Chiisakobé

Adaptation en manga d’un roman classique japonais, Chiisakobé dépeint à petites touches l’histoire d’un jeune charpentier entêté qui tente de reprendre sa vie en main après un deuil – et celle des gens qui l’entoure.

Chiisakobé, ce n’est pas une histoire d’amour. Ou tout du moins, à la fin du tome 1, pas encore. Ça le sera peut-être, ou peut-être pas. Ça a tous les ingrédients d’un triangle amoureux classique – mais ça a aussi la potentialité d’être bien autre chose.

Une histoire douce et tragique

Chiisakobé, c’est l’histoire d’un jeune charpentier intellectuel, barbu et un brin têtu, qui doit reprendre au pied levé l’entreprise familiale suite au décès accidentel de ses parents dans un grand incendie, et qui décide de le faire sans aide extérieure. C’est l’histoire de la jeune fille au pair embauchée pour tenir la maison, et qui amène avec elle cinq orphelins. C’est l’histoire d’une amie d’enfance dont le père a des tendances incestueuses, qui vient donner un coup de main. C’est une histoire douce et tragique, aux enjeux forts, mais qui avance pas à pas et prends son temps, sans grands coups de théâtre.

Gros plans et souci du détails

C’est tout cela à la fois, et c’est surtout beaucoup de gros plans. De grandes planches avec peu de cases, un découpage qui laisse parler les gestes et attitudes, les pincements de lèvres et les mains crispés, les détails dans les vêtements et dans les décors. Tout cela dessiné de façon très réaliste, sans être dans l’exagération ou la sublimation, comme souvent dans le manga. Au contraire. Le trait est hyperréaliste, les corps de femmes sont normaux, les habits aussi… Mais l’œil du mangaka s’attarde aussi bien sur une bretelle de soutien-gorge tombée d’une épaule que sur une assiette de bento, quand cela est nécessaire au scénario.

Le résultat? Un album posé, qui laisse respirer son lecteur, mais qui en même temps le happe peu à peu dans son monde, si bien qu’arrivé à la fin du tome 1, on reste sur sa faim. Un premier tome remplissant parfaitement son contrat, donc.

Article posté le vendredi 11 décembre 2015 par Thierry Soulard

chiisakobé
  • Chiisakobé
  • Auteur :  Minetaro Mochizuki
  • Traduction : Miyako Slocombe
  • Editeur : Le lézard noir
  • Parution :  octobre 2015

Résumé de l’éditeur: Shigeji, jeune charpentier, perd ses parents et l’entreprise familiale, «Daitomé», dans un incendie. Se rappelant les paroles de son père, « quelle que soit l’époque dans laquelle on vit, ce qui est important, c’est l’humanité et la volonté», il fait le serment de reconstruire Daitomé.

Mais son retour à la maison natale s’accompagne de l’arrivée de Ritsu, amie d’enfance devenue orpheline et qu’il embauche comme assistante, et de cinq garnements au caractère bien trempé échappés d’un orphelinat. La cohabitation va faire des étincelles.

Adaptation du célèbre roman de Shûgorô Yamamoto situé dans la période Edo et que Minetarô Mochizuki transpose dans le Japon d’aujourd’hui, Chiisakobé attire d’abord le regard par son dessin pop, agréable et élégant, qui nous donne envie de nous attarder sur chaque case. De même, la finesse des expressions de ces personnages au caractère complexe nous incite à nous reconnaître en eux. D’une composition originale et rempli d’humour, l’univers de Chiisakobé charme le lecteur tout en le prenant rapidement dans son suspense : Shigeji parviendra-t-il à reconstruire Daitome ? Comment va évoluer la relation entre Ritsu et Shigeji ? Quel avenir attend les orphelins ?

À propos de l'auteur de cet article

Thierry Soulard

Thierry Soulard est journaliste indépendant, et passionné par les relations entre l'art et les nouvelles technologies. Il a travaillé notamment pour Ouest-France et pour La Nouvelle République du Centre-Ouest, et à vécu en Chine et en Malaisie. De temps en temps il écrit aussi des fictions (et il arrive même qu'elles soient publiés dans Lanfeust Mag, ou dans des anthologies comme "Tombé les voiles", éditions Le Grimoire).

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