L’heure des étoiles

Un être vous manque et rien n’est plus pareil. Tel est le problème auquel est confronté Petit Renard dans L’heure des étoiles. Dans ce magnifique conte, Thierry Marchand et Virapheuille abordent le sujet épineux de la perte des êtres chers.

QUAND SONNE L’HEURE DES ÉTOILES.

Dans un vaisseau spatial voguant parmi les étoiles, trois générations de la famille Renard vivent paisiblement.

Enfin presque… Car depuis peu, grand-mère Renard s’en est allée.

Grand-père Renard, le père et la mère Renard ainsi que les deux grandes sœurs Renard l’ont accepté. C’est dans l’ordre des choses. Mais pour le plus jeune de la famille, les choses, justement, ne sont pas si claires que ça.

« Cela rendait Petit Renard CURIEUX. »

Alors, le jeune garçon va chercher à comprendre en interrogeant les uns et les autres. Mais le langage des grands est parfois bien sibyllin.

L’HEURE DES ÉTOILES : DIRE L’INDICIBLE.

Aborder le sujet de la mort d’un être cher avec les plus jeunes est toujours une épreuve. Et elle est d’autant plus grande qu’elle s’additionne à notre propre peine. Thierry Marchand en a pleinement conscience. Et c’est pour cette raison qu’il nous propose une magnifique histoire, aussi touchante qu’envoûtante.

Comment dire les choses ? Simplement, de manière compréhensible. Dans le cas présent, le scénariste évoque plusieurs moyens. Et le premier consiste en la capacité qu’a la langue à se métamorphoser pour dire ce que le cœur rechigne à exprimer.

« Grand-mère Renard avait bien vécu. »

« Grand-mère s’était éteinte. »

C’est imagé, c’est poétique, même. Mais est-ce réellement efficace ?

AU-DELÀ DES MOTS.

Les euphémismes et autres métaphores si connus dans ces circonstances sont employés comme si de rien n’était. Mais les figures de style ont beau virevolter face à Petit Renard, les réponses restent absentes. Face aux plus jeunes, parfois, les mots sont vains. Alors, il faut dépasser la barrière de la rhétorique pour enfin appréhender ce qui fait mal, mais qui est nécessaire. Et dans ce cas, seuls les êtres les plus chers peuvent servir de guide.

Petit Renard va le découvrir et le comprendre grâce à celui qui a sans doute le plus souffert de la perte de sa grand-mère : Grand-père Renard.

Le récit acquiert ainsi une dimension extrêmement touchante. L’émotion devient palpable et il faut bien reconnaître que les dessins exceptionnels de Virapheuille y sont pour beaucoup.

DES DESSINS CÉLESTES.

En parfaite harmonie avec l’histoire, le très talentueux dessinateur réalise une prestation remarquable. Le choix des animaux anthropomorphes touche au but. Et on s’attache immédiatement à la famille Renard ; surtout au petit dernier. Par ailleurs, le style doux et apaisant de l’artiste produit un effet envoûtant qui participe à la réception du message de l’album. On se laisse porter par la douceur des délicates aquarelles. Et le calme qui émane du livre est à la hauteur de l’immensité des décors spatiaux présentés. D’autant plus qu’on a la joie de les observer sur des doubles pages absolument sublimes. Dans les grands yeux des différents personnages, on lit de la joie, parfois de la peine. Et avouons-le, elles sont communicatives. Mais pas de crainte à avoir, si l’œuvre dégage une certaine mélancolie, elle prend aussi soin de consoler.

 

Publiée chez Yo ! Éditions, L’heure des étoiles est une œuvre douce et apaisante. Bien entendu, le sujet abordé, la perte d’un être cher, est délicat. Mais Thierry Marchand et Virapheuille le traitent avec mesure et intelligence. C’est ce qui en fait une œuvre remarquable destinée aussi bien aux plus petits qu’aux plus grands.

Article posté le lundi 20 juin 2022 par Victor Benelbaz

L'heure des étoiles de Thierry Marchand et Virapheuille (Yo ! éditions)
  • L’heure des étoiles
  • Scénariste : Thierry Marchand
  • Dessinateur : Virapheuille
  • Editeur : Yo ! éditions
  • Prix : 13 €
  • Parution : 04 mai 2022
  • ISBN : 9782957842742

Résumé de l’éditeurPetit renard vit dans un vaisseau spatial avec sa famille.

Sa grand-mère est partie et son grand-père n’est plus le même depuis, il se sent fatigué.

Petit renard passe du temps avec lui et il lui explique de nombreuses choses dont l’importance d’aimer ceux qui sont partis.

Un livre abordant la perte d’un être cher et une métaphore magnifique pour évoquer la mort de façon poétique (pour des enfants de 5 à 11 ans).

À propos de l'auteur de cet article

Victor Benelbaz

Tombé dans la marmite de la bande dessinée depuis tout petit, Victor est un vrai amateur éclairé. Comics ou récits jeunesse sont les deux genres préférés de ce professeur de français.

En savoir