La BD règle ses contes

La nouvelle exposition jeunesse du festival plonge les festivaliers dans le monde merveilleux des contes. Merveilleux ? Rien n’est moins sûr. Laissez-vous guider à travers le château d’Émile et Margot, la forêt sombre des Ours nains ou l’aventure de la Quête.

La BD règle ses contes : le quartier jeunesse dans tous ses états

L’exposition est fondée sur cinq univers de bandes dessinées jeunesse : Émile et Margot d’Anne Didier, Olivier Muller et Olivier Deloye, Contes fabuleux de la nuit, de Miyako Miiya, L’Encyclopédie du merveilleux, dirigée par Benjamin Lacombe, Les Sept Ours nains, d’Émile Bravo et La Quête, de Frédéric Maupomé et Wauter Mannaert.

Comme l’explique Romain Gallissot – l’un des deux commissaires de l’exposition avec Benjamin Roure – la philosophie de l’accrochage est de : “montrer à quel point les contes sont un matériel universel. Ce sont les premières histoires que les enfants rencontrent, partagent avec leurs familles. C’est un excellent vecteur de transmission. D’abord, des histoires transmises à l’oral, puis couchées sur le papier par des grands auteurs – Grimm, Andersen, Perrault. Et à notre époque, se demander comment la bande dessinée s’empare de ce matériel.”

Cinq univers déclinés en cinq salles

Les cinq univers ont donc une approche très différente des contes. Cette diversité se décline en cinq salles.

Pour accueillir les jeunes festivaliers, une carte dessinée par Wauter Mannaert reprend les cinq univers. L’auteur de La quête a donné sa vision des quatre autres contes. Ce plan permet aux visiteurs de se plonger au mieux dans cette aventure ludique. Un livret d’aventures gratuit permet également de cheminer au mieux dans l’exposition à travers des jeux et des questions. Le livret accompagne aussi celles et ceux qui aimeraient écrire leur propre conte.

Des relectures de contes populaires

“Les cinq univers proposent des relectures, des détournements, des hommages, des interprétations ou des transgressions. Le choix des cinq séries peut ainsi parler aux plus jeunes lecteurs avec Émile et Margot, les Ours nains également, même si les adultes pourront y voir des références en deuxième niveau lecture.” Le co-commissaire d’exposition poursuit : “Chez Benjamin Lacombe, l’univers graphique est puissant, avec des images porteuses de sens. Quant à La quête, c’est l’idée de partir à l’aventure pour les jeunes ados. Il y a aussi une capsule japonaise avec la vision des contes par Miyako Miiya et son manga Contes fabuleux de la nuit”.

“Nous avons essayé de brasser les différents âges des festivaliers afin de contenter un maximum de visiteurs de l’exposition. Les adultes y trouvent aussi leur compte.”

La BD règle ses contes : des thématiques très actuelles

À travers les cinq salles, les festivaliers peuvent se rendre compte que les univers proposés comme ceux plus anciens, ont des sous-textes extrêmement actuels. Les contes qui ont plus d’une centaine d’années sont fondateurs de notre culture, de nos identités.

Comme le soulignait Bruno Bettelheim dans Psychanalyse des contes de fées, et mis en exergue dès le premier panneau de l’exposition : pour se construire, les enfants ont aussi besoin d’avoir peur mais aussi de se rassurer. Ici, les peurs sont présentes mais elles sont plutôt contenues, voire drôles chez Émile Bravo et ses Ours nains. L’ambiance feutrée et plongée dans le noir des univers de Benjamin Lacombe peut aussi y faire penser.

La quête : jouer et partir à l’aventure

De ses cinq univers, La quête de Frédéric Maupomé et Wauter Mannaert termine agréablement la déambulation.

L’album édité par Le Lombard invite les lecteurs – et ici les festivaliers – à partir à l’aventure. Une aventure moderne à dos de scooter.

Comme l’explique le scénariste : “le travail avec Romain Gallissot et Benjamin Roure s’est déroulé en grande intelligence. À travers des visios et au téléphone, les commissaires ont voulu comprendre notre projet, nos envies et la réalisation de La quête. À partir de nos échanges, ils ont réfléchi à ce qu’ils voulaient mettre dans notre espace.”

Au centre de la pièce, trône un jeu de société de type Labyrinthe avec les héros de la série. “Wauter et moi, nous aimons les jeux et nous avons soumis l’idée, reprise avec enthousiasme par Benjamin et Romain.”

D’ailleurs en pénétrant la première fois dans le coin La quête, Frédéric Maupomé a ressenti un effet “Waouh” très fort, notamment par la scénographie très réussie d’Élodie Descoubes.

Cette exposition est à voir jusqu’à dimanche au Quartier Jeunesse, dans la Cité BD.

Article posté le jeudi 30 janvier 2025 par Damien Canteau

À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau

Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une trentaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée) et co-responsable du prix Jeunesse de cette structure. Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip. Damien modère des rencontres avec des autrices et auteurs BD et donne des cours dans le Master BD et participe au projet Prism-BD.

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