Bonjour tristesse

Frédéric Rébéna propose une adaptation libre du roman -phénomène de Françoise Sagan, Bonjour tristesse. Un conte ensoleillé, sensuel et cruel porté par un dessin lumineux.

Le pari de l’adaptation

Il n’est jamais facile d’adapter une œuvre, qui plus est iconique comme cet archi célèbre roman d’une certaine Françoise Quoirez, alias Françoise Sagan, paru en 1954. Adapté au cinéma par le réalisateur Otto Preminger en 1958 puis sept ans plus tard à la télévision par François Chateau et en 1995 par Peter Kassowitz, Bonjour Tristesse entre maintenant en BD. Une entrée plutôt réussie assurée par Frédéric Rébéna, déjà repéré pour son Attrape-livres (avec François Rivière) ou son Mitterrand, un jeune homme de droite (avec Philippe Richelle).

Roman-phénomène vendu à plus de 2 millions d’exemplaires, Bonjour tristesse fut dit-on rédigé en six semaines par une jeune femme qui n’avait alors que 18 ans. Le même âge ou presque que celui de l’héroïne de son livre, Cécile, qui passe l’été en compagnie de son père Raymond et de la maîtresse de celui-ci, Elsa, dans une villa huppée du sud de la France…

Une nouvelle jeunesse

Mondanités, oisiveté, alcool, cigarettes et voitures de sport rythment cette histoire de jalousie et de marivaudage feutré bientôt terni par un drame. Frédéric Rébéna prend ici quelques distances avec le roman  originel. Tout en campant un décor très stylisé. Préfacé par Frédéric Beigdeber, cet album est aussi truffé de clins d’œil et de références aux artistes en vogue de l’époque décrite par Sagan : Fernand Léger, Le Corbusier, Rothko… Comme il l’avoue lui-même dans un entretien, Rébéna a dû « complètement rebattre les cartes » d’une histoire quasi-universelle, l’adapter aux codes d’aujourd’hui pour lui conférer une nouvelle jeunesse… « Cette version est sexy, frivole, cynique, balnéaire et fruitée » s’enthousiasme le chroniqueur et écrivain mondain Frédéric Beigbeder dans sa préface.

Bonjour tristesse : un drame bourgeois ?

En 104 pages  – les cases sont aérées grâce à une belle colorisation de Jean-Luc Ruault Frédéric Rébéna nous entraîne dans un univers bourgeois où se lient et se délient intrigues et jeux amoureux. Les femmes sont belles et maquillées, les hommes sont insouciants mais veulent toujours s’assurer de leur virilité, la côté d’Azur n’est pas encore bétonnée par les investisseurs, le ciel est bleu comme une orange, un autre vers de Paul Eluard dont s’inspira d’ailleurs Sagan pour le titre de ce premier roman « scandaleux  » à l’époque…

On est pris par l’atmosphère à la fois moite et enfiévrée, lumineuse et sombre… C’est alors qu’on sent monter en soi, à l’image de Cécile, quelque chose qu’on accueille par son nom, la tristesse…

Article posté le mardi 29 mai 2018 par Jean-Michel Gouin

Bonjour tristesse de Frédéric Rébéna d'après Françoise Sagan (Rue de Sèvres) décrypté par Comixtrip
  • Bonjour tristesse
  • Auteur : Frédéric Rébéna d’après le roman de Françoise Sagan
  • Editeur : Rue de Sèvres
  • Parution : 28 avril 2018
  • Prix : 18€
  • ISBN : 9782369813828

Résumé de l’éditeur : 1954, Cécile, lycéenne parisienne passe l’été de ses dix-sept ans dans une villa avec son père Raymond, veuf, et Elsa, la maîtresse de ce dernier. Cécile et son père ont une relation fusionnelle, faite de plaisirs et d’insouciance. Cécile connaitra ses premières étreintes avec Cyril. L’ambiance change quand Raymond annonce l’arrivée d’Anne, une amie. Différente d’Elsa et Cécile, Anne est une femme stricte et moralisatrice, elle apprécie la culture, les bonnes manières et l’intelligence. Dès son arrivée, un combat subtil commence entre les trois femmes. Elsa tente de maintenir la relation avec Raymond, qui est aussi attiré par Anne. Quant à Cécile, elle craint de perdre la complicité qui la lie à son père, ainsi que leurs libertés. Comment écarter la menace ? Dans la pinède embrasée, un jeu cruel se prépare…

À propos de l'auteur de cet article

Jean-Michel Gouin

Passionné par l'écrit, notamment l'histoire, la littérature policière et la bande dessinée, Jean-Michel Gouin est journaliste à Poitiers.

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