Emma Goldman, femme et anarchiste

Hélène Aldeguer et Léa Gauthier publient chez Futuropolis la première biographie dessinée d’Emma Goldman, icône du féminisme et de l’anarchisme.

Le parcours d’une femme puissante

Parmi les grandes figures féminines qui ont fait l’histoire des luttes et des idées, celle d’Emma Goldman reste aujourd’hui encore l’une des plus marquantes. Cette infatigable militante anarchiste (1869-1940) aura traversé les tragédies de son époque sans se départir d’un féroce appétit de vivre. Réfugiée sur la côte d’Azur dans les années 1930, devenue apatride, elle y rédigera son autobiographie, « Living my life », publiée en anglais en 1931.

C’est l’essentiel de cette vie que deux autrices, Léa Gauthier à l’écriture et Hélène Aldeguer au dessin ont choisi de restituer. Elles publient Emma Goldman, femme et anarchiste, un récit complet de 160 pages chez Futuropolis.

 

Des Etats-Unis à la Russie soviétique

Arrivée aux États-Unis en 1885, la jeune femme d’origine juive russe se construit en tant que soutien indéfectible de la cause anarchiste. Mais ce temple du capitalisme n’aime pas les activistes. Emma y est accusée de complicité dans l’assassinat du président américain McKinley. Son militantisme était tel qu’elle fut longtemps considérée comme « la femme la plus dangereuse d’Amérique ».

Car elle ne fut pas seulement une simple opposante politique, mais une combattante de la liberté. Celle des hommes comme celle des femmes. Son opposition à la Première Guerre mondiale lui vaudra d’être déchue de sa citoyenneté américaine et déportée en Union Soviétique. Nous sommes en 1919. La jeune révolution bolchévique a fait naître des espoirs chez celles et ceux qui rêvent d’un homme nouveau… Là, Emma Goldman rencontre les grands noms de l’époque, l’écrivain Maxime Gorki, Lénine, Trotski… Mais la révolution tant attendue se pare des habits de la dictature. Les anarchistes sont réprimés. Emma ne peut l’accepter…

« Pour que la vie soit belle »

Sans être trop didactiques mais toujours avec le souci de l’éclairage historique, les autrices proposent une double lecture de leur récit. On suit Emma dans son refuge azuréen en train de rédiger ses mémoires (les couleurs de ces pages-là sont claires). En contrepoint, d’autres pages de l’album revenant sur les grands moments de sa vie arborent des couleurs plus sombres.

En 1921, Emma Goldman et Alexandre Berkman, son amant et frères d’armes, doit quitter l’URSS. Une longue période d’errance de pays en pays va suivre. Sans renoncer à ses combats, la militante donne des conférences, écrit des articles, soutient des causes toujours en accord avec ses idées libertaires. Avec fougue. « On ne se bat pas forcément pour que la vie soit vivable, dit-elle, on se bat aussi pour qu’elle soit belle ».

Beau aussi le trait fin et élégant, tout en rondeurs proposé ici par Hélène Aldeguer  qui signe son quatrième titre chez Futuropolis.

Cet album est également constitué de 17 petites notices biographiques consacrées aux hommes et femmes ayant joué un rôle important, tant au niveau personnel qu’historique, dans la vie d’Emma Goldman.

Article posté le lundi 03 novembre 2025 par Jean-Michel Gouin

Emma Goldman de Léa Gauthier et Hélène Aldeguer (éditions Futuropolis)
  • Emma Goldman, femme et anarchiste
  • Scénario : Léa Gauthier
  • Dessin : Hélène Aldeguer
  • Editeur : Futuropolis
  • Prix : 23 €
  • Parution : 10 septembre 2025
  • Nombre de pages : 160
  • ISBN : 9782754845083

Résumé de l’éditeur. Léa Gauthier et Hélène Aldeguer nous racontent le destin hors norme d’Emma Goldman (1869-1940), activiste et penseuse, grande amoureuse de la vie. Très tôt consciente des injustices du système capitaliste, elle milite toute sa vie pour renverser l’ordre social. Ses exceptionnels talents d’oratrice font vite d’elle une figure mondialement connue de l’anarchisme… et une femme considérée comme la plus dangereuse des États-Unis ! Accusée d’incitation à l’émeute, opposée à la conscription lors de la Grande guerre, promouvant la contraception et l’avortement, elle est de nombreuses fois emprisonnée. Déchue de sa nationalité, exilée en Russie lors de la Révolution bolchévique, elle dénonce rapidement les dérives du communisme soviétique…
À travers ce récit, c’est une féministe libertaire d’une incroyable modernité qui se dessine, prônant l’union libre, le droit au plaisir et l’émancipation de tous et des femmes en particulier.
Léa Gauthier est philosophe de l’art et traductrice d’une dizaine de textes emblématiques de l’anarchisme. Son récit est librement adapté de Living my life, l’autobiographie d’Emma Goldman. Elle s’allie ici avec Hélène Aldeguer, qui nous plonge avec brio dans l’ébullition politique mondiale du tournant du XXe siècle : essor du capitalisme américain, Première Guerre mondiale et Révolution russe.

À propos de l'auteur de cet article

Jean-Michel Gouin

Passionné par l'écrit, notamment l'histoire, la littérature policière et la bande dessinée, Jean-Michel Gouin a été journaliste radio et presse écrite pendant une trentaine d'années à Poitiers.

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