Fool Contact : Journée portes ouvertes

Illustrateur multi-casquettes, Simon Landrein vient de sortir sa première bande dessinée chez Banzaï Éditions. Derrière sa faune dégénérée, Fool Contact révèle un concentré d’humour noir et d’absurde.

CHOCOLAT

Connus pour travailler avec Jean-Luc Navette depuis peu autant qu’être éditeur des livres d’arts qui sortent de la case depuis bientôt quinze ans, les Montpellierains de Banzaï Éditions proposent cette année leur première bande-dessinée avec Fool Contact. Et pour assurer la parade, ils ont fait confiance à Simon Landrein.

Installé dans le sud-Ouest après un passage par Londres en tant qu’artiste 3D, Landrein est surtout connu pour ses travaux d’illustrateur multi-supports. Il travaille avec la presse magazine, journaux et médias-web. Du New-Yorker au Monde, de Télérama à The Observer en passant par GQ ou l’Obs, à chaque fois un dessin rond, tramé, flash et un sens de l’abstrait mis au service de sujets aussi variés que la masculinité, les séries de demain ou les violences systémiques. Dans ses travaux les plus récents, on compte une très belle collaboration avec la marque Le Chocolat des Français.

Est-ce pour mieux briser le sérieux de ses commandes qu’il a décidé de souffler (avec son postérieur) le vent de l’humour absurde dès sa première bande-dessinée ? « J’ai épuré mon style pour aller vers des travaux plus simples, plus naïfs, plus narratifs, pour avoir plus de choses à raconter en un minimum de temps. » précise-t-il au site de Focus-Magazine. « Pour que je puisse me défouler rapidement dès que j’avais un quart d’heure à tuer. »

Les 110 pages de Fool Contact, recueil de ses travaux d’abord sortis sur les réseaux, sonnent donc la récré pour les (très) grands enfants. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’on aimerait beaucoup que Simon Landrein dirige plusieurs écoles de la blague. En l’état, on est assez satisfait de cette première journée portes ouvertes.

CARAMEL

Le principe qui guide la lecture : une page, un strip. Entre 4 et 8 cases, avec très peu de dialogues, usant du comique de situation avec la dose juste, Landrein rend hommage à la pop-culture dans ses plus bas instincts autant qu’il dézingue nos plus vils comportements.

C’est parfois coup de génie, parfois coup de mou mais relevé par un humour noir, canaille et trash. L’esprit régressif s’amuse de peu, faisant caramel de sa blague en jouant avec les lignes, les symboles et les couleurs criardes. Le procédé n’est évidemment pas nouveau mais Landrein révèle suffisamment de personnalité pour ne pas sombrer dans la facilité.

Le livre raconte deux périodes des créations de Landrein. Dans sa première partie, la plus récente, on pense aux productions des années 80 de Serge Clerc et son sens de la narration virevoltante. Dans la seconde, le cadre, le rythme et l’absurde rappellent Cowboy Henk ou Joan Cornella pour ses historiettes colorées qui ne caressent pas dans le sens du poil. La différence est que Landrein ne dénonce pas (ou peu). Il se bidonne. Et nous avec.

CACAHUÈTE

De son propre aveu, les conversations entre potes sont sa principale source d’inspiration. Rien ne guide ce recueil sinon sa vision du monde partagée avec les siens, cette idée de la blague instantanée que l’un commence et l’autre termine avec toujours la même idée en tête : que les potards soient poussés au maximum de la bêtise humaine.

Ce qui donne avec trois fois rien un moment d’apparence anodine qui part d’un coup en cacahuète et fait de certaines situations un vrai champ de de mines pour les zygomatiques. Exemples : un couple se prépare à faire l’amour. Elle lui dit : « eat my bush ». Trois cases plus loin l’homme se retrouve dans le jardin à poil en train de manger la haie.

Une femme et un homme s’embrasse tendrement. Ils sont amants. Ils rentrent chez elle et surprise ! Le mari avait prévu une fête pour l’anniversaire de sa dame. Mais l’amant est tombé sur un couple BDSM ! Les invités sont pour la plupart habillés de cuir et de latex. « fucking dating apps ! » lance l’amant en quittant la maison.

Derrière cette faune d’allumés, il est beaucoup question de fesses. Pas de cul, ni de baise mais de paire de fesses. Le fessier est probablement le motif le plus récurrent chez Landrein. Il peut raconter beaucoup de choses : émettre un prout tueur, être un chapeau, un casque audio ou même un appartement à visiter ! C’est coquin sans être grivois, drôle sans être beauf et fabriqué avec une humeur aussi noire que sa diversité d’usage est réjouissante.

Article posté le samedi 15 juin 2024 par Rat Devil

Fool Contact Simon Landrein Banzaï Editions
  • Fool Contact
  • Auteur : Simon Landrein
  • Editeur : Banzaï Editions
  • Prix : 23 €
  • Parution : Novembre 2023
  • Pagination : 110 pages
  • ISBN : 978-2-9579834-8-3

Résumé de l’éditeur: Amoureux de l’absurde, de l’humour noir et de contenus à caractère immoral, ce recueil de bds courtes est fait pour vous! Bande dessinée en Anglais (niveau CM1)

À propos de l'auteur de cet article

Rat Devil

En savoir