Les Intrus

Après plusieurs albums édités par Delcourt, Les yeux à vif (1998), Insomnie et autres histoires (2008), Loin d’être parfait (2008) et Scènes d’un mariage imminent (2011), Adrian Tomine dévoile Les intrus, un recueil de 6 histoires composées comme des comédies dramatiques, publié par Cornélius.

SIX PETITES TRANCHES DE VIE

Hortisculpture ou la quête impossible d’un créateur pour faire reconnaitre ses sculptures comme un art nouveau !

Amber sweet ou les vicissitudes d’une jeune étudiante qui à la malchance de ressembler à une célèbre actrice porno !

Allez les Owls ou pourquoi mes compagnons sont toujours des loosers ?

Traduis du japonais ou l’histoire d’une séparation sans lendemain.

Tuer ou mourir ou peut-on réussir dans le stand up lorsque l’on est bègue et sans brio ?

Les intrus ou le récit d’un homme dont et l’ennui et le désespoir le pousse à violer l’intimité d’un appartement, son ancien appartement !

Se présentant comme un roman graphique dans la très belle collection Pierre, Les intrus est à classer dans la catégorie des romans courts très prisé aux USA.

DES RÉCITS CONSTRUITS COMME DES COMÉDIES DRAMATIQUES

Constitué de six histoires simples, Adrian Tomine brosse des tranches de vies à la manière des comédies dramatiques avec énormément de finesse utilisant pour la réalisation graphique aussi bien le strip que le récit. De même, ses univers évoluent au gré des pigments de sa palette en passant du noir et blanc à la bichromie jusqu’à la couleur. Démarche identique pour la forme, avec des mises en pages classiques en 4×3 qui alternent avec des dessins en pleine pages ou des découpages un peu plus déstructurés comme le font plus généralement les auteurs de romans graphiques .

Ces différences de traitement sont certainement à rechercher dans l’origine des ces histoires parues dans un fanzine de manière irrégulière sans chercher une égalité de traitement entre les différents récits.

Le fil conducteur reste néanmoins cette ligne claire très précise qui sert parfaitement l’introspection que chaque lecteur ne manquera pas de mener. L’auteur maitrise parfaitement sa narration si bien que cette compilation se lit avec délectation.

Absolument indispensable dans une bibliothèque respectable !

Article posté le jeudi 22 octobre 2015 par Thierry Guichard

Les Intrus fait partie des 15 meilleures BD publiées en 2015 pour Comixtrip, le site spécialisé en bande dessinée
  • Les intrus
  • Auteur : Adrian Tomine
  • Editeur : Cornélius, collection Pierre
  • Prix : 23.50€
  • Parution : 22 octobre 2015

Résumé de l’éditeur : Temps présent et adversité sont les angles immuables des histoires d’Adrian Tomine, qui laissent le sentiment que rien ne changera jamais. Depuis ses débuts, cet Américain d’origine japonaise décline dans sa série Optic Nerve des parenthèses de vie contemporaine, traversées par des hommes et des femmes harassés par leur quotidien. La manière soudaine et presque arbitraire dont s’ouvrent et s’interrompent ces chroniques laisse le plus souvent abasourdi, et concourt à identifier son style si particulier. Car si Tomine décrit des personnages dont la vie se sclérose peu à peu autour d’un quotidien banal, il ne cesse de réinventer son style, faisant évoluer sa grammaire à l’aide d’expériences formelles, comme pour conjurer par l’art un destin qu’il semble redouter pour lui-même. Ce nouveau recueil confirme ainsi son intérêt récent pour la couleur, accompagnant une forme de nostalgie pour la bande dessinée classique et un goût pour les constructions graphiques. Le lecteur passe ainsi d’un récit introspectif à la première personne, illustré par des cartes postales dépeuplées, à un gaufrier extrêmement dense de cinq bandes dans lequel la répétition devient rythmique. Avec l’âge, le cynisme des débuts a cédé la place à une forme d’empathie empreinte d’ironie. Adrian Tomine rejoint ici son influence majeure, Yoshihiro Tatsumi, ce maître de la bande dessinée japonaise qui lui a permis de conjuguer ses deux cultures, le Japon et L’Amérique, le Gekiga et le Comics underground, pour se forger un langage à son image. Un langage qui, loin des effets faciles, déploit les moyens de la bande dessinée pour se consacrer à la peinture la plus juste possible de la condition humaine moderne.

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Thierry Guichard

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