Birds of Prey – Harley Quinn

Les chemins du Joker et d’Harley Quinn se sont séparés. Et la vie de la célèbre ex-psychiatre de l’asile d’Arkham va une nouvelle fois prendre un tournant inattendu lorsqu’un ancien patient lui lègue un immeuble entier à Coney Island.

Birds of Prey – Harley Quinn : une aventure aussi rythmée que loufoque, parue chez Urban comics.

IL FAUT TOURNER LA PAGE…

Fidèle à lui-même, le Joker a laissé un cadeau d’adieux à sa chère et tendre : une bombe qui a fait exploser le box abandonné dans lequel Harley Quinn avait élu domicile et où elle entassait toutes ses affaires.

Pour la jeune femme tout juste émancipée, c’est une occasion efficace de faire table rase du passé. Et quand, surgissant de nulle part, déboule le représentant du cabinet Coachman et Coachman pour lui offrir une immense propriété à New-York, la belle prend juste le temps de charger sa moto et file vers de nouveaux horizons.

Sept pages plus tard et prenant à peine le temps de causer un accident sur le pont de Brooklyn et de décapiter un motard à tête de mort avec un marteau géant, la voilà devant un splendide immeuble de trois étages avec toit terrasse.

Pas de doute, c’est l’endroit rêvé pour démarrer une nouvelle vie, à un détail près : en tant que nouvelle propriétaire, elle doit régler les taxes dues, les impôts fonciers, l’assurance et les ordures ménagères.

Pas le choix, il va rapidement falloir trouver un emploi et même peut-être deux.

Motivée comme jamais, Harley dégotte deux entretiens assez proches l’un de l’autre : psychiatre dans une maison de retraite et membre du Renegade Roller Derby, une course de roller par équipe dans laquelle tous les coups sont permis.

Inutile de préciser que pour l’un comme pour l’autre, elle a le profil idéal.

Et puis s’il lui reste un peu de temps, elle va devoir s’occuper d’un petit détail, trois fois rien : découvrir pourquoi tous les tueurs à gage de la région en ont après elle.

UNE RENAISSANCE.

Depuis sa création en 1992 par Paul Dini et Bruce Timm dans le célèbre dessin animé Batman, la série animée, le personnage de Harley Quinn est intimement lié à celui du Joker. Ainsi, celle qui fut un temps son psychiatre à l’asile d’Arkham assurait les seconds rôles dans un costume d’arlequin rouge et noir.

Puis, en 2016, le personnage a connu une révolution auprès du grand public, dans le film Suicide Squad de David Ayer. Si les qualités du film sont discutables, il n’en demeure pas moins que le charisme de Margot Robbie a effectivement permis de donner plus d’importance à celle qui occupera finalement le premier rôle en 2020 dans le film de Cathy Yan, Bird of Prey (et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn).

Mais quelques années auparavant, dans l’univers des comics, le personnage avait déjà entamé son évolution sous la plume du couple de scénaristes Amanda Conner, Jimmy Palmiotti et le pinceau du dessinateur Chad Hardin.

Jusque-là, tout est simple, mais dans cette nouvelle édition, qui voit le jour après la sortie du film, l’ex-psychiatre est désormais rattachée aux Birds of Prey, comme en témoigne le titre.

Pourtant, et les puristes ne doivent toujours pas s’en être remis, Harley Quinn ne fait pas (ou très peu) partie des Birds of Prey dans l’univers des comic books.

La magie du marketing a bien entendu fait son œuvre, mais en fait, il faut concevoir cette bande dessinée pour ce qu’elle est : la réédition du premier tome de la série Harley Quinn, parue en France en 2015 dans la collection DC Renaissance. Mais pour coller à l’actualité cinématographique, une série Birds Of Prey de trois tomes a été créée en associant trois histoires indépendantes traitant de trois personnages principaux du film : Harley Quinn, Huntress et Black Canary.

Mais après tout, peu importe, car mis à part dans le titre, ces points ne seront jamais évoqués dans l’histoire. Et si certains lecteurs découvrent cette bande dessinée grâce au film, tant mieux, car il s’agit d’un très bon moment de lecture. Qui plus est, cette nouvelle collection bénéficie de magnifiques couvertures originales inspirées du film et réalisées par la très talentueuse Tula Lotay. Tout compte fait, le lecteur se retrouve donc gagnant.

Birds of Prey – Harley Quinn : UN BONBON TRÈS ACIDULÉ.

Débarrassée de son légendaire petit ami, Harley Quinn devient enfin l’unique héroïne d’aventures acides et pétillantes.

Le ton est décalé et par bien des aspects, ces aventures rappellent celles des dessins animés de Tex Avery (sous acide, certes) ou de Deadpool.

En effet, l’héroïne et ses amis semblent invulnérables et même immortels. Ils peuvent survivre sans la moindre égratignure à une bombe ou une attaque à la cloueuse pneumatique ; bien entendu, c’est loin d’être le cas de ceux qui se mettront en travers de leur chemin.

Un autre point commun : une action omniprésente et régulièrement associée à des pointes d’humour destinées à désamorcer une violence qui sans ce stratagème, serait extrême. Dans le même ordre d’idées, certains personnages, comme un chien ou un bouc, tous deux humanoïdes, sortent parfois de nulle part, n’ayant pour autre fonction que de rompre le réalisme.

Employé avec parcimonie et justesse, ce procédé remplit parfaitement son rôle et finalement, les têtes volent sans que la moindre gêne ne se fasse ressentir.

On observe enfin un jeu perpétuel avec le fameux quatrième mur. Ainsi, dans sa schizophrénie et son incroyable capacité à dépasser les conventions, Harley Quinn est aussi bien capable de discuter avec un castor empaillé, qu’avec le lecteur ou les scénaristes de ses aventures.

Les premières pages de la bande dessinée sont à ce titre mémorables car elles permettent d’assister à une sorte de série d’entretiens d’embauche pendant lesquels des dessinateurs de renoms tentent de convaincre Harley de les laisser dessiner ses aventures. On admire alors une série de planches dessinées par des légendes des comic books mettant en scène Harley Quinn dans leur style propre, le tout accompagné des commentaires acerbes et extrêmement drôles de la première intéressée.

Le reste du tome est dessiné par le talentueux Chad Hardin, son style colle parfaitement avec le ton des aventures. Le dosage entre réalisme et cartoon est parfaitement maîtrisé et donne lieu à des planches particulièrement réussies.

On l’aura compris, lire Birds of Prey – Harley Quinn, c’est s’embarquer dans une aventure au rythme effréné, mais aussi un très bon moyen de découvrir un personnage devenu emblématique dans l’univers DC. Aux côtés de la belle psychopathe, on s’amuse et on ne s’ennuie pas une seconde. Un bon moment de lecture aux allures de blockbuster qui pourra s’accompagner, pour ceux qui en redemandent, des deux autres tomes des Birds of Prey consacrés à Huntress et Black Canary.

Article posté le dimanche 21 juin 2020 par Victor Benelbaz

  • Birds of Prey – Harley Quinn
  • Scénaristes : Amanda Conner et Jimmy Palmiotti
  • Dessinateur : Chad Hardin
  • Éditeur : Urban Comics
  • Prix : 19,00 €
  • Parution : 24 janvier 2020
  • ISBN : 9791026818755

Résumé de l’éditeur : L’ancienne psychiatre Harleen Quinzel n’est pas le genre de femme à se satisfaire d’une vie convenable et tranquille. Elle fuit la routine comme la peste et cherche par tous les moyens à faire de sa vie une aventure. Sa toute fraîche installation à Coney Island est donc l’occasion rêvée d’en commencer un nouveau chapitre ! Avec son entrée fracassante dans l’équipe locale de roller derby, l’approche de la Saint-Valentin et la découverte d’un contrat sur sa tête, la pétillante Harley Quinn aura beaucoup à faire.

À propos de l'auteur de cet article

Victor Benelbaz

Tombé dans la marmite de la bande dessinée depuis tout petit, Victor est un vrai amateur éclairé. Comics ou récits jeunesse sont les deux genres préférés de ce professeur de français.

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