Aiza fait partie d’une ethnie intouchable. Pourtant, elle rêve de devenir chevaleresse. Alors, elle cache son secret et entre dans la prestigieuse école sous les ordres de la générale Hende. Sara Alfageeh et Nadia Shammas imaginent son périple dans Écuyère, une formidable aventure. Une très jolie surprise !
Être une ornu dans l’empire
Dans un toute petite ville de l’empire de Bayt-Sajji, Aiza vient vendre des abricots. La jeune adolescente, aujourd’hui, a du mal à écouler son stock. Faisant partie de l’ethnie Ornu, elle subit moqueries sur violences.
Il faut souligner que les Ornus sont comme les Intouchables en Inde, en bas de l’échelle sociale. Ils ne sont pas considérés comme de vrais citoyens par les autres castes.
S’engager dans l’armée
Ce dont Aiza rêve, c’est de devenir une chevaleresse dans l’armée de l’empire. Les terres du royaume sont de plus en plus importantes. Il faut donc les protéger. Des officiers arpentent alors les routes pour recruter femmes et hommes de 12 à 17 ans pour les former et ensuite aller se battre.
Cette opportunité, Aiza ne veut pas la laisser passer. Après d’âpres discussions avec ses parents, ils acceptent. Sa mère cache son tatouage sur son avant-bras droit synonyme d’appartenance aux Ornus. Il ne faut pas que son secret soit dévoilé sinon elle ne pourra jamais être chevaleresse.
Devenir écuyère
Avant de devenir chevaleresse, il faut passer par la case écuyère. Sur le chemin la menant à l’école, elle rencontre Husni, un adolescent très à cheval sur son apparence et le confort.
Toutes les recrues sont accueillies par le sergent instructeur Zakeer et la générale Hende, femme puissante et sans scrupules.
Aiza et Husni rencontrent également Basem et Sahar. Ensemble, ils vont devoir affronter des obstacles pour devenir écuyers et écuyères…
Suivez l’écuyère jusqu’au Moyen-Orient
Sara Alfageeh et Nadia Shammas nous emmènent dans une géniale aventure aux confins du Moyen-Orient. Comme elles l’expliquent en postface d’Écuyère, les deux autrices avaient l’ambition, dans un premier temps, de réaliser un album d’heroic-fantasy dans cette région asiatique. Rapidement, le duo change le ton de son récit pour une histoire plus ancrée dans le réel. Et elles ont bien fait parce que le résultat est passionnant, intelligent, drôle et enlevé.
Il faut souligner que le proche-Orient, Sara Alfageeh et Nadia Shammas, elles l’ont dans le sang. La première, illustratrice, est jordano-américaine et la seconde, scénariste, est palestino-américaine. Il leur tenait donc à cœur de faire évoluer leurs personnages dans ces décors arides et riches culturellement.
Suivez l’écuyère, rejetée parce qu’elle est une ornu
La lecture d’Écuyère est savoureuse pour plusieurs points. Nadia Shammas imagine une jeune fille issue d’une ethnie rejetée par les autres. Pauvres et intouchables, les Ornu doivent se contenter des miettes de l’empire. Mépris, insultes et violences sont leur lot quotidien.
En choisissant d’extraire Aiza de sa condition ornue, la scénariste peut ainsi aborder les thèmes de l’exclusion, de l’oppression et des castes sociales.
Une armée pour l’expansion de l’empire
On aime Aiza pour son dynamisme, sa force, son courage et parfois sa naïveté. Elle est forte cette héroïne. Mais comme toute bonne héroïne, elle grandit au contact des autres. Que ce soit Basem, Sahar, le gardien amputé d’un bras ou Husni, chacun d’entre eux apportent une pierre à l’édifice de l’album. Ils ne sont pas neutre et ne servent pas de faire-valoir.
Les conditions d’entraînement et le quotidien sur le camp sont dures. L’instructeur et la générale ne font pas dans la dentelle, quitte à mentir ou monter les recrues les unes contre les autres. Leur unique but étant de former des soldats en masse pour les envoyer au front. Seul l’empire est important et doit s’étendre.
De la beauté des couleurs
Si l’intrigue est forte et passionnante, le dessin est au diapason. Les planches de Sara Alfageeh donnent une dimension splendide à l’histoire. Les villes d’inspiration ottomane sont très belles. On croise notamment le site antique de Petra en Jordanie qui sert de camp d’entraînement.
Le découpage de l’illustratrice donne une vraie dynamique. Les scènes de combats sont enlevées et les couleurs sont splendides.
Récompensé par l’Harvey Howard du meilleur livre pour enfants et jeunes adultes en 2023, Écuyère possède tous les ingrédients d’une grande aventure entre amitié et persévérance. Une belle publication des éditions Bliss.

- Ecuyère
- Scénariste :
- Dessinatrice :
- Traducteur : Florent Degletagne
- Editeur : Bliss
- Prix : 29 €
- Parution : 25 mars 2023
- ISBN : 9782413047926
Résumé de l’album : Aiza a toujours rêvé de devenir Chevalier, le plus haut grade militaire du grand Empire Bayt-Sajji. En tant que Ornu, peuple soumis à l’empire, c’est sa seule manière d’accéder à la citoyenneté. Ravagé par la famine et les tensions croissantes, le Bayt-Sajji va de nouveau entrer en guerre. Aiza peut alors s’engager dans le programme de formation des écuyers. Cela s’avère néanmoins plus difficile qu’elle ne l’avait imaginé. Aiza doit naviguer entre l’ entraînement rigoureux du général Hende, ses relations avec les autres écuyers et cacher ses origines Ornu. Alors que la pression monte, Aiza réalise que le «plus grand bien» promis par l’armée de Bayt-Sajji pourrait ne pas l’inclure, et mettre en danger tous ses camarades. Aiza devra faire un choix : son coeur et son héritage, ou l’empire.
À propos de l'auteur de cet article

Damien Canteau
Damien Canteau est passionné par la bande dessinée depuis une vingtaine d’années. Après avoir organisé des festivals, fondé des fanzines, écrit de nombreux articles, il est toujours à la recherche de petites merveilles qu’il prend plaisir à vous faire découvrir. Il est aussi membre de l'ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée). Il est le rédacteur en chef du site Comixtrip.
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