Olympia Kyklos

Jeune peintre céramiste dans la Grèce antique, Démétrios est soudainement projeté dans le Tokyo de 1964, pendant les Jeux olympiques. Après Thermae Romae et Pline, Mari Yamazaki dévoile sa nouvelle série Olympia Kyklos, entre voyage dans le temps et comédie. Dépaysant et drôle.

Démétrios, peintre céramiste

IVe siècle avant notre ère, à Tritonia, en Grèce. Démétrios est un jeune peintre céramiste employé par le Patriarche. S’il a un corps d’athlète, il n’aime pas spécialement le sport. Ce qu’il apprécie le plus, c’est de dessiner de belles femmes sur des vases et autres poteries.

Son patron lui fait d’ailleurs souvent des reproches quant à ses peintures : ses personnages ont de trop grands yeux et leurs jambes ne sont pas assez musclées.

Appolonia dans le cœur de Démétrius

En plus de ses céramiques, il apprécie beaucoup Appolonia, la fille du chef du village. Mais, jamais il ne pourra lui déclarer sa flamme, lui qui est trop timide pour cela. Surtout que la main de la belle jeune femme est promise à son meilleur ami, Ampelius.

La situation est inextricable pour Démétrius. Mais un autre problème surgit dans sa vie et celle de sa cité : Dosymos a des vues sur sur Tritonia.

Combat des chefs

Dosymos, chef de la polis (ville) voisine argue à Théophilos, chef de la cité de Tritonia, que sa ville lui appartient car il est propriétaire de ses terres.

Il propose alors à Théophilos de marier sa fille Appolonia à son fils. Mais Ampelius ne l’entend pas de cette oreille. La tension monte. La guerre est proche.

Pourtant, point d’affrontement possible à ce moment-là. C’est la trêve durant les Jeux olympiques. Dosymos saisit la balle au bond et défie Tritonia dans une épreuve digne des jeux olympiques.

« J’exècre les rivalités sous toutes leurs formes »

Démétrios à Tokyo

Théophilos s’entretient alors avec Démétrios. Il veut que le jeune homme affronte Dosymos. Il sent qu’il pourra le battre.

« Mais aujourd’hui, toi seul peux sauver le village »

Le jeune peintre sait qu’il n’a aucune chance contre le chef de la ville voisine. Il part se réfugier dans une immense jarre et se lamente.

Après un éclair qui vient frapper son abris, Démétrios se réveille dans une bien mystérieuse maison. Il est alors surpris par le maître Iwaya. Le vieil homme est un professeur reconnu de l’Antiquité grecque. Il comprend même son invité. En effet, il parle lui aussi le grec ancien.

Le céramiste se retrouve alors à Tokyo en 1964, au milieu des Jeux olympiques. Iwaya est curieux et invite Démétrios à le suivre à la fête du quartier. Il souhaite continuer à discuter avec lui. Le professeur participe alors à une course à l’œuf…

Olympia Kyklos ou le triomphe du grec ancien

Sur la même trame narrative – un homme projeté dans une époque qui n’est pas la sienne – Mari Yamazaki fait encore des merveilles. Là où Thermae Romae mettait en scène Lucius, un architecte antique romain se retrouvant à Tokyo au XXe siècle en plongeant dans des bains publics, Olympia Kyklos transfère un jeune céramiste grec antique dans la capitale nippone de 1964.

Si la série qui fit connaître la mangaka en dehors du Japon (Thermae Romae fut lauréat du Grand prix du manga, ainsi que du Prix de la culture Osamu Tezuka) était somme toute un peu plus sérieuse – il y avait néanmoins des moments d’humour – Olympia Kyklos fonctionne plus sur un registre de comédie.

Des Jeux olympiques pour la gloire

Finis les bains publics et l’architecture, bienvenue dans le monde des jeux olympiques. Olympia Kyklos repose donc sur la thématique du sport. Un fil conducteur entre les deux époques. Dans celle du IVe siècle avant notre ère, Démétrios doit affronter Dosymos dans une version des jeux pour les dieux grecs, tandis que dans les années 1960, Tokyo accueille des jeux modernes, chers à Pierre de Coubertin.

Il y a donc de la compétition aux deux endroits dans lequel se retrouve le jeune peintre. Les épreuves sont très physiques et le triomphe à portée de main. A l’époque antique, les vainqueurs étaient couvert de gloire, d’argent et parfois étaient même élevés au rang nobiliaire. Plus proche de nous, les lauréats reçoivent des médailles, de la médiatisation et parfois une récompense financière de l’état.

Amour, gloire et hellénistique

Les lecteurs apprécient beaucoup la personnalité de Démétrios, plutôt calme, réservé, peu enclin au sport et à la gloire qui en découle. Lui ne souhaite que peindre et que la belle Appolonia pose enfin les yeux sur son visage.

En plus de cette potentielle romance, Mari Yamazaki dévoile une très jolie relation entre le céramiste et Iwaya. Ce vieux professeur spécialiste du monde hellénistique comprend et parle le grec ancien. Vénéré, c’est aussi grâce à cet homme que les Jeux olympiques de 1964 furent accueillis à Tokyo. Aimant les épreuves antiques, il lui tenait à cœur que leur version moderne se déroule dans la capitale japonaise.

Thermae Romae, Pline et Olympia Kyklos

Les lecteurs se souviennent de la force graphique impressionnante de Mari Yamazaki sur Pline, narrant la vie de philosophe à l’aune de l’éruption du Vésuve mais également sur Thermae Romae. Pour Olympia Kyklos, il semblerait que les vignettes soient moins chargées, plus aérées, dans les décors comme le voudrait le côté comique de la série.

Néanmoins, la mangaka est toujours aussi juste dans son dessin des corps, de leur musculature. Les visages sont toujours aussi expressifs et les scènes sportives extrêmement bien réussies.

Olympia Kyklos : une belle comédie sportive, de très jolis personnages, portés par un dessin exquis. Là suite, vite !

Article posté le samedi 03 avril 2021 par Damien Canteau

Olympia Kyklos 1 de Mari Yamazaki (Casterman Sakka)
  • Olympia Kyklos, volume 1
  • Autrice : Mari Yamazaki
  • Traducteurs : Ryoko Sekiguchi et Wladimir Labaere
  • Editeur : Casterman, collection Sakka
  • Prix : 8,45 €
  • Parution : 17 mars 2021
  • ISBN : 9782203202986

Résumé de l’éditeur : Démétrios, un jeune peintre sur amphore de la Grèce antique a un talent pour le sport mais abhorre la compétition. Il est aussi secrètement amoureux d’Appolonia, la fille du chef de son village. Désigné champion de sa ville lors d’une querelle de voisinage, il se réfugie dans un vase géant. Lorsque ce dernier est frappé par la foudre Démétrios se retrouve transporté à Tokyo en 1964, l’année des jeux Olympiques.

 

À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau

Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.

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