Little Tulip

Little Tulip marque le retour de l’écrivain américain Jérôme Charyn et du dessinateur français François Boucq. Le fruit du travail de ce duo magique qui met cette fois en scène un gamin paumé, Pavel, qui en découvrant l’enfer du goulag se découvre aussi un immense talent pour le dessin… Un quart de siècle après La Femme du magicien et Bouche du diable le tandem franco-américain se reforme pour nous livrer une histoire dont ils ont le secret . A la fois âpre et tendre, cruelle et pleine de rebondissements.

DE NEW-YORK AU GOULAG

L’histoire commence dans les années 70, à New-York. Paul est un tatoueur chevronné, qui travaille aussi pour la police. Il n’a pas son pareil pour croquer à la demande le portrait robot d’un criminel recherché, sur la seule base des informations données par des témoins. Et ça tombe plutôt bien car un serial-killer qui viole et tue des femmes dans les rues sombres de la Big Apple déjoue tous les plans de la police…
Vingt ans plus tôt, dans l’Union Soviétique des années 50, le jeune Paul a débarqué à Moscou avec ses parents. Le père, artiste, travaille avec le célèbre cinéaste Eisenstein pour lequel il dessine des décors. Mais la police, le soupçonnant d’espionnage, l’arrête. C’est le premier déchirement. La famille est séparée. Les parents au goulag, l’enfant dans un camp.

LE DESSIN DANS LA PEAU

Avec son père, pendant ses années « heureuses » le garçonnet a appris les rudiments du dessin. Il va peu à peu développer un talent sans précédent qui va le sauver. Paul deviendra rapidement le « tatoueur » attitré des prisonniers comme des gardiennes. Cela lui confère un statut à part et sans doute le sauver d’une mort certaine…

TRUANDS ET Prostituées

Dans cet univers des camps régi par la cruauté des chefs de gangs, la nymphomanie de la gardienne en chef,  Mashenka, Paul/Pavel apprend de nouveaux repères, entre crime organisé, veulerie et lâcheté à tous les étages. Le dessin, et ici en particulier le tatouage, le font accéder à une autre dimension, quasi chamanique. Il a un maître, qui l’initie, avant de devenir à son tour celui qui se met en quelque sorte dans la peau des autres…

PUISSANCE DU TRAIT

Côté scénario, Little Tulip nous offre un savant dosage de flash back et d’ellipses qui tiennent le lecteur en haleine. On a à la fois une histoire tirés de faits réels et des carnets d’un certain Danzig Baldaev, déporté enfant avec ses parents, devenu gardien dans un camp sibérien, dessinant tout ce qu’il voyait… Contrairement à l’histoire des camps nazis, on dispose encore d’assez peu de choses sur celle des goulags. Côté dessin, les fans de Boucq ne seront pas déçus. On retrouve dans ces 84 pages au cordeau un trait puissant, précis, fort en tous points. Un vrai régal !

Article posté le mercredi 12 novembre 2014 par Jean-Michel Gouin

  • Little Tulip
  • Scénariste : Jérôme Charyn
  • Dessinateur : François Boucq
  • Editeur: Le Lombard
  • Prix: 16.45€
  • Sortie: 07 novembre 2014

Résumé de l’éditeur : « Emprisonné en même temps que ses parents, c’est à l’âge de sept ans que Pavel a découvert l’enfer du goulag. Séparé des siens, il a dû apprendre à survivre seul. Quelques années plus tard, il connaît bien les règles qui régissent son univers: la violence permanente, l’incurie des gardiens, la toute-puissance des chefs de gangs,… Il sait que s’adapter et s’endurcir ne suffisent pas. Grâce à ses talents de tatoueur, il obtient la protection de Kiril la Baleine, le plus cruel des caïds. Mais s’allier avec le diable a toujours un prix… »

À propos de l'auteur de cet article

Jean-Michel Gouin

Passionné par l'écrit, notamment l'histoire, la littérature policière et la bande dessinée, Jean-Michel Gouin est journaliste à Poitiers.

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