Ava

Avec Ava, quarante-huit heures dans la vie d’Ava Gardner, le scénariste Emilio Ruiz et la dessinatrice Ana Miralles font le portrait intime de cette icône du cinéma hollywoodien. De toute beauté…

Ava, quarante-huit heures dans la vie d'Ava Gardner de Emilio Ruiz et Ana Miralles (éditions Dargaud)

Un portrait intime

Elle aura marqué le cinéma de son empreinte et de sa beauté. Elle, c’est Ava Gardner (1922-1990) star parmi les stars, dont le scénariste Emilio Ruiz et la dessinatrice Ana Miralles dressent le portrait dans un fort bel album, Ava, publié cet automne chez Dargaud.

Si, comme l’indique le sous-titre, il ne s’agit ici que de raconter quarante-huit heures de la vie de la vedette, les auteurs réussissent une belle prouesse. Ils livrent une part d’intimité de celle que certains surnommaient « le plus bel animal du monde » ou encore « la Marylin Brune ».

Ava, quarante-huit heures dans la vie d'Ava Gardner de Emilio Ruiz et Ana Miralles (éditions Dargaud)

En tournée

Nous sommes en 1954.  Ava Gardner est au sommet de son art. La fille d’un pauvre fermier de Caroline du Nord a déjà marqué les esprits. Nommée aux Oscars l’année précédente pour son rôle dans Mogambo, elle va désormais enchaîner les succès. En particulier avec ce film, La comtesse aux pieds nus qui va devenir l’un des plus emblématiques de sa carrière.

Elle entame alors une vaste tournée promotionnelle à travers l’Amérique du Sud. Un peu partout, la vedette est adulée comme il se doit, mais sous le soleil de Rio de Janeiro, la vie rêvée de la star va virer au cauchemar.

Ava, quarante-huit heures dans la vie d'Ava Gardner de Emilio Ruiz et Ana Miralles (éditions Dargaud)

Fans et paparazzi

Une fois sur place, plus rien ne va. Dès son arrivée sur le tarmac de l’aéroport, insultée, bousculée, il lui faut fuir une foule compacte. A la douane puis à l’hôtel, tout se dérègle. C’est bientôt une presse intrusive et des photographes avides de scandales qui importunent Ava. Elle veut des clichés sensationnels. Elle se sent traquée, proche de l’humiliation. Ce court séjour brésilien semble à lui seul résumer l’existence de l’actrice, fragile et forte à la fois.

Souvent harcelée par les hommes, dont le producteur Howard Hugues, empêtrée dans de fréquents déboires sentimentaux, tel son divorce avec Franck Sinatra, Ava Gardner n’aura de cesse de vouloir s’émanciper, de rester une femme libre. Car pour cette amoureuse et cette fêtarde, dans l’Amérique des années 50 il n’est pas toujours facile de mener sa barque. Le cinéma hollywoodien a fait d’elle une marque. Celle-ci doit donc se plier au diktat des producteurs. Ava est une belle femme et doit le rester…

Ava, quarante-huit heures dans la vie d'Ava Gardner de Emilio Ruiz et Ana Miralles (éditions Dargaud)

Un dessin magnifique

Le couple Ruiz-Miralles, à la manœuvre sur cet album réussit parfaitement à restituer l’atmosphère de l’époque. Rien ne manque, les décors, les costumes et surtout l’expression des visages. Comme un peintre, Ana Miralles brosse un tableau sensible du visage de Gardner. Ses postures, ses expressions, de la joie à la colère en passant par la mélancolie, le rêve, son dessin sait les saisir avec bonheur.

Une réflexion sur le star system

Cette Ava, icône glamour d’un cinéma américain devenu mythique, ravira tous les amateurs du genre mais aussi toutes celles et ceux qui voudraient se familiariser avec cette époque. Outre son esthétique assumée, cet album propose également une réflexion sur la célébrité et le star system, sur la force des images, qu’elles soient à l’œuvre sur pellicule ou sur papier glacé…

Article posté le lundi 16 décembre 2024 par Jean-Michel Gouin

Ava, quarante-huit heures dans la vie d'Ava Gardner de Emilio Ruiz et Ana Miralles (éditions Dargaud)
  • Ava, quarante-huit heures dans la vie d’Ava Gardner
  • Scénariste : Emilio Ruiz
  • Dessinateur : Ana Miralles
  • Editeur : Dargaud
  • Prix : 22, 50 €
  • Parution : 18 octobre 2024
  • Nombre de pages : 112
  • ISBN : 9782505117247

Résumé de l’éditeur : Ava Gardner est née sous une bonne étoile, celle de Bethléem pourrait-on même préciser, elle qui vit le jour lors du réveillon de Noël 1922. Ava Gardner, c’est 70 films en quarante ans de carrière : une petite étudiante en sténodactylo à la beauté renversante, repérée très tôt par la Metro Goldwyn Mayer et qui en fit l’archétype de la femme fatale. Ava, c’est aussi trois mariages, un nombre impressionnant d’amants et une addiction à la fête et à la vie nocturne animée. Une actrice adulée, une icône inaccessible. Cependant, un évènement de 1954, lors de sa tournée pour présenter le film « La Comtesse aux pieds nus », a effrité l’adoration du public. À Rio de Janeiro, dans un contexte politique instable, la star y reçoit un accueil éprouvant, étouffant et est au coeur de plusieurs controverses. La presse ne l’épargne pas. C’est cet épisode qui a fragilisé l’actrice, scénarisé par Emilio Ruiz, qu’Ana Mirallès a choisi d’illustrer. Avec « Ava », elle met en lumière une vie teintée de violence : celle des hommes et de leur désir de posséder. Un portrait plus intime de celle qu’on a surnommé « le plus bel animal du monde », en proie aux désillusions.

À propos de l'auteur de cet article

Jean-Michel Gouin

Passionné par l'écrit, notamment l'histoire, la littérature policière et la bande dessinée, Jean-Michel Gouin a été journaliste radio et presse écrite pendant une trentaine d'années à Poitiers.

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