Dream team

Enzo rêve de devenir le futur Zinedine Zidane. Pour échapper à son quotidien modeste et pour redonner de la dignité à son père alcoolique et incontrôlable, il annonce que le club d’Arsenal l’a recruté. Son gros mensonge bouleverse son existence et celui de ses proches. Entre humour, passion et dérision, Dream Team est signé Mario Torrecillas et Artur Laperla, édité par Nouveau Monde Graphic.

ENZO, QUARTIER POPULAIRE, FOOTBALL ET ZINEDINE ZIDANE

Valence, quartier de San Marcelino en Espagne. Enzo est un jeune collégien a l’existence modeste. Dans son quartier populaire, il vit avec sa mère séparée depuis quelques temps de son père. Son quotidien est rythmé par le football – il vénère Zinedine Zidane, a toujours un ballon au pied et passe son temps à regarder des vidéos – l’école et ses amis, Billén et Erika.

Si sa maman tente tant bien que mal a survivre dans cet environnement délicat – elle a refait sa vie avec autre homme et a trouvé un nouveau travail – , son père, grand colosse, alcoolique notoire est incontrôlable. Il faut dire que lorsqu’il regarde son fils jouer, il entre en transe et insulte à tout va. Pire, il s’embrouille avec les papas adverses et se bat. De son côté, Enzo est la star de l’équipe, excellent joueur, il fait l’admiration de ses coéquipiers et de son entraineur, un ancien coach d’équipe professionnelle.

UN GROS MENSONGE POUR REDONNER DE LA DIGNITÉ A SON PÈRE

Le jour du match contre le club rival du FC Valence, un recruteur d’Arsenal vient observer Enzo. Son père est aux anges et le petit garçon n’est pas très bien. La pression le fait mal jouer et son équipe perd. A la fin de la partie, au centre du terrain, l’anglais le félicite, lui demande d’apprendre l’anglais et reviendra pour le match retour. Armé de sa carte de visite, l’adolescent annonce fièrement qu’il a été recruté par le prestigieux club d’Arsène Wenger, alors que ce n’est pas vrai.

Ce mensonge va bouleverser sa vie mais aussi celle de ses amis. Il a pensé à cela pour sauver son père, le remettre sur le droit chemin et lui redonner de la dignité. Le petit joueur de football propose à même à son géniteur de l’accompagner en Angleterre. Pour cela, il devra retourner voir l’assistante sociale, arrêter de boire, trouver un appartement et un travail. Seuls Billén et Erika sont dans la confidence – ce qui est délicat pour eux – mais ils vont l’aider dans sa drôle d’entreprise.

DREAM TEAM : TRÈS BELLE COMÉDIE SOCIALE

En plein Euro de football 2016 en France, les éditions Nouveau Monde Graphic propose Dream Team. Le récit de Mario Torrecillas est une très belle chronique sociale teintée d’humour. Pleine d’espoir et d’un grand optimisme, son histoire repose sur une galerie de portraits savoureuse : un père très insouciant, immature mais qui veut changer aux yeux de son fils; Gimbo l’adolescent geek agoraphobe, Mme Diaz l’assistante sociale qui plait au père ou encore Billén fils d’immigrés algériens.

Quant à Enzo, il rêve de football professionnel. Son portrait repose ainsi sur son envie de bousculer son déterminisme social (il aurait terminé comme ouvrier dans l’usine d’oranges du coin) et ainsi faire du ballon rond, plus généralement le sport, comme vecteur d’ascension sociale. De plus, l’auteur dévoile une très belle relation père-fils et un sublime message d’amour d’un fils pour son père.

En toile de fond, le scénariste espagnol met en lumière deux sujets sociétaux forts : l’alcoolisme mais aussi le mal être des adolescents par Erika qui s’ouvre souvent les veines et tente de se suicider ou encore Gimbo qui se terre dans sa chambre avec comme seul ami, son ordinateur.

De plus, il situe l’action de son récit à San Marcelino, un quartier pauvre de Valence, sale et aride. Ce qui fait que les habitants sont durs au mal et orgueilleux.

DREAM TEAM : UN DESSIN MODERNE

De son côté, Artur Laperla propose une partie graphique très réussie, d’une belle modernité et efficace. Le dessinateur espagnol  de Super Patate (Bang), La tête de Wilson l’enragé (Paquet) ou des Voleurs de chien (Paquet) décline un trait tout en rondeur où les yeux de ses protagonistes sont très expressifs. Le tout est agrémenté de belles couleurs numériques, souvent réalisées avec de beaux aplats.

Article posté le vendredi 17 juin 2016 par Damien Canteau

Très belle chronique sociale autour du football Dream team est signée Mario Torrecillias et Artur Laperla aux éditions Nouveau monde graphic, décrypté par Comixtrip le site BD de référence
  • Dream Team
  • Scénariste : Mario Torrecillas
  • Dessinateur : Artur Laperla
  • Editeur : Nouveau Monde Graphic
  • Prix : 21€
  • Parution : 08 juin 2016

Résumé de l’éditeur : Valence, en Espagne… Pour le jeune Enzo, le football est le seul moyen d’échapper au quotidien de son quartier touché par la pauvreté. Fan du grand Zizou, Enzo n’a qu’un seul problème dans la vie: un père incontrôlable!… Quand il ne se bat pas avec l’arbitre, il s’en prend à ses amis. Alors pour redonner espoir et dignité à son père, Enzo lui annonce que le club mythique d Arsenal veut l’engager. Et si le mensonge d’Enzo se réalisait?

À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau

Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.

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