Punisher Soviet

Punisher Soviet. Sous la plume de Garth Ennis et le crayon de Jacen Burrows, le Punisher est de retour ; et cette fois-ci, il n’est pas seul.

DEUX JUSTICIERS DANS LA VILLE.

Bien souvent, les histoires du Punisher commencent par une scène de massacre.

Punisher Soviet ne fait pas exception : dans une cave exiguë, éclairée par la lumière blanche et froide d’un néon, gît une petite dizaine d’hommes. Au milieu des corps, un homme se tient debout. Vêtu de noir, il a un fusil à pompe dans les mains, et sur son torse, on distingue une tête de mort blanche.

Pas de doute, le Punisher a encore frappé.

Parallèlement, une voix off nous décrit la scène, c’est celle de Frank Castle :

« Personne n’avait même pu dégainer.

Beau travail.

Très beau.

Seul problème, ça venait pas de moi. »

Le Punisher n’est plus seul… Ami ou ennemi, une chose est sûre, le spectacle promet d’être grandiose.

LE PUNISHER PAR GARTH ENNIS.

En matière de comics, il y a des auteurs qui ont tellement marqué l’histoire d’un personnage que leurs noms sont devenus liés, indissociables : Les X-men et Chris Claremont, Daredevil et Frank Miller, Swamp-Thing et Alan Moore… La liste est longue, mais il est certain qu’en bonne place, se trouve le Punisher et Garth Ennis.

Le fait est que le scénariste irlandais a écrit la légende du personnage, dans la collection Marvel Knights tout d’abord, puis et surtout sous le label Marvel Max. Fondé par Joe Quesada, ce dernier regroupe des histoires destinées à un public adulte, ayant le cœur bien accroché. C’est sous ce label qu’on a pu lire les meilleures histoires du Punisher et c’est sous cette étiquette que paraît Punisher Soviet.

SYMPATHIE POUR LE DIABLE.

Le fait est que le lecteur friand de ce genre de récits ne sera pas déçu. Garth Ennis sait manier la violence et l’horreur comme peu de scénaristes, et s’il est vrai qu’il s’est illustré dans des histoires mémorables de Super-Héros, il est aussi capable de développer des histoires de guerre véhiculant un message acerbe et profond. Avec le Punisher, le scénariste a toujours trouvé le mélange parfait.

Pourtant ici, même quand on connaît le style de l’auteur, on est surpris tant il s’ingénie à trouver des situations inédites qui restent en mémoire bien longtemps après avoir refermé les pages…

Bien entendu, la violence est présente, c’est dans le cahier des charges. Mais sous la plume de l’auteur de Rover Red Charlie, même si certaines scènes sont d’une rare brutalité, rien n’est gratuit, rien n’est utilisé avec légèreté et l’invention de scènes choquantes et marquantes a pour unique but de créer une image désabusée de l’humanité. Que ce soit le Punisher ou son alter ego soviétique, personne ne prend goût aux excès qu’ils ont subi ou bien dont ils se sont rendus coupables.

Par de subtils flash-backs, on suit les protagonistes entre l’Amérique et l’Afghanistan avec une constante : un parfum d’amertume et de mélancolie qui se dégage de l’œuvre.

LA GUERRE À DEUX VISAGES.

Cette histoire aussi violente que désabusée est mise en images par le talentueux Jacen Burrows (Neonomicon).

Son trait fin et précis rappelle parfois le très regretté Steve Dillon (Preacher). Par ailleurs, il colle parfaitement à l’ambiance qui fait alterner scènes d’action apocalyptiques et discussions glaciales qui laissent présager le pire. Et le pire finira toujours par arriver…

Le fait est qu’on retrouve ici le tandem qui a donné vie à la redoutable série Crossed « le récit le plus extrême et le plus dérangeant que j’aie jamais écrit », de l’aveu même de Garth Ennis. « Le récit le plus extrême et le plus dérangeant jamais écrit » pourrait-on corriger, tant l’œuvre repousse les limites de l’horreur.

Sans atteindre ces extrémités, avec Punisher Soviet, au voit bien que les deux artistes retrouvent des automatismes ; et certaines situations restent gravées sur notre rétine dans un crescendo qui aboutit à une scène finale d’anthologie.

Tout est millimétré, les planches parfaitement construites donnent un dynamisme implacable qui nous entraine dans un tourbillon dont il est difficile de ressortir indemne.

Lorsque Garth Ennis écrit une histoire sur le Punisher, il faut s’attendre à une œuvre hors du commun. Punisher Soviet est sans aucun doute de cette veine.

Par sa capacité à faire montre d’une violence extrême, elle n’est certainement pas à mettre entre toutes les mains et pourra même déplaire, voire repousser. Pourtant, comme souvent chez Garth Ennis, la violence n’est pas gratuite, et son usage est mesuré, cohérent avec le message véhiculé.

Quand on termine cette histoire, il faut bien l’avouer, on reste hagard, sonné par l’histoire et les images qu’on vient d’avoir sous les yeux. On tourne alors machinalement les dernières pages et on profite des magnifiques couvertures alternatives proposées, comme un moyen de redescendre sur terre ou plutôt d’y remonter…

Article posté le lundi 05 octobre 2020 par Victor Benelbaz

Punisher Soviet de Garth Ennis et Jacen Burrows (Panini / Marvel)
  • Punisher – Soviet
  • Scénariste : Garth Ennis
  • Dessinateur : Jacen Burrows
  • Editeur : Panini, Marvel
  • Parution : 12 août 2020
  • Prix : 18 €
  • ISBN : 9782809491043

Résumé de l’éditeur : Le Punisher apprend qu’il est redouté par la mafia russe suite à des expéditions punitives qu’il n’a pas commises. Frank Castle mène alors l’enquête et rencontre son pendant soviétique. Le début d’une belle amitié ?

À propos de l'auteur de cet article

Victor Benelbaz

Tombé dans la marmite de la bande dessinée depuis tout petit, Victor est un vrai amateur éclairé. Comics ou récits jeunesse sont les deux genres préférés de ce professeur de français.

En savoir