.

LIVRÉS À EUX-MÊMES

Conséquence d’une mère submergée par son travail, Edmond, Isaac, Osbert et Piper sont très indépendants. Les enfants s’occupent de tout dans la maison de façon naturelle. D’ailleurs, Daisy ne rencontrera sa tante que le lendemain de son arrivée. Le temps d’entendre qu’elle ressemble à sa mère partie à sa naissance, tante Penn se veut réconfortante sur le séjour de Daisy avec ses cousins. Ce tête-à-tête éphémère amoindrit peu à peu les réticences de la jeune fille.

Mais sa tante, rattrapée par une guerre mondiale prête à éclater, doit partir. Impliquée directement dans un processus de paix qu’elle doit présenter à Oslo, elle quitte hâtivement la demeure. Ainsi, comme si ce conflit appartenait à un autre monde, les enfants se sentirent fiers d’être dépourvus de tout encadrement adulte.

DU BIEN-ÊTRE AUX INSTANTS TRAGIQUES

Daisy se sentait comme chez elle désormais et même certainement mieux. Toute cette bienveillance qui émanait de cette maison, de cette famille, de cet environnement lui apportait une plénitude qu’elle ne semblait avoir jamais connue.

Et pour embellir un peu plus ce tableau, l’amour entre dans son cœur. Un amour impossible mais au final presque évident tant elle avait été séduite par Edmond dès les premiers instants.

Rien ne pouvait ternir sa nouvelle vie. Rien, sauf cette guerre qui rôde et qui un jour va venir frapper à la porte de la maison. Lorsque ces militaires vinrent prospecter les lieux pour en prendre possession peu de temps après. La bulle protectrice va alors éclater et conduira à la séparation des cinq enfants.

Les filles d’un côté et les garçons de l’autre, Piper et sa cousine seront emmenées loin de chez elles, à Reston Bridge. Mais Daisy n’a qu’une idée en tête : s’échapper au plus vite pour réunir la famille mais surtout pour retrouver Edmond. Et c’est tout une autre histoire qui commence.

LYLIAN ET CIRCOSTA DONNENT LE TON JUSTE

Avec autant d’intérêt pour la littérature, le cinéma ou la psychologie, qui de mieux que Lylian pouvait adapter en bande dessinée ce très beau roman qu’est How I live now ? Pour revisiter cette histoire poignante, Lylian s’emploie à donner beaucoup d’épaisseur à l’héroïne du récit. Lorsqu’on est une adolescente, il est classique de ressentir une multitude d’émotions. Toutes celles emmagasinées par Daisy depuis son arrivée vont accélérer le passage naturel de l’insouciance à la maturité. Lylian décrit subtilement la métamorphose de l’adolescente perdue en descendant de l’avion, à une femme déterminée et combative devant le climat oppressant de la Guerre.

La partie graphique réalisée par Christine Circosta offre un bel équilibre dans son ensemble. Notamment pour le panel de couleurs employées pour distinguer les moments mélancoliques, joyeux ou plus sombres. Par ses nuances et symboles bien sentis, La couverture de How I live now illustre parfaitement l’intérieur de l’album. On trouve également quelques cases frappantes d’authenticité comme lors de la visite de la maison ou encore cette unique case pleine page où Daisy répond au téléphone…

HOW I LIVE NOW, C’EST AINSI QUE SERA SA VIE

Au final, How I live now est une histoire émouvante où la complexité de l’adolescence fait face à la dure réalité de la vie en temps de guerre. Dans la menace ambiante du chaos, l’amour, la tendresse et la témérité seront des qualités ébranlées mais jamais anéanties. L’unique conséquence étant de consentir à une nouvelle vie.

 

Article posté le mardi 12 octobre 2021 par Mikey Martin

How I live now de Lylian & Circosta (Glénat), une romance en temps de guerre décryptée par Comixtrip, le site BD de référence
  • How I live now
  • Adaptation : Lylian
  • Dessins & Couleurs : Christine Circosta
  • Éditeur : Glénat
  • Prix : 19,50 €
  • Parution : 08 septembre 2021
  • ISBN : 978-2344013724

Résumé de l’éditeur : Elisabeth préfère qu’on l’appelle Daisy. Au prétexte de la guerre qui s’annonce, cette new-yorkaise de 15 ans en conflit avec son père et sa nouvelle compagne est envoyée au fin fond de la campagne anglaise, chez une tante et des cousins qu’elle ne connait pas. Edmond, Piper, Tante Penn, Isaac et Osbert l’accueillent avec une gentillesse désarmante et ce nouveau cadre familial déstabilise Daisy avant de la charmer, lui faisant presque oublier la mort de sa mère… Et, surtout, il y a l’amour naissant entre elle et Edmond. Cette bulle presque rêvée prend fin brutalement à l’apparition d’une guerre que l’on ne voit pas, mais dont l’écho transforme leur vie en chaos. Daisy n’aura alors de cesse de retrouver sa nouvelle famille, et son Edmond.

À propos de l'auteur de cet article

Mikey Martin

Mikey, dont les géniteurs ont tout de suite compris qu'il était sensé (!) a toujours été bercé par la bande dessinée. Passionné par le talent de ces scénaristes, dessinateur.ice.s ou coloristes, il n'a qu'une envie, vous parler de leurs créations. Et quand il a la chance de les rencontrer, il vous dit tout !

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