C’est pas toi le monde

Avec C’est pas toi le monde Raphaël Geffray propose chez Futuropolis un récit poignant et plein d’humanité sur le quotidien d’un petit garçon difficile .

 UN CAS D’ÉCOLE…

Il s’appelle Béné. Il a 8 ans et demi, une bouille toute ronde au milieu de laquelle trônent deux grands yeux écarquillés un peu inquiétants. Ce petit garçon-là n’est pas tout à fait comme les autres. Agité, brutal, parfois violent, il va d’école en école. Béné a des problèmes: retard scolaire, agressivité, repli sur soi… Alors un jour, sa mère, pour lui éviter le placement en foyer, peut-être un peu perdue elle aussi , l’emmène dans une nouvelle école. La sixième…

ELLE S’APPELLE VALENTINE

La nouvelle école de Béné s’appelle l’école des Couleurs. Tout un programme pour ce gamin qui ne sait pas encore lire mais qui rêve beaucoup. Sa rencontre avec la nouvelle maîtresse, Valentine, va lui ouvrir des horizons. Patiente, humaine et sachant parfois faire preuve d’autorité face à ce petit volcan rétif à toute autorité, elle va peu à peu réussir à l’amadouer , lui donner l’envie de se réaliser et lui faire retrouver une certaine confiance en lui.

Mais tout n’est pas si facile. La route est longue jusqu’à l’autonomie. Béné a du mal à se débarrasser de ses fantômes. On s’aperçoit au fil des pages de cette histoire que le mal dont souffre Béné est profond: sentiment d’abandon ? Manque de repères parentaux ? Phobie scolaire ? L’auteur n’en dit rien.

Il se contente (mais c’est déjà beaucoup ) de nous faire entrer dans le monde du petit garçon. Un monde parallèle peuplé de fantômes, de masques grimaçants et de personnages aux contours plus ou moins flous….

UN TRAIT PERSONNEL

Le monde de la Bande Dessinée, comme la littérature et le cinéma, regorgent de récits ayant pour toile de fond l’enfance perturbée ou malheureuse. De David Copperfield à Poil de Carotte en passant par les Quatre cent coups au cinéma ou les Noces Funèbres de Tim Burton, nombreux furent les personnages de ce type. Ici, avec ce premier récit qui était son projet de fin d’études, Raphaël Geffray nous livre un témoignage à la fois direct et onirique sur l’angoisse et le décrochage scolaire.

L’histoire qu’il nous propose pourrait être celle de nombreux enfants d’aujourd’hui. Sans jugement et sans pathos exagéré, il y instille une dose d’humanité et d’empathie envers son personnage. Son dessin aquarellé, ses noirs et blancs, ses grisés et ses savants  » gribouillis  » imitant la confusion mentale de son jeune héros servent parfaitement son propos. A n’en pas douter, un auteur est né…

Article posté le mardi 21 avril 2015 par Jean-Michel Gouin

C’est pas toi le monde
Auteur : Raphaël Geffray
Editeur : Futuropolis
Prix : 26 euros
Parution : avril 2015
Résumé de l’éditeur : Bené est un petit garçon de huit ans et demi. Bené est un enfant agité. Mutin, brutal, souvent violent. Son parcours d’écolier est rythmé par les conseils de discipline et les renvois inévitables. Bené va d’école en école. Pour sa dernière chance avant d’être placé en foyer, il est accueilli par une institutrice qui va perturber ses certitudes parce qu’elle aura l’aptitude de déjouer ses provocations. Avec humanisme et autorité, elle va réussir à permettre à cet enfant d’apprendre et lui élargir son horizon, tout en lui imposant les limites dont il a besoin. En apprenant à lire, Bené va changer. Béné, mis en confiance et conscient de ses capacités d’apprentissage, évolue et s’ouvre au monde. Mais, fils d’une mère un peu trop jeune, un peu trop perdue, avec qui il vit seul, Bené va voir dans cette institutrice qui s’efforce de le sauver de la noyade, une mère de substitution…

À propos de l'auteur de cet article

Jean-Michel Gouin

Passionné par l'écrit, notamment l'histoire, la littérature policière et la bande dessinée, Jean-Michel Gouin est journaliste à Poitiers.

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