Gunslinger

Todd McFarlane poursuit l’expansion du Spawn Univers. Accompagné d’Ales Kot et Brett Booth, il nous raconte l’histoire du Pistolero, le Gunslinger Spawn, dans une œuvre qui sent la poudre et le sang.

LA BALLADE DU GUNSLINGER.

1864. Un corps sans vie repose dans la neige. Le corps criblé de flèches et le visage écorché. Il porte encore la corde au cou. Tout cela ne laisse aucun doute sur les supplices qu’il a endurés avant de lâcher son dernier souffle. Veillé par les loups, ce qui reste de lui peut enfin prétendre à un repos éternel.

L’hiver passe, puis le printemps et enfin l’automne.

Et c’est à ce moment-là que le mort se relève une fois de plus, car l’heure de la vengeance a enfin sonné.

« Ils ont eu l’opportunité. C’était à son tour, maintenant. »

Prenant juste le temps de déterrer une ancienne cache d’armes, il se lance à la poursuite de ses meurtriers. Mais en une fraction de seconde, il se retrouve chevauchant une moto qui scintille d’un noir profond.

« Plus de cent soixante ans dans le futur ! Mais il jure sur la tombe de sa sœur qu’elle sera vengée. D’une façon ou d’une autre, il retournera d’où il vient… Et que Dieu protège ceux qui l’en empêcheront. »

GUNSLINGER : LA FAMILLE S’AGRANDIT.

Avec sa série Spawn, Todd McFarlane a marqué l’histoire du comic book. Tout le monde connaît Al Simmons, le terrible HellSpawn. Mais cela ne suffisait pas. Et le prolifique artiste a décidé de voir en grand, en très grand même. Ainsi, c’est désormais un univers qui se construit sous nos yeux. Et dans le sillon de la nouvelle série King Spawn, un as de la gâchette vient pointer le bout de son colt. Le Gunslinger revient des enfers pour assouvir sa vengeance. Et on le sait d’ores et déjà, il croisera la route de Spawn dans sa quête royale.

Mais dans ce premier tome, le HellSpawn laisse la place à son comparse infernal. Ainsi, on découvre celui qui jadis porta le nom de Javier. Ou plutôt on va apprendre à le connaître, car le personnage était apparu subrepticement dans la série régulière. Désormais, il a droit à sa propre série, tout en nuances et en poésie, bien entendu. Alors on pourrait croire qu’il s’agit d’une énième série contant les aventures de Spawn. Pourtant, la caractérisation du personnage apporte une certaine nouveauté et même son lot de surprises.

L’ODYSSÉE D’UN HÉROS TRÈS IMPARFAIT.

Perdu dans une époque qu’il ne connaît pas, le Pistolero n’a qu’un seul but : retourner chez lui. Sa confrontation avec les objets du quotidien au XXIème siècle montrera d’ailleurs son incapacité à s’adapter. Mais en bon Gunslinger, le Spawn a quelques atouts. Ainsi, il n’a pas son pareil pour manier pistolets et couteaux de lancer. Et si ce maniement expert fait son petit effet, bien vite, on se rend compte qu’il est très insuffisant pour défier les hordes démoniaques qu’un Spawn doit affronter. Alors bien entendu, le Gunslinger est de taille à vaincre un ange, c’est une question d’honneur. Mais pour peu qu’il y en ait trois ou quatre qui se présentent, le combat devient très vite déséquilibré. Et que dire d’une confrontation avec Violator ou le Clown, le Polyphème des Enfers ?

LE SPAWN AUX MILLE RUSES.

La réponse apportée par Todd McFarlane est simple, désarmante pourrait-on même dire : le Gunslinger ne fait pas le poids…

« Pistolero, tu es le plus faible des Hellspawns ! »

n’auront de cesse de lui répéter ses nombreux adversaires.

Ce parti-pris audacieux a de quoi surprendre quand on est habitué aux aventures de Spawn, l’anti-héros invincible. Mais en réalité, cela permet d’aborder les diverses confrontations avec une originalité malicieuse.

Car le Gunslinger a malgré tout l’étoffe d’un personnage de premier plan. En effet, dans la mesure où il a pleinement conscience de sa faiblesse, il sait tirer profit des situations les plus désespérées. Et quand la poudre n’est plus suffisante pour vaincre les ennemis, il sait que la ruse est la plus sûre des armes.

DU SPECTACLE, TOUJOURS DU SPECTACLE.

Côté dessins, Brett Booth, livre une prestation remarquable. En se glissant dans les pas du maître, il illustre avec brio les aventures du Gunslinger dans un style remarquable entre mille. Pas de doute à avoir : il s’agit d’une aventure d’un Spawn, telle que McFarlane les aime. Comme ils se doit, les combats sont dantesques. Le découpage dynamique des planches guide un œil ébloui par tant d’action. Et cerise sur le gâteau, des ennemis emblématiques viendront agrémenter des pages d’anthologie. Enfin, on pourra même apprécier la rencontre inattendue avec des dinosaures, le péché mignon de Brett Booth.

Et pour clore ce premier tome haut en couleur, Kevin Keane et Philip Tan illustrent deux interludes destinés à nous faire patienter avant de découvrir la troisième pierre de l’édifice du Spawn Univers : Scorched.

 

Les éditions Delcourt poursuivent la publication du Spawn Univers avec le premier tome de Gunslinger. Au programme : beaucoup d’action, quelques situations burlesques et un personnage qui débute son odyssée.

Article posté le mercredi 01 février 2023 par Victor Benelbaz

Gunslinger de Todd McFarlane et Brett Booth (Delcourt)
  • Gunslinger 01
  • Scénaristes : Todd McFarlane, Ales Kot
  • Dessinateurs : Brett Booth, Kevin Keane, Philip Tan
  • Coloristes : Andrew Dalhouse, Ivan Nunes
  • Traducteur : Jean-François Porchero
  • Editeur : Delcourt
  • Collection : Contrebande
  • Prix : 17.95 €
  • Parution : 16 novembre 2022
  • ISBN : 9782413049548

Résumé de l’éditeur : Gunslinger Spawn, autrement appelé le Pistolero, est un homme hors de son temps, perdu dans le futur et à la recherche d’un chemin vers son passé. Il a un compte à régler avec ceux qui lui ont fait du tort, mais après s’être jeté la tête la première dans un conflit bien plus important – qui concerne le sort de l’humanité tout entière – il découvre que sa vengeance devra peut-être attendre un peu.

À propos de l'auteur de cet article

Victor Benelbaz

Tombé dans la marmite de la bande dessinée depuis tout petit, Victor est un vrai amateur éclairé. Comics ou récits jeunesse sont les deux genres préférés de ce professeur de français.

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